§3. L'impérialité ou
l'impérialisme
Parler de l'étude de géopolitique sans toucher
l'impérialisme, ça ne vaut pas la peine. Car d'une façon
ou d'une autre, la recherche de la puissance en Relations Internationales se
passe au préalable par l'impérialité quelconque. Nous ne
sommes pas loin de ces auteurs qui définissent l'impérialisme
comme étant une doctrine qui considère que leur puissance
autorise certains Etats à étendre leur influence, voire leur
domination, en dehors de leurs frontières45.
En effet, comme dit Jean Mbayo, « l'extension de la
puissance au-delà d'un peuple conduit naturellement à la
constitution de l'empire46.
Etymologiquement le mot vient du terme « empire »,
allusion faite à l'empire romain désignant ainsi le colonialisme
européen qui a débuté au XVIe siècle et qui a connu
son apogée à la veille de la première guerre mondiale et
faisant éclater le monde en des grands empires. Le monde a alors
vécu la naissance de l'impérialité dont notamment l'empire
britannique
43 Gauchon, P., et alii, op.cit., p. 81
44 Mbayo, Ngoie, J., op.cit., pp. 34-35
45 Gauchon, P., et alii, op.cit., p. 65
46 Mbayo, Ngoie, J., op.cit., p.53
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etc. le mot émergea par la dénonciation des
marxistes qui étaient anti-occidentalistes et le plus grand
dénonciateur c'est Lénine, vers 1916, le père de la
révolution de 1917 y estimait que l'impérialisme découlait
de la nécessité pour le capitalisme de s'exporter dans des
nouveaux pays où il pourra restaurer ses profits, en baisse dans les
vieux pays industrialisés.
Notons cependant que, l'impérialisme dit occidental se
déguise avec la deuxième mondiale qui dégrada
l'économie européenne avec les velléités
expansionnistes d'Hitler Adolph. Il va renaitre tardivement avec la fin de la
guerre dite « la grande guerre », qu'est la deuxième guerre
mondiale, mais aussi avec l'effondrement ou la désintégration de
ex-URSS qui luttait contre cet impérialisme au monde. Et cette
renaissance va s'observer dans le chef des Etats-Unis d'Amérique. En
considérant sa forme du néocolonialisme, subsistent aujourd'hui
des zones d'influence qui sont autant des formes rémanentes d'empires
passés, preuve que l'impérialisme n'est pas mort, car même
la Chine anciennement dominée, se lance, elle aussi dans une nouvelle
course47.
Disons avec Jean Mbayo en fin que, si le colonialisme avait
pour but la conquête et la possession de territoires outre-mer, ce
n'était pas seulement pour y exploiter par la force, des populations, il
s'agissait aussi de colonialismes rivaux les uns des autres qui se disputaient
des zones d'influence. De nos jours, depuis le lendemain de la seconde guerre
mondiale, au colonialisme des puissances européennes, a
succédé ce que l'auteur a dû appeler «
néo-colonialisme »48.
En poursuivant toujours avec Jean Mbayo, il dit que : «
l'impérialisme n'a pas toujours été
considéré comme incompatible avec la notion de la
démocratie », car si l'on rejette un regard dans la nuit des temps,
nous trouverons que, commençant par Athènes ayant mené des
politiques impérialistes à l'encontre des Etats voisins, il n'a
jamais été le cas. Par fois la démocratie même a pu
servir de catalyseur à des idéologies impérialistes, dit
l'auteur. Les promoteurs de ces idéologies jugent que l'idéal
47 Gauchon, P., et alii, op.cit., p. 65
48 Mbayo, Ngoie, J., op.cit., p. 56
démocratique dont ils se prévalent doit
être exporté par-delà les frontières, au moyen de
campagnes militaires si besoins est. L'exportation de valeurs
démocratiques a pu justifier différentes guerres de
conquêtes depuis la fin du XVIIIe siècle, en particulier, lorsque
les démocraties se sont développées comme mode de
gouvernement en occident, fin citation49.
Concluons donc ce paragraphe en disant que,
l'impérialisme peut-être compris autrement comme une domination
sur des espaces territoriaux des Etats tiers, par des puissances
considérables. Une puissance impériale est censée jouir
d'une supériorité donnée. A ce sujet, et en rapport avec
notre cadre théorique ci bien explicité supra, la théorie
de l'interdépendance complexe prônée par Joseph Nye et
notamment son idée de soft-power, expliquerait autrement
l'octroi de la puissance impériale des Etats, aux moyens de la
technologie, de la culture, du commerce ou des autres valeurs d'ordre
politico-juridique, telles que la démocratie, les droits de l'homme,
etc.
Eu égard à tous ceux-ci, nous disons que
l'impérialisme est donc au centre des analyses géopolitiques. Il
est un paramètre d'analyse géopolitique parmi tant d'autres. Il
n'est pas à confondre avec une dictature au sens ordinaire.
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