1- Les figures de style :
Les figures de style font partie intégrante des
stratégies discursives qui rentrent dans la construction
médiatique de l'évènement cinquantenaire de la
réunification et de la « question anglophone ». Le
Messager utilise principalement les figures d'atténuation.
Cameroon Tribune s'illustre avec la personnification et la
répétition. The Post comme le CT choisit d'utiliser la
personnification et la répétition voir même la comparaison
mais pas pour les mêmes raisons.
- La personnification et la répétition
: (Cameroon Tribune et The Post)
La personnification attribue des
caractéristiques humaines à un objet ou un animal.
Exemple : Cameroon Tribune, éditorial de
Marie-Claire Nnana « ...la germination d'une volonté nouvelle
d'accomplir plus harmonieusement l'unité qui est en marche...
». Ici CT essaye de donner vie à un évènement, en
personnifiant l'unité qui serait en marche.
Bouddih Adams, dans The Post écrit «
only President Paul Biya's effigy and praise such as The Father
of True Reunification' overwhelmed the occasion »78.
The Post en présentant Paul Biya comme « Le Père
» de la réunification veut fustiger ironiquement la situation qu'il
décrit à Buéa. Il est imité par Joseph Flavien
Kankeu, dans Le Messager du vendredi 21 février 2014:
«...ils ont voulu marquer leur présence sur le lieu des
festivités en érigeant une photo géante de l'homme-lion
tout en chantant ses louanges. » Le Messager en le nommant
« l'homme-lion » personnifie le Président de la
République qui s'est fait appeler ainsi pendant les élections
présidentielles de 2004.
La répétition est
utilisée par Cameroon Tribune, dans l'éditorial de
Marie-Claire Nnana « ...il s'agit d'abord d'écouter, de
s'écouter...Et puis, surprise des surprises, la grâce
présidentielle à travers la publication d'un décret
commutant des peines...Et maintenant ? Maintenant il s'agit d'avancer
unis... ». Avec cette figure de style Cameroon Tribune
marque l'insistance, avec une répétition maitresse de
l'enseignement. Le journal souhaite que le message reste dans les coeurs et les
têtes. Par contre The Post à travers la
répétition veut traduire la redondance du nom du Chef de l'Etat
qui était clamé à temps et à contre temps pendant
les festivités. Exemple : Bouddih Adams, dans The Post
du vendredi 21 février
78The Post, du vendredi 21 février
2014.
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La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2014 reprend les refrains des militants du RDPC
mêlés à la foule : « Paul Biya our
President?... Paul Biya Father of the Nation?,
Long Live President Paul Biya' and so one, rented the air
at one Moment and the other ».
- Les figures d'atténuation : la
prétérition et l'euphémisme
La prétérition : Ici on fait
semblant de ne pas vouloir dire quelque chose mais on le dit tout de
même. C'est une stratégie utilisée par Le Messager
pour atténuer la verve de ses propos. Exemple : Alain
Njipou, Le Messager du jeudi 1er octobre 2015 «
Ainsi va un peuple devenu amnésique ? »
L'euphémisme : Avec cette figure de
style Le Messager veut rendre la réalité « du
cinquantenaire manqué » moins brutale. Exemple : Edouard
Kingue, Le Messager, lundi 24 février 2014 «
...Hélas, ce sera pour la prochaine fois. Peut-être !
».
En sommes, en termes de stratégie, The Post
choisit l'interview, genre journalistique sans risque qui n'engage que la
responsabilité des interviewés, pour garder une certaine
neutralité face à cette « question anglophone ».
Cameroon tribune et Le Messager rapportent les faits avec le
reportage et le compte rendu pendant le cinquantenaire. Après le
cinquantenaire, CT utilise l'éditorial pour clarifier ses propos et
Le Messager le billet d'humeur dans un premier temps par prudence. Par
la suite, Le Messager revient sur le reportage et le compte rendu pour
traiter de la « question anglophone » en mettant en exergue cette
fois-ci la discrimination dans les corporations professionnelles. Dans le choix
des figures de style : Cameroon Tribune opte pour la mise en avant de
l'unité nationale avec la personnification et la
répétition. The Post tourne en dérision cette
« unité nationale », avec le choix des mêmes figures de
style et Le Messager essaye de rester dans le « politiquement
correcte » avec les figures d'atténuation.
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