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Déterminants de l'exclusion bancaire au Cameroun

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par Martin AMBASSA
Université Catholique de Bertoua - Master Recherche 2014
  

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1. Contexte de l'étude

L'exclusion bancaire a été forgée en 1993 par des géographes inquiets de la limitation de l'accès physique aux services bancaires à la suite de la fermeture d'une série d'agences bancaires (Anderloni et al, 2008 ; Leyshon and Thrift, 1993). Depuis lors, un nombre croissant d'études se sont penchées sur les difficultés auxquelles étaient confrontées certaines franges de la population pour avoir accès aux instruments modernes de payement et aux autres services bancaires tels que, le crédit à la consommation et l'assurance (Anderloni et al 2008). La préoccupation a concerné également le nombre de personnes ne possédant aucune épargne. C'est en 1999 que l'expression «exclusion bancaire» semble avoir été utilisée pour la première fois dans un sens plus large pour faire référence aux personnes qui ne jouissent que d'un accès limité aux services financiers de base (Anderloni et al, 2008 ; Kempson et Whyley, 1999). Ainsi, d'innombrables études ont essayé d'apporter une signification plus large à l'exclusion bancaire. Ces apports émanent des travaux deAnderloni et Carluccio (2006), Devlin (2005) ; Carbo et al. (2004), Gloukoviezoff (2004),Sinclair (2001), Kempson et al (2000). L'expression « exclusion bancaire » possède un champ sémantique rassemblant des définitions complexes. La définition la plus aboutie provient des études et des analyses que fait Gloukoviezoff, (2006 ; 2004). Pour ce dernier, et à la suite d'Anderloni (2003), l'exclusion bancaire désigne le processus par lequel une personne rencontre des difficultés d'accès et/ou d'usage des services bancaires empêchant de mener une vie sociale normale. Cette définition tranche avec les travaux qui ont prévalu jusqu'alors (Kemspon et al. 2000 ; Treasury, 1999 ; Kempson & Whyley, 1999 ; Leyshon & Thrift, 1995). Ceux-ci ont considéré l'exclusion bancaire de manière restrictive comme le fait de ne pas disposer d'un compte bancaire en raison des pratiques de sélection des établissements bancaires. L'exclusion bancaire est donc à la fois un processus et un état (Loisy, 2000). A l'exclusion bancaire s'oppose l'inclusion bancaire. Cette dernière se mesure à l'aide du niveau de bancarisation et de l'adéquation entre les besoins et les services financiers offerts. La bancarisation quant à elle désigne la proportion de la population titulaire d'un compte bancaire. Elle est mesurée par un indice appelé taux de bancarisation. Cet indice, traduit le niveau de pénétration des services bancaires dans le pays ou la région concernée. Au coeur de l'exclusion bancaire selon Simmel, se trouve les services bancaires qui jouent un rôle social incontournable. L'un des éléments clés qui permet de comprendre l'évolution du rôle social des services bancaires est ce que Tasqué (2008) appelle à la suite de Servet (2004), la financiarisation1(*)des rapports sociaux. Ce processus correspond au fait que les différentes facettes de l'inclusion sociale voient leur expression réalisée de manière croissante et contrainte par le recours aux services des établissements bancaires. Elle résulte donc à la fois de la monétarisation des rapports sociaux et de la bancarisation de la population.Le rôle social des services bancaires s'est progressivement affirmé pour satisfaire deux types de besoins. Le premier est celui des besoins de promotion. Il correspond au financement des besoins qui permettent d'améliorer la situation des personnes par l'achat de biens ou de services comme de l'électroménager ou des formations. Le second type est celui des besoins de protection. Il correspond au financement de besoins imprévus comme des dépenses de santé ou bien la nécessité d'amortir les fluctuations de ressources liées à une activité de travail précaire. La satisfaction de ces besoins évite que la situation ne se dégrade (ou qu'elle ne se dégrade davantage pour les personnes en situation de pauvreté). Ces deux groupes de besoins peuvent être financés ou satisfaits par des moyens tels les revenus du travail, l'épargne, les solidarités de proximités (familialesou amicales) ainsi que les dispositifs mis en oeuvre par l'État. Toutefois, les transformations connues par les sociétés accroissent l'ampleur de ces besoins tout en en perturbant profondément les modalités de satisfaction (Tasqué, 2008).La privatisation ou les difficultés d'accès aux services bancaires des ménages ralenties le rôle de l'intermédiation financière.Plus répandu en Europe, la conscience de l'existence d'une part de l'exclusion bancaire et d'autre part de ses conséquences suscite d'ors et déjà un éveil en Afrique en générale et plus précisément au Cameroun.

1.1 L'exclusion bancaire au Cameroun

Principale source de financement de l'économie Camerounaise, le secteur bancaire occupe une place de choix au détriment du marché financier qui est embryonnaire au Cameroun. Malgré l'accroissement du nombre de banques et des politiques mises en oeuvre pour contrer l'évolution du niveau d'exclusion bancaire, il ressort selon la COBAC que, le taux de bancarisation reste faible et est situé autour de 14% en 2013.Ainsi, 86% des ménages sont en marges du système bancaire Camerounais.Jugées trop élevées par les autorités monétaires et institutionnelles dans la mesure où, ce niveau élevé d'exclusion bancaire accentue la propension de la finance informelle. Des mesures liées à la réduction de ce niveau d'exclusion ont été adoptées. Ces mesures ont consisté, àla création du Fonds de garantie des dépôts en Afrique centrale, l'instauration par l'autorité monétaire d'un service bancaire minimum garanti. Ces mesures ont pu apporter des effets escomptés notamment la réduction du niveau d'exclusion bancaire. Réduire cette exclusion permet de booster l'intégration sociale. Ainsi, la volonté de lutter contre ce fléau se concrétise notamment par le recul del'utilisation des espèces d'une part, le paiement des salaires, des allocations sociales et des services d'utilité publique via des comptes bancaires d'autre part.Toutefois, les banques ne sont sollicitées majoritairement que par les entreprises et beaucoup moins par les ménages (Nkou, 2011). Or, il faut noter que ce sont les ménages qui constituent la couche la plus touchée de ce phénomène. C'est ce constat qui justifie l'orientation de notre analyse vers les ménages.L'accès et le recours aux services bancaires permettent d'effectuer des transactions de base donc essentielles pour l'intégration sociale. Le non recours à ces services, accentue la finance informelleservant ainsi d'obstacle aux intermédiaires financiers (Demirgüc-Kunt et Klapper, 2012). Ces derniers nous font remarquer que, La CEMAC est classée parmi les régions du monde où le phénomène d'exclusion bancaire est le plus développé. En effet, 18% seulement de la population adulte possède un compte, 10% dispose d'une épargne et 4% bénéficie d'un emprunt auprès d'une institution formelle. L'orientation de notre analyse vers les ménages2(*) Camerounais nécessite la détermination des critères socio-économiques afin de ressortir les conditions de vie dans lesquelles ils se trouvent.

1.2 Quelques indicateurs socio-économiques du Cameroun

Le Cameroun est un pays en développement avec une population que l'on estime à 23 130 708 d'habitants. Dans l'ensemble, 39,9% des Camerounais vivent sous le seuil de la pauvreté. Parmi eux, 41,6% des ménages sont dirigés par les hommes contre 33,4% dirigés par les femmes. Cependant, la pauvreté ne touche pas la population de manière uniforme. Ce phénomène est plus répandu en milieu rural (55% contre 12,2% en milieu urbain) et dans les régions septentrionales (plus de 53,0%)3(*). Au plan économique, le Cameroun enregistre un taux de croissance de 5.4% (INS, 2013). Dans cette richesse économique, le tertiaire joue un rôle primordial dans la mesure où il contribue à 46,6% du PIB et est développé de façon considérable. En outre, ce secteur a été ces dernières années, renforcé par l'avènement des techniques de l'information et de la communication. Malgré la contribution du tertiaire dans le PIB du Cameroun, le niveau d'épargne reste encore faible car le niveau de bancarisation l'est tout aussi. C'est dans ce sillage que Nkou (2011) fait remarquer que, le niveau d'épargne est fonction du niveau de bancarisation et du niveau de développement de la population concernée. A cet effet, le faible niveau conjugué de bancarisation et du développement du Cameroun pourrait justifier le taux d'épargne du Cameroun qui se situe entre 14 % et 15 % du PIB avec un taux d'inflation de 2.1%4(*) en 2013. Quant au marché du travail, il est caractérisé par une forte croissance du secteur informel. En effet, l'INS du Cameroun indique que, le taux de chômage au Cameroun est autour de 5% par ailleurs, le secteur informel occupe près de 30% du PIB. Au sujet de l'éducation, le PNUD5(*) relate que le niveau d'alphabétisation du Cameroun est de 67.9%. En sommes, ces indicateurs décrivent les conditions de vie des ménages. Ces résultats peuvent justifier le haut niveau de l'exclusion bancaire au Cameroun. Toutefois, le cadre institutionnel du secteur bancaire au Cameroun, qui a connu de profondes crise dans les années 1980 est susceptible de créer ou de renforcer l'exclusion bancaire (De Boissieu et Couppey-Soubeyran, 2013).

1.3 Cadre institutionnel du secteur Bancaire au Cameroun

Le secteur bancaire Camerounais est composé de 13 banques avec 201 guichets. Ces banques sont soumises à la réglementation bancaire actuellement en vigueur dans la CEMAC. Cette réglementation a été construite en deux étapes essentielles : une première qui s'étale de 1972 jusqu'à 1992 et une deuxième qui prend effet à partir de 1992 avec la création de la COBAC. Au milieu des années 1980, le Cameroun a connu une grave crise financière : les dépôts à terme ont diminué de 33% entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22%6(*). Cette chute s'explique par le déclenchement de la crise économique, cependant, une véritable crisede confiance a siégé et les agents réalisantl'insolvabilité de ces banques sont devenus retissants. C'est à partir des années 1989 que les restructurations ont été entreprises certaines banques ont fermé, d'autres ont été liquidées ou ont fusionné. Ainsi, la création de la commission bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) s'est faite en 1992 avec pour rôle d'assurer un contrôle prudentiel des établissements de crédits. Cet environnement institutionnel joue un rôle dans la propension et la réduction de l'exclusion bancaire.

* 1 « un ensemble de contraintes à l'emploi des moyens de paiement et de

règlement et au recours au crédit et à la protection contre les risques,

Contraintes qui agissent de façon différente, directe ou indirecte, tant au

Nord qu'au Sud, individuellement sur les personnes et les entreprises, et

Collectivement sur les groupes sociaux » (Servet, 2004b, p. 8)

* 2Ensemble de personnes partageant le même logement et participant à son économie.

* 3 Données issues de l'INS du Cameroun et ECAM II

* 4 INS, BEAC

* 5 Programme nations unies pour le développement

* 6Informations issues de la BEAC.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry