2. Problématique de
l'étude
La résorption de l'exclusion bancaire est un enjeu
majeur dans une économie moderne. Dans le cadre théorique, cet
objectif est atteint via la contribution tripartite des pouvoirs publics, des
institutions bancaires et des ménages. Les instruments dont disposent
les autorités monétaires pour atteindre les objectifs finaux de
la politique de lutte contre l'exclusion bancaire n'ont sur ceux-ci qu'une
influence indirecte et lente. Car, les résultats récents des
enquêtes menées par la Global Findex sur l'accès aux
services financiers s'accordent à indiquer l'émergence d'un
secteur financier informel dans la zone CEMAC. En effet, 11 % de la population
de cette zone dispose d'un compte dans une institution financière
formelle. Différentes approches pour expliquer un tel
phénomène peuvent être identifiées. Selon cette
enquête, les adultes possédant une éducation du niveau
tertiaire et ceux de la tranche d'âge allant de 25 à 64 ans ont
plus de chance d'être bancarisés. La théorie de
l'accès aux services financiers va dans le même sens. Selon cette
théorique, l'exclusion bancaire peut être volontaire ainsi, c'est
à partir des facteurs tels que, la culture, la religion qu'on peut
l'expliquer (Kempson et Whyley, 1999). Toutefois, le prix, les faibles revenus,
le chômage, les femmes, les personnes âgées, les jeunes, les
personnes ayant reçu une éducation moindre, mais également
certaines minorités ethniques auraient tendance à être plus
exclus du système bancaire que d'autres. (Moran K., 2006 ; Djankov et
al. 2008). Par ailleurs, la théorie de l'accès aux services
financiers explique également que l'exclusion bancaire serait
involontaire. Ainsi, elle s'expliquerait par des facteurs institutionnels
émanant des institutions bancaires (proximité, fermeture des
agences, conditions d'accès) Caskey (1997 et 2002). Avom et Bobbo
(2014) s'inscrivent dans la même lancée et démontrent que
la réglementation est de nature à générer ou
d'exacerber l'exclusion bancaire. A la question de savoir pourquoi autant de
ménages restent en dehors du système financier formel ?
L'argument le plus fréquemment avancé dans la zone CEMAC pour
justifier le fait de ne pas posséder de compte formel est que l'on ne
dispose pas d'assez d'argent pour en utiliser un. Telle est la réponse
donnée par 81 % des adultes ne possédant pas de compte formel, 30
% citant cet argument comme seule et unique raison (Global Findex, 2012).
Ainsi, plus de 30 % des personnes ne possédant pas de compte formel
citent également le coût, l'éloignement et les documents
à fournir comme obstacles (Global Findex). Toutefois, l'analyse que fait
Eber (2000), démontre l'exclusion bancaire trouve également ses
facteurs dans la sélection de la clientèle. En effet, la base
fondamentale de la théorie de la sélection de la clientèle
est l'asymétrie d'information. Cette dernière, conduit à
un rationnement de crédit qui discrimine et exclue de faite une partie
de la clientèle.
Face à cette situation, les pouvoirs publics et les
institutions bancaires se sont focalisés activement vers la
réduction du niveau d'exclusion bancaire. Cette lutte contre cette
exclusion, a consisté à délivrer gratuitement aux
particuliers 15 services bancaires réduisant ainsi le coût
d'accès aux services bancaires. La création du Fonds de garantie
des dépôts en Afrique centrale pour protéger les petits
épargnants de la sous-région indemnisation à hauteur de
cinq millions par client et par banque en cas de faillite d'un
établissement. Pour les banques, elles se sont accentuées vers
une extension du réseau bancaire. Les résultats de ces actions
renseignent que, le taux de bancarisation est passé de 7% avant 2011
à plus de 13.8% aujourd'hui selon le FMI. En outre, le nombre de guichet
bancaire a nettement augmenté. Si les conclusions des études qui
ont été évoquées jusqu'ici suggèrent que
les résultats peuvent être différents selon les pays, les
régions, le statut social ou à la réglementation, elles ne
renseignent pas véritablement sur le cas du Cameroun. D'où la
question suivante :
Quelles sont les variables déterminantes de
l'exclusion bancaire au Cameroun ?
Cette interrogation principale appelle à deux
préoccupations secondaires et spécifiques à savoir :
· Quels sont les facteurs socio-économiques de
l'exclusion bancaire au Cameroun?
· Quels sont les facteurs institutionnels de l'exclusion
bancaire au Cameroun ?
|