WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Perception du changement climatique sur la culture de la canne à  sucre dans la cuvette de Doungou (département de Kantché, région de Zinder).

( Télécharger le fichier original )
par Anass ITTA
Université ABDOU Mounmouni de Niamey (Niger) - Master/Récherche 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.1.4. Impact sur les surfaces cultivables

Dans les années 1970, l'organisation des cultures comme le témoigne un vieil exploitant s'établit en fonction de l'humidité du milieu. Ainsi, le jardin est subdivisé en trois (3) parties distinctes de l'amont à l'avale :

La périphérie du jardin où le sol est plus ou moins sec, réservée aux cultures irriguées avec arrosage complémentaire, la partie centrale où le sol est très humide, réservée aux cultures irriguées sans arrosage complémentaire et enfin la zone du bas fond ou zone inondable qui est caractérisée par l'affleurement de la nappe phréatique .Cette partie est réservée uniquement aux plantes les plus exigeantes en eau ou celles qui supportent d'avantage de l'humidité. Dans certains sites cette partie est même abandonnée à cause de son état très marécageux.

Aujourd'hui, avec le changement climatique et ses corollaires en occurrence la faiblesse des précipitations et surtout la baisse drastique de la nappe phréatique, l'organisation des cultures se présente de la manière suivante :

La périphérie du jardin est catégoriquement réduite en champs des cultures pluviales comme le dit un paysan : « kwari babu raba gona ne » autrement dit un jardin sans humidité n'est qu'un simple champ.

La partie centrale jadis réservée aux cultures irriguées sans arrosage complémentaire est maintenant transformée en une zone des cultures avec arrosage complémentaire et enfin la zone du bas fond où la nappe phréatique est affleurant est aujourd'hui réservée aux cultures irriguées avec une faible fréquence d'arrosage complémentaire.

Autrement dit on assiste de nos jours à un déplacement du jardin de la périphérie vers la partie centrale du fait de l'absence de l'humidité.

4.1.5. Disparition de certaines variétés de la canne à sucre

Bien avant l'arrivée de la canne violette dans la commune, les exploitants cultivaient plusieurs variétés de canne à sucre au niveau local il s'agit de:

? « Farar Kara » ou canne de couleur blanchâtre : c'est la première espèce cultivée dans la commune. C'est une canne très sucrée mais beaucoup plus exigeante en eau et dont la morphologie (taille et diamètre) n'atteint pas celle de la canne violette (photo 12. a),

? « Kara » ou canne de couleur verte qui est un peu plus grosse que la précédente mais a la même exigence en eau que cette dernière. Elle se distingue de celle-ci surtout par la couleur (photo 12. b),

? « Va TAMBU » qui est une canne de même couleur que « kantoma » (violette) mais se distingue surtout par sa morphologie car son diamètre est trop petit, ne dépassant guère 3 cm (photo 12. c).

49

Photo 12 : Variétés disparues : a. « Farar Kara » b: « Kara » c: « Va Tambu »

Cliché: I. Anass (2015)

De nos jours surtout avec le phénomène du changement climatique et ses corollaires en particulier la baisse de la nappe phréatique, ces trois différentes variétés locales de la canne à sucre ont disparu pour ne laisser que le « kantoma » ou canne violette qui est aujourd'hui la seule espèce cultivée dans la commune comme en témoignent 93,33% des exploitants.

Ceci s'explique par le fait que cette dernière est moins exigeante en eau que les autres variétés mais aussi pour des raisons économiques car « kantoma » est plus demandée sur le marché. 4.1.6. Abandon progressif de la culture de la canne à sucre

Pas d'eau pas de culture de la canne à sucre, trop d'eau perte de culture de la canne à sucre. Pour résoudre cette équation liée au changement climatique notamment les sécheresses et les inondations récurrentes, les producteurs de la Commune Rurale de Doungou procèdent au remplacement de la canne à sucre par d'autres espèces qui s'adaptent au contexte actuel du changement climatique. C'est ainsi que 82% des exploitants ont compris la nécessité de remplacer la canne à sucre qui est une plante très exigeante en eau et à cycle végétatif très long par rapport à d'autres spéculations, au profit surtout du poivron et de la pomme de terre. 4.1.6.1. Culture du poivron

Introduite très récemment dans la commune, la culture du poivron appelée « gwari » dans le langage locale, prend de plus en plus de l'ampleur dans cette cuvette (photo 13. a). Cette activité est surtout réservée aux jeunes exploitants dont 62% affirment qu'ils ont abandonné la culture de la canne au profit de cette activité. Les raisons évoquées par ces jeunes exploitants est que le bas-fond jadis très humide et endroit par excellence à la culture de la canne à sucre devient de plus en plus sec et ne répond plus à cette activité. C'est pourquoi ils mettent en valeur la périphérie de leur jardin sur un sol sablo-limoneux pour cultiver le poivron. La

50

culture du poivron est non seulement moins pénible mais aussi moins longue (3 mois) que celle de la canne à sucre. De plus la culture du poivron constitue une véritable activité génératrice de revenu de la population. De nos jours c'est plutôt le poivron qui fait la fierté de plusieurs ménages à Doungou, car il est plus cher que la canne à sucre ces dernières années. Le prix de sac de 25 kg varie entre 25.000F et 30.000F selon la période alors que le fagot de canne ne dépasse guère 7000F.

4.1.6.2. Culture de la pomme de terre

Jadis considérée comme friandises « Kayan marmari », la pomme de terre est aujourd'hui insérée dans la ration alimentaire du paysan de Doungou. C'est pourquoi 20% des exploitants affirment que cette activité est de nos jours beaucoup plus rentable que la culture de la canne à sucre (photo 13. b). La culture de pomme de terre a été vulgarisée dans la commune grâce à l'intervention du projet petite irrigation (PPI/Ruwan Mu) dans le cadre de l'initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens).

Ce projet a mis à la disposition des paysans 5750 kg de pomme de terre, 234 groupes motopompes et 132 forages maraichers au tuyau PVC et 120080g des semences potagères (oignon, chou et poivron). Par contre, 18% des exploitants témoignent que : « Rake gangan jiki ne » autrement dit la canne à sucre constitue la charpente du jardin, aucune plante ne peut la remplacer. Mais, c'est généralement les exploitants âgés qui ont cet esprit conservateur et dont l'activité cannière est très nostalgique, rêvant ainsi du bon vieux temps où la canne à sucre était « reine » des cultures dans la zone (fig. 12).

51

Figure 12: Appréciation paysanne sur l'abandon de la culture de la canne à sucre

Photo 13: a. Culture de poivron à Doungou b. Culture de pomme de terre à Doungou

Cliché : I. Anass (2015)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille