5-2-2- La responsabilité des partis politiques
Le parti politique se définit sur la base de quatre
éléments :
- C'est une organisation durable, c'est-à-dire qu'elle
survit à ses dirigeants en place ;
- C'est une organisation locale bien établie et
apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés
avec l'échelon nationale ;
- C'est une organisation qui doit avoir pour finalités
: la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir ;
- Et le souci de rechercher un soutient populaire à
travers les élections ou d'une toute autre
manière116.
En s'appuyant sur le premier élément, le parti
politique se distingue des simples clientèles, des factions, par le fait
que ces dernières disparaissent avec leur fondateurs et animateurs. Le
deuxième élément pour sa part, relève que le parti
a une organisation complète jusqu'au niveau local, bref complet et
entretenant en permanence des relations avec les unités de base. Le
troisième diffère les partis, des groupes de pression, parce
qu'ils cherchent à obtenir des sièges aux élections,
à figurer au parlement, à participer au gouvernement, voire
à le diriger. Enfin, le quatrième élément permet de
le différencier des clubs politiques parce qu'ils ne participent pas aux
élections et à la vie parlementaire, mais font plutôt
pression sur les partis, le gouvernement et l'opinion (même si la
frontière est franchissable)117.
113 Habermas (Jurgens), l'Espace Public.
Archéologie de la Publicité comme Dimension Constitutive de la
Société Bourgeoise,Ttrad., Paris, Payot, 1978
114 Le sécrétaire général de la
mairie de douala IIème
115Hirschman, Bonheur Privé, Action
Publique, Fayard, 1983
116Lapalombara et wiener, Politicals Parties and
Political Development, Princeton, 1966, p.5-7 117 Schwartzenberg,
Sociologie Politique, 5ed, Monchretien, 1998, p.404
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Les partis politiques jouent plusieurs fonctions. D'un point
de vue classique, ils remplissent trois fonctions parmi lesquelles :
- La formation de l'opinion : en effet, ils contribuent
à créer ou à maintenir une conscience politique, en
assurant l'information et la formation de l'opinion à travers
l'encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des
électeurs et des candidats, en clarifiant et en alimentant le
débat politique et en explicitant plus clairement les choix ; bref, ils
concourent à l'expression du suffrage (la fonction
programmatique)118.
- La sélection des candidats : le parti assure le choix
des candidats à proposer aux électeurs à travers le
recrutement politique
- L'encadrement des élus : en maintenant un contact
permanent entre les élus et les électeurs. Les militants servant
de relais entre les deux (ils expliquent aux électeurs l'activité
parlementaire de l'élu, défendent ses décisions, font sa
propagande)119. Aussi, ils assurent l'encadrement des élus
sur le plan parlementaire.
Du point de vue de Franck Sorauf120(1964), il faut
replacer le parti politique dans son environnement global. Dans ce sens, le
parti dans son activité et ses conduites, aussi bien que dans ses
structures, est une réponse à son environnement. Donc en fonction
de ce dernier élément, le parti assume certaines fonctions. C'est
pour cela que les partis des pays en voie de développement sont omni
fonctionnels121.
Selon Almond122, les partis jouent le rôle de
l'élaboration, d'application et d'adjudication des règles
(contrôle les organes du pourvoir). Aussi, ils constituent des structures
de communication. De plus, ils contribuent à l'adaptation et au maintien
du système, dans le sens du recrutement et de la socialisation
politique. Enfin, ils contribuent à l'articulation et à
l'agrégation des intérêts (en complétant ou en
suppléant les groupes d'intérêt).
Merton (1965)123 à travers ses concepts de
fonctions manifestes et fonctions latentes, énumère trois
fonctions :
- Le maintien des contacts directs et constants entre les
agents locaux et les électeurs de chaque quartier. Visant ainsi
l'humanisation et la personnalisation de tous les procédés
d'assistance à ceux qui sont dans le besoin
118 David (apter), The Politics of Modernization, 5ed,
1969, p.181 119Schwartzenberg, op.cit.P.409
120 Franck (Sorauf), Politicals Parties in the American
System, Boston, 1964 121David (Apter), op.cit. p. 181-182
122 Almond (Powell), Comparative Politics, Boston, 1966,
p.99
123 Merton, Elements de Théorie et de Méthode
Sociologique, 1965
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- La procuration des privilégiés politiques qui
permettent des gains économiques immédiats
- L'ouverture des avenues de la mobilité sociale pour
les groupes déshérités. En fournissant un moyen important
de mobilité sociale à des individus qui, à cause de leur
origine ethnique et de leur appartenance à la classe inférieure,
voyaient leur avancement bloqué.124
Lavau 125(1918-1990), le parti peut remplir la
fonction tribunitienne, c'est-à-dire celle qu'ils assurent lorsqu'ils se
font porteurs des revendications d'une classe sociale ou d'une clientèle
(du clientélisme politique).
Une confrontation de toutes ces fonctions des partis
politiques avec nos milieux d'étude, nous a permis de relever que :
Théoriquement, ils sont structurés comme suit :
des cellules au niveau des quartiers, des blocs ; des sous-sections au niveau
des arrondissements ; des sections au niveau des départements et le
comité central au niveau national.126
Mais sur le plan pratique, les autres partis politiques sont
absents. Comme nous laisse entendre Kakabi de New-Bell Ngangue :
« On ne sait pas où les retrouver, les localiser,
on ne même pas s'ils existent »
En effet, ils n'apparaissent que lors des campagnes
électorales pour attirer les électeurs. C'est ce qu'exprime
Grégoire :
« Les partis font la politique du ventre, les gens
qu'on ne connait pas, qu'on a jamais vu,
viennent nous faire rêver pour l'instant des
élections et ils disparaissent par la suite...)
Cette expression « politique du
ventre127 » relève tout simplement que les partis
n'interviennent à ce moment que pour remplir les formalités.
C'est donc cette absence ou alors cette présence non effective qui
crée ce vide au niveau de la populace sur le plan politique. En effet,
avec cela, aucune fonction n'est remplie, puisqu'une fois élus le pont
est directement coupé avec eux. D'où plus d'information, plus de
formation politique, les populations étant délaissées
à elles-mêmes.
A l'issue de ce chapitre, nous retenons que cette faible
implication trouve une compréhension dans le défaut de culture
politique qui les rend incompétents, aussi dans la désaffection,
le désintérêt accentué par le sentiment de non prise
en compte et l'absence des
124 Merton, op. cit. 1965
125Lavau, « à le recherche d'un cadre
théorique pour l'étude d'un parti communiste
français, rfsp, 1968, p.445 OU ENCORE, à quoi sert le
parti communiste français ? 1981
126 HONORABLE FOPOUSSI responsable de la communication SDF
127 Bayart (j-f), l'Etat au cameroun, paris, fnsp,
1979
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partis politiques. Mis en rapport avec les huit niveaux de
participation des citoyens aux projets les concernant de Sherry
Arnstein128, nous avons pu relever que les habitants de ces
quartiers n'ont pas le pouvoir effectif et n'ont qu'une coopération
symbolique qui s'arrête beaucoup plus à l'aspect
électoral.
Cependant, une question trouve son sens ici : qu'est-ce que
les déterminants sociaux peuvent apportés comme explication de ce
phénomène ?
128 Sherry (arnstein), a ladder of citizen
participation, 1969
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