SECTION III. NOTIONS DE L'EQUILIBRE EN RELATIONS
INTERNATIONALES
Dans cette section, nous allons bel et bien devoir cerner le
concept « équilibre ». Ce concept fait partie de composantes
de notre sujet d'étude. Mais, il est important de noter que cette partie
ferait normalement objet de la deuxième section déjà
abordée. Il en serait ainsi car suivant la présentation de notre
sujet, le concept « équilibre » précède celui de
la géopolitique, mais la prépondérance de ce dernier
(concept), force nous a été d'aborder cette question en premier
lieu. Si non, l'ordre ne l'emporte pas du tout.
En fait, la notion de l'équilibre en Relations
Internationales n'est pas à négliger, comme disait le
général Dégaule : « les Etats sont des montres
froids, qui n'ont pas d'amis, mais qui n'ont que d'intérêts
». Donc la
49 Mbayo, Ngoie, J., op.cit., p.58
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notion d'équilibre vient un peu dans certaines
situations atténuer l'animosité des Etats qui cherchent à
tout prix maximiser leurs intérêts, tout en reniant ceux des
autres.
Nous allons devoir catégoriser différents types
d'équilibres et cela va être résumé en paragraphe.
D'où chacun des paragraphes sera consacré à l'étude
d'une catégorie d'équilibre donnée.
§1. L'équilibre des forces
Labana Lasay'Abar note que, c'est le mécanisme de
régulation des relations internationales. Et qu'il s'agit d'une sorte de
guide de l'action qui entend empêcher l'hégémonie d'un Etat
trop fort. L'équilibre peut être établi de plusieurs
manières : la coalition pour résister à la montée
en puissance d'un Etat, la constitution d'un concert des nations, le soutien
aux Etats faibles contre un voisin trop fort50.
L'équilibre de force comme le dit Philippe Biyoya,
découle du caractère anarchique du système international.
Il est ainsi institué comme une structure décentralisée
destinée à assurer l'ordre. Historiquement, l'équilibre
des forces apparait en 1948 avec le traité de Westphalie :l'ordre public
européen reconnait la nouvelle réalité de Bavière
interdisant à la France d'annexer l'Espagne de peur de bouleversement de
l'équilibre des forces. Dans son acception politique, c'est soit une
réalité ou une volonté d'équilibre dû
à l'existence d'une politique d'équilibres des forces qui
requerraient de la sagesse51.
L'existence d'une notion dite de l'équilibre des forces
fait appel à quelques éléments importants, à savoir
: au moins deux Etats souverains, soit une multipolarité limitée
du système international. L'on va aller donc jusqu'à quatre ou
cinq Etats, pas plus. Elle fait aussi appel à une frontière du
système d'équilibre. Il ne s'applique pas de façon
générale et indiscriminée, il faut dresser une carte ou
des cartes des jeux de l'équilibre des forces. Elle fait en fin appel
à la croyance en la possibilité d'un calcul rationnel des
forces.
50 Labana Lasay', A., les Relations
Internationales, Kinshasa, éd. Médiaspaul, 2006, p. 67
51 Biyoya Makutu, P., op.cit., p. 132
Il est très important de noter avec l'auteur que le bon
fonctionnement de l'équilibre des forces exige des conditions que voici,
toutes construites au tour de la qualité de la diplomatie :
V' La vigilance : ou la variable informationnelle
;
V' La flexibilité : qui suppose le changement
d'alliance au nom de l'équilibre des forces, pas d'amitié, pas de
haine, l'homogénéité idéologique : les puissances
doivent partager les mêmes valeurs techniques et culturelles ;
V' La modération : dans la guerre
(modération dans la réalisation des objectifs nationaux). Il
existe aussi, outre les éléments et conditions de
l'équilibre des forces précités, les moyens de
l'équilibre des forces ou les outils diplomatiques. Nous allons devoir
les distinguer selon qu'il s'agit de :
1. Entre grandes puissances : ici nous avons deux moyens :
a. L'équilibre fondé sur la course aux
armements, soit sur la sécurité par la force nationale ;
b. L'équilibre multipolaire fondé sur la
diplomatie, soit la compensation externe obtenue par le jeu souple d'alliance,
de désalliance ou de réalliance ;
c. La guerre ;
d. L'intervention dans les affaires intérieures
faisables quelques fois, mais au fond contraire avec le but de
l'équilibre des forces, la sauvegarde de l'interdépendance.
2. Entre grandes puissances et petites puissances : ici les
outils diplomatiques de l'équilibre des forces entre les grandes
puissances et les petites puissances sont la neutralité ou le partage ou
encore l'intégration : cas de la Belgique en 1930. Les grandes
puissances imposent une neutralité armée, interdiction faite
à la petite puissance de jouer le jeu diplomatique52.
L'évolution du système international depuis les
temps jusqu'à nos jours est caractérisée par ce facteur
déterminant qui est l'équilibre des
52 Biyoya Makutu, P., op.cit., pp. 132-133
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forces. En effet, la victoire des puissances de l'alliance
lors de la deuxième guerre mondiale, a commencé par la coalition
des forces de ces alliances. Ayant pour ennemi commun les forces de l'axe, la
victoire était certaine dans le camp des alliées.
L'équilibre des forces est un concept synonyme de
l'équilibre des puissances. Cependant, ça dépend de
l'utilisateur du concept. Certains auteurs préfèrent utiliser
« l'équilibre des puissances ».
Mwayila Tshiyembe dit que, c'est l'une des idées forces
de l'approche réaliste. Il est considéré par une
majorité des réalistes comme la configuration la plus souhaitable
dans les Relations Internationales par opposition à
l'hégémonie et à l'unipolarité, car
l'équilibre des puissances seul est capable d'instaurer un minimum de
stabilité et de paix. Il repose sur la conviction que seul le pouvoir
limite le pouvoir, il renvoie à une situation telle qu'aucune puissance
ne puisse être dans une position prépondérante, lui
permettant de dicter sa loi aux autres. Son synonyme serait alors «
l'hégémonie »53.
Nous disons en fin que, l'équilibre des forces a servi
à la stabilité du monde durant la période de la guerre
froide. Même si cette stabilité n'a pas été
effective, mais du moins, certains Etats faibles ont su quand même
résister à l'hégémonie d'un ou d'un autre camp. On
a ainsi parlé de la guerre par procuration. Les Etats dits «
Satellites » se trouvaient capables de résister devant une grande
puissance grâce au soutien lui prêté par l'autre puissance
à celle adverse. Le cas de la guerre de Vietnam servant d'exemple, mais
aussi celui de la guerre de Corée, sont la manifestation de cette
résistance à l'hégémonie américaine ou
soviétique.
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