Dilemme du rapprochement américano-iranien: réflexion sur une politique étrangère d'adaptabilité( Télécharger le fichier original )par Christophe BALEMA LIMANGA Université de Kisangani - Licence 2015 |
IV.2. La construction d'une vision homo-adaptatriceAdopter une posture idéaliste pourrait amener non seulement des changements positifs en Iran, mais aussi des bienfaits pour la sécurité des États-Unis et de leurs intérêts au Moyen-Orient. De ce fait, les deux Etats doivent converger leurs ambitions géostratégiques et dépasser la dichotomie occident/musulman. §1. La convergence des ambitions géostratégiques dans le processus de paix au Moyen-OrientLa géopolitique est généralement abordée d'après le comportement adopté par les Etats individuels pour s'aligner et s'ajuster aux défis et changements auxquels ils sont confrontés dans leur environnement externe146(*). Pourtant, comme le souligne Didier BILLION dans un Compte-rendu du séminaire organisé le 11 février 2013 à Paris, pour avancer sur les enjeux géostratégiques, il vaut mieux, dans un monde globalisé, coopérer avec les alliés et les puissances régionales, plutôt que d'assumer seul le rôle de gendarme du monde. C'est sur cette nouvelle logique que doit reposer les ambitions géostratégiques des Etats-Unis et d'Iran. Toutefois, les risques géopolitiques restent majeurs au Moyen-Orient. Chacun des deux Etats a ses logiques et ses alliés propres : l'Israël, l'Arabie Saoudite, la Turquie... restent sous la conduite des Etats-Unis ; l'Irak, la Syrie, le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien sont fortement influencés par la République Islamique d'Iran. Partant, comment faire pour converger leurs ambitions ? Pour ce faire, les Etats-Unis doivent retirer la République Islamique d'Iran de la liste de ce queAlia AL JIBOURY appelleles pays dela ligne de mire de la politique américaine147(*), afin de ne pas l'isoler voire même de le menacer sur la scène internationale; celapermettraitd'éviter tout déséquilibre dans leurs alliances au Proche et Moyen-Orient, notamment entre monde juif et arabe, monde sunnite et chiite. Dans cette optique, les États-Unis doivent cesser de se comporter en rival réel et éviter d'adopter à tout moment de sanctions à l'égard de la République Islamique d'Iran. En plus, Washington doit traiter l'affaire israélo-palestinienne avec beaucoup plus de circonspection. Cela exige alors à Washington de renouer avec les écrits de Thomas Jefferson qui, au milieu du 19ème siècle, appelait déjà à l'usage prudent de la puissance américaine : « j'espère que notre sagesse grandira avec notre puissance et nous apprendra que moins nous utilisons notre puissance, plus elle sera efficace »148(*) puisque la promotion de valeurs démocratiques ne doivent pas mieux être menés par le canon d'un fusil. En outre, l'Iran et les Etats-Unis ont un point commun : la lutte contre le terrorisme. En cela, on voit que l'Iran et les Etats-Unis ont, à bien des égards, des objectifs communs, allant dans le sens d'une stabilisation de la région. Subséquemment, à l'occasion de son discours devant l'Assemblée générale des Nations-Unies, un discours porté sur deux axes : le terrorisme islamiste et la question nucléaire, le Président iranien a indiqué clairement aux puissances occidentales qu'il sera difficile de se passer de Téhéran pour quiconque souhaite parvenir à stabiliser le Moyen-Orient149(*). La guerre iraniennecontre le terrorisme150(*) peut offrir des points d'entente entre Téhéran et l'Occident151(*), à condition que la République Islamique se comporte à bon élève dans le respect des principes universels de la démocratie. Il doit de ce fait cesser de se comporter en réel protagoniste dans le conflit israélo-palestinien en soutenant le Hamas de la Palestine et le Hezbollah du Liban. Il doit tout aussi traiter la rivalité shiite-sunnite avec beaucoup plus de sagesse. * 146CLAIRE SPENCER, La nouvelle Méditerranée dans un monde en mutation : Nouvelles dimensions géopolitiques au Moyen-Orient, Chatham House, Londres, Med.2011, p. 4 * 147 ALIA AL JIBOURY, Les défis futurs de la politique américaine au Moyen-Orient : Quels obstacles la politique américaine va-t-elle rencontrer ?, Novembre 2006, p. 3 * 148DE HOOP SCHEFFER, A., Op.cit., p. 18 * 149EIFFLING, V., Hassan Rouhani aux Nations-Unies : Un changement de style plus que de fond pour la politique étrangère de l'Iran, Numéro 18, 26 septembre 2014, p. 1 * 150 L'Iran est confronté à une menace interne d'un groupe utilisant des moyens terroristes, appelé « Jundallah, les Soldats d'Allah » (FLICHY, T., Election d'Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l'Iran ?, p. 1), et vise aujourd'hui le changement du statu quo en Syrie. * 151CHAUDET, D., Op.cit., p. 133 |
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