Dilemme du rapprochement américano-iranien: réflexion sur une politique étrangère d'adaptabilité( Télécharger le fichier original )par Christophe BALEMA LIMANGA Université de Kisangani - Licence 2015 |
§3. La mise en oeuvre de l'accord par le gouvernement américainLe droit des États-Unis destiné à sanctionner l'Iran est en partie ancien, dans la mesure où il a été mis en place à partir de la crise des otages de l'ambassade américaine de Téhéran survenue en novembre 1979, dans un but de répression des positions anti-américaines prises par le pays et au motif de son soutien à des activités d'ordre terroriste. À partir de 1995, les sanctions américaines ont aussi poursuivi un objectif d'empêchement de l'Iran d'accéder à des armes de destruction massive et de développer ses capacités balistiques ; elles ont été amplifiées à compter de 2006 jusqu'à 2013, du fait de la crise ouverte par les avancées du programme nucléaire iranien138(*). Cependant, après l'adoption de l'accord au Congrès américain, l'administration américaine a pu formellement commencer à appliquer l'accord de Vienne, en commençant par nommer- le 17 septembre 2015 - un coordinateur en chef pour la mise en oeuvre de celui-ci, l'Ambassadeur Stephen MULL139(*). Partant, le président américain Barack OBAMA a ordonné le 18 octobre 2015 le début du processus de retrait des sanctions US contre l'Iran conformément aux accords entre la communauté internationale et Téhéran sur le nucléaire iranien, rapporte la Maison Blanche140(*). Et après la déclaration du secrétaire général de l'agence onusienne, YUKIYA AMANO, dans un communiqué publié à Vienne le 16 janvier 2016, sur la mise en oeuvre du plan d'action global conjoint par la République Islamique d'Iran141(*), les Etats-Unis ont confirmé qu'ils poursuivaient l'application de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est dans ce contexte que Barack OBAMA a pu signer un décret annulant les sanctions américaines visant la République islamique d'Iran. Après la libération, par la République Islamique d'Iran, des cinq Américains, dont un journaliste du Washington Post ; les États-Unis ont également libérer sept Iraniens, dont six ont aussi la nationalité américaine, arrêtés aux États-Unis pour avoir violé les sanctions visant la République islamique. Washington a aussi décidé d'annuler les poursuites lancées contre 14 autres Iraniens soupçonnés d'avoir participé à l'achat d'armes aux États-Unis afin de les livrer à l'Iran et dont Washington réclamait l'extradition via Interpol142(*). Toutefois, l'optimisme était de courte durée; Barack OBAMA a présenté de nouvelles sanctions contre l'Iran. Selon les Etats-Unis, le programme balistique iranien violent les obligations internationales de l'Iran143(*). Dans un récent communiqué, le député Républicains Jacques MYARD révèle que cette décision américaine est aussi un message destiné à ses détracteurs internes.Après deux tests de missiles balistiques en octobre et en novembre 2015, ce sont actuellement cinq ressortissants iraniens et un réseau d'entreprises basées aux Émirats arabes unis et en Chine qui ont été ajoutés à la liste noire du département américain du Trésor. La décision américaine est paradoxale mais, elle n'affaiblit pas le tournant géostratégique qui s'opère au Proche et Moyen-Orient, même si elle risque de créer de nouvelles tensions avec la République Islamique d'Iran144(*). Finalement, à ce stade, Barack OBAMA peut bien dire que ce qui a été réalisé à Vienne est une « entente historique», tout comme Hassan ROHANI peut bien déclarer qu'il a été possible de parvenir à un accord « gagnant-gagnant » ; mais, tant que les USA et l'Iran n'abandonneront pas leurs objectifs stratégiques contradictoires ou refuseront de les réduire, cet accord tant souhaité par les deux parties n'éteindra pas le feu qui s'étend, mais inaugurera au contraire une nouvelle étape de violence dans une région suffisamment incendiée dans des batailles sans fin. Dès à présent, la question de l'avenir de relations américano-iraniennes se pose. L'attitude de Washington envers Téhéran et vice-versa va-t-elle évoluer dans un sens ou dans un autre ? Il apparaît assez clairement que la situation actuelle demeure insatisfaisante pour les deux parties. En résume, on peut conclure que, chacun voit dans l'autre, l'intervention d'une force occulte tendant à restreindre les ambitions de l'autre. Cette logique ne rime pas pourtant avec la possibilité de normalisation de relations entre les deux Etats. Quoi faire pour surmonter cet état de chose ? C'est sur ce questionnement que repose le point ci-dessous. * 138 MM. Jacques LEGENDRE, Daniel REINER, Mme Michelle DEMESSINE et M. Joël GUERRIAU, Op.cit, p. 25 * 139Ibdem, p. 21 * 140YURI GRIPAS, Obama ordonne le début du retrait des sanctions US contre l'Iran, In https://fr.sputniknews.com/international/201510181018916622-obama-iran-sanctions/ * 141GAUQUELIN, B., IMBERT, L.,L'AIEA donne son accord à la levée progressive et conditionnelle des sanctions contre l'Iran, http://www.lemonde.fr/international/article/ 2016/01/16/l-aiea-donne-son-feu-vert-a-la-levee-progressive-des-sanctions-contre-l-iran_4848641_3210.html# * 142Levée des sanctions internationales contre l'Iran, In http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2016/01/16/001-sanctions-iran-levees-nucleaire-agence-international-energie-atomique.shtml* 143 La résolution 2231 du CSNU prévoit que l'embargo des Nations unies sur les armes soit maintenu pendant une période de cinq ans, et les sanctions sur son programme balistique pendant huit ans. C'est sur cette résolution que les Etats-Unis se sont appuyés pour adopter une nouvelle série des sanctions contre l'Iran. STIERNON C., Iran : quel avenir pour l'embargo sur les armes ?, Éclairage du GRIP, 19 août 2015, p. 2 * 144 GAËLLE NICOLLE, Nouvelles sanctions américaines contre l'Iran, In https://fr.sputniknews.com/analyse/201601181021034463-sanctions-americaines-iran/ |
|