§3. Le soft-power chinois : une réponse au
hard-power américain
Alors que les USA cherche à contrecarrer la montée
en puissance
de la Chine en cherchant à entourer l'entourer avec des
bases militaires et en conquérant plus l'Asie, notamment l'United States
Pacific Commanded qui dispose d'une série de bases qui encerclent, la
RPC et qui sont à l'heure actuelle en capacité de contrôler
l'essentiel des eaux du pacifique en dehors des eaux territoritoriales
chinoises ; l'Amérique d'Obama faisant l'annonce d'une initiative
diplomatique connue sous le nom de PIVOT (ou de rebalancing) en Asie orientale
qui vise de façon implicite à contrecarrer les visées
expansionnistes de la Chine, ils ont prévu de concentrer l'essentiel
de
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leurs moyens aéronavals dans le pacifique occidental.
La Chine, qui, elle, est en quête de la parité stratégique
avec les USA, fournis les efforts de compasser ses faiblesses par des moyens
pacifiques.
Elle, étale sa stratégie commerciale à la
portée planétaire. Il en est de même avec Pascal Gauchon
qui lui, remonte dans les temps pour situer cette puissance chinoise, en
appuyant que depuis la fin de la guerre froide, la diplomatie chinoise
évolue à nouveau : elle passe de la défense étroite
des intérêts nationaux et de la quête de montée en
puissance à la volonté de réaliser l'harmonie universelle,
dont le développement pacifique chinois serait une des meilleures
garanties. Elle semble renouer avec une sorte de soft-power. Le débat
sur la puissance a, ainsi, récemment rebondi146.
En effet, après le 11 septembe2001, se dessine un
tournant sensible : la Chine est contrainte d'adopter un ton beaucoup plus
modéré et pacifique, nettement moins anti-américain. Elle
prend conscience des craintes nouvelles qu'elle suscite à
l'étranger et surtout à Washington. Le président Hu Jintao
le promettait : « la Chine ne sera jamais hégémonique».
Elle cherche à redevenir une grande puissance au terme d'un processus
d'ascension pacifique que le PCC a vendu au reste du monde sous l'appellation
moins anxiogène de « développement pacifique ». Elle
s'engage à ne pas déstabiliser l'ordre international ni à
opprimer ses voisins. La diplomatie chinoise vise après 2001 à
éviter à tout prix les tensions : liant des partenariats avec les
grandes puissances régionales, comme avec l'Inde, en engageant les USA
dans des solidarités mutuelles (commerciales,
diplomatiques...)147.
Jean-Pierre Cabestan, (dit l'auteur), parle ainsi d'une «
stratégie de contournement » de l'hyperpuissance
américaine148. Un faisceau de facteurs économiques et
géopolitiques l'explique : l'insertion croissante de Chine dans la
mondialisation, la prise de conscience d'une plus grande dépendance
extérieure, notamment en matière énergétique et
alimentaire, la concurrence
146 Gauchon, P., et alii, op.cit., p. 282
147 Idem, p. 293
148 Cabestan, J-P., cité par Gauchon, P., op.cit., p.
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des puissances régionales en Asie, l'impasse
diplomatique dans la crise taiwanaise, l'implantation durable des Etats-Unis et
de l'OTAN en Asie centrale au nom de la guerre contre le terrorisme.
L'anti-américanisme des chinois a été mis en sourdine,
comme en témoigne sa faible opposition à la guerre en Irak
(2003). Son positionnement géopolitique se mondialise : dans chaque
région du monde, la « grande nation » veut être
présente en développant ses relations avec des pays ou groupes de
pays qui sont des pôles régionaux importants ou qui sont riches en
matières premières (si possible, les deux).
Déjà au début de l'année 2013, la
Chine est devenue la première puissance commerciale du monde. Les
exportations chinoises sont certes le fait de l'outsourcing, mais la Chine a su
aussi se doter de grandes sociétés même si elle ne comptait
encore en 2013 que deux entreprises multinationales parmi les trente
premières mondiales avec notamment la China Petroleum et la Chemical
(Sinopec) au quatrième rang mondial et petro china au 5e rang.
Toutefois, lors des dix dernières années le nombre de FMN (Firmes
Multinationales) chinoises du global 500 a été multiplié
par 5. Ces grandes sociétés chinoises, qui sont pour la plupart
nées de joint-ventures avec des sociétés occidentales,
sont présentes dans des secteurs très variées
(pétrolier, bancaire, agroalimentaire...)149.
La Chine ayant comme abutions de conquérir le monde
pour accéder à la puissance, commence par améliorer le
terrain par sa région, même si certains différends ne sont
pas à négliger avec ses voisins, force est de relever le
défis de la puissance régionale d'abord. D'où, ses
partenaires innégligeables sont asiatiques, mais comme dit Alain Nojon,
la Chine a étendu ses échanges à la planète
entière. Depuis quelques années déjà, elle a acquis
des mines en Afrique, notamment en Zambie, en République
Démocratique du Congo (RDC), et en Amérique latine notamment au
Pérou, au Chili,, au Cuba, au Brésil. Elle a de même
accédé au pétrole là où on l'y autorisait,
notamment au Venezuela, Equateur, Pérou, Soudan, Angola, Nigeria... Elle
a aussi acheté des terres, notamment en Philippines, Laos,
149 Nonjon, A., et alii, op.cit., p. 583
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Zimbabwe, Russie, Cameroun... ces entreprises
d'intérêts sont souvent complétées par des
prêts et la livraison d'équipements de génie civil :
routes, barrages etc. voire par l'implantation d'usines pour l'exploitation des
matières premières et de plus en plus par une exportation
croissante de biens de consommation. Peu présente encore aux USA en
raison d'échecs dans sa politique de rachat d'entreprises (UNOCAL ou
Hummer), elle semble désormais intéressée par l'Europe,
notamment la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la France et les autres,
où elle a investi en particulier dans le port du Pirée
appelé à devenir sa plate-forme logistique vers la
méditerranée et la mer noire.
Une grande puissance financière
Les réserves de change de la Chine ont
dépassé les 3100 milliards de dollars en 2012 et la Chine
détiendrait, selon le FMI, 32% des réserves mondiales de change.
Les surplus de la balance des paiements courants chinois alimentent, via la
banque centrale chinoise, la state administration of foreign exchange (SAFE)
qui gère les réserves de change dont le tiers est
constitué de bons du trésor américain et le reste de
participations diverses dans des sociétés
pétrolières (Total, BP, Shell) ou des sociétés
financières (Australia and Banking group... ces réserves abordent
aussi un fonds souverain, la China Invesment Corporation (CIC) dont les
disponibilités étaient fin 2010 de l'ordre de 410 milliards de
dollars et dont la logique première est
financière150.
Ce fonds investi en Chine via Central Huijin qui est une
holding des banques d'Etat et participe à diverses
sociétés : ICBC, China Développement Bank qui peuvent
aussi détenir via d'autres structures comme la société
Chinalco des participations dans des sociétés
étrangères (Rio Tinto ou Barclays Bank). La CIC détient
par ailleurs de fortes participations dans le secteur financier
américain (Morgan Stanley, Bankstone), le secteur
énergétique, les matières premières et
l'immobilier...
150 Nojon, A., et alii, op.cit., p.584
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