La contribution de la microfinance au développement socio-économique dans la commune de Carrefour: le cas d'ACME pour la période 2000-2009( Télécharger le fichier original )par Jonathan SAINT JEAN Université d'état d'Haà¯ti - Licence ès Sciences Economiques 2015 |
7.3 Genèse de la microfinance14(*)La microfinance existe en réalité depuis des siècles sous différentes formes (Yola, 2009). Certains affirment que la microfinance est en réalité une pratique très ancienne déjà utilisée du temps des babyloniens (Mpanzu Balomba, 2005)15(*). On estime même que des mécanismes informels de prêt et d'emprunt ont existé en Asie depuis plusieurs millénaires. En 1462, un moine italien, Barnabé de Terni, fonde une institution caritative, le Monte di Pietà, en Italie, pour lutter contre l'usure. Près de deux (2) siècles plus tard, soit en 1653, un financier italien, Lorenzo Tonti, créa en France une nouvelle formule d'épargne sous forme d'association d'épargnants. Il donnera son nom à la tontine. En 1720, A Dublin, Jonathan Swift est le premier à prêter des petits montants à des artisans pauvres de la ville. Au cours de la deuxième moitié du 19ème Siècle, en 1864, l'Allemand Friedrich-Wilhelm Raiffeisen16(*) fonde en Rhénanie la première société coopérative de crédit mutuel. Son objectif était d'offrir aux banques des cautions mutuelles afin que les paysans démunis accèdent au crédit. En France, en 1880, le Père Ludovic de Besse fonde le Crédit Mutuel et Populaire, qui sera à l'origine des Banques Populaires17(*). Néanmoins, on attribue au Dr Muhammad Yunus18(*), prix Nobel de la paix de 2006, le père de la microfinance moderne. La « banque de village », Grameen Bank, est née sous les auspices du professeur Yunus, et popularise le crédit solidaire, un crédit alloué à un groupe dont chacun de ses membres est solidaire des autres, pour le mettre à profit et le rembourser. Dorénavant, des bureaux de la Grameen Bank sont présents dans plus de 80 000 villages, et compte plus de 6 millions d'emprunteurs. Sous l'inspiration du succès de la Grameen Bank, sont apparues de nombreuses institutions de microfinance (IMF) dans les années 1970 et 1980. Elles ont démarré leurs activités en tant qu'ONG, pour la plupart, et ont été financées par des subventions provenant de fonds publics et privés. Devenues rentables, elles ont augmenté rapidement le nombre de leurs clients. Elles ont permis de démontrer que les pauvres étaient solvables bien qu'ils ne puissent offrir de garanties financières. Ainsi, la microfinance s'est avérée un business viable, et les pauvres constituent aujourd'hui un véritable marché. Environ une décennie plus tard, soit dans les années 1990, des structures spécialisées dans le financement des IMF apparaissent. Elles proposent des prêts aux IMF qui prêtent ensuite à leurs clients. Le premier sommet du microcrédit a été organisé à Washington, en 1997. Et c'est de ce sommet que la microfinance s'est légitimée comme instrument de lutte contre la pauvreté (Tebili, 2008). Vu l'importance de la microfinance l'année 2005 a été proclamée année internantionale de la microfinance par le programme des nations unies pour le développement (PNUD). L'intérêt pour la microfinance s'amplifie sans cesse. D'autres modèles en dehors des ONG sont encouragés. Plusieurs grandes institutions bancaires sont également entrées sur le marché de la microfinance, telles que le Crédit Suisse, la Deutsche Bank et Citigroup. Petit à petit, la microfinance s'intègre au système financier classique. La microfinance ne se borne pas seulement au service du microcrédit, aussi d'autres services financiers tels que la « micro-épargne » et « micro-assurance » sont venus enrichir l'offre de services de la microfinance. Au cours de ces années, la microfinance a été aussi le sujet de nombreuses innovations. Des services de « mobile banking » (services de transferts d'argent à travers les téléphones portables) ont été développés, et d'autres services adaptés aux besoins locaux ont également été introduits. Les plus grandes IMF se trouvent en Asie, au Bangladesh et en Inde en particulier grâce à la Self Employed Women Bank. En revanche, en Chine la microfinance ne fait que commencer. En Amérique latine, historiquement très forte en Bolivie (ACCION est l'un des premiers réseaux de microfinance du monde), elle s'est récemment beaucoup développée au Pérou et au Mexique et peine à contrario au Brésil à cause du plafonnement des taux d'intérêts. Elle se développe de façon très dynamique en Afrique dans tous les pays politiquement stables (Bénin, Sénégal, mali, Kenya). Elle a remporté un très vif succès au Maroc et progresse rapidement au Moyen Orient (Palestine, Egypte et Jordanie). Il est difficile de prévoir le futur de la microfinance, mais on estime à 500 millions le nombre de personnes toujours en attente de financement19(*). La section suivante présente de manière plus détaillé l'évolution du secteur de la microfinance dans certaines régions du monde. * 14 Hormis certaines références particulières, cette historicité est tirée PlaNet Finance, dont la référence est citée avec précision à la fin de la section. * 15 Mpanzu balomba est cité par Christian Nkuka dans son mémoire « Essor de la microfinance à kinshasa en RDC, 2012 ». Patience Mpanzu Balomba est un congolais, Docteur en Sciences Agronomiques et Ingénierie Biologique, Economie Agricole. * 16 Friedrich-Wilhelm Raiffeisen est né en 1818 d'une famille chrétienne très modeste. Il est le fondateur de la mutualité de crédit. Il a été nommé bourgmestre du district de Weyerbush (1845), puis du district de Flammersfeld (1848), et enfin maire de Heddesdorf. Son système de mutualité est à l'origine du crédit agricol et du crédit mutuel en France, de la Raiffesen Bank en Allemagne, des Caisses Raiffesen en Suisse, des Caisses Desjardins au Québec, de la Robobank en Hollande, de la C.E.R.A en Belgique, ainsi d'innombrables banques coopératives à travers le monde. Extrait de l'Encyclopaedia universalis, en ligne, consulté le 15 août 2014. * 17 Barometre de la microfinance 2011, p.2 * 18 Muhammad Yunus est un économiste et un entrepreneur bangladeshi renommé. Surnommé le "banquier des pauvres", il a fondé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank. Ce concept lui a valu le Prix Nobel de la paix en 2006. Il a eu son doctorat à l'université privée Vanderbilt dans le Tenessee après une maîtrise à l'université du Colorado. Ce jeune professeur d'économie comprend qu'une grande partie des problèmes rencontrés par les paysans pauvres sont liées à leurs difficultés d'accès à des capitaux. C'est ainsi que Yunus en vient à proposer un premier "micro-prêt" (entre 30 et 50 dollars) à quelques dizaines d'habitants du village, en utilisant son propre argent. C'est un succès immédiat, au Bangladesh tout d'abord, où la « Grameen » (son propre programme créé en 1977) obtient le statut d'établissement bancaire en 1983, puis dans d'autres pays où le « modèle » s'exporte à partir de 1989. * 19 ATTALI, J., A propos du microcrédit, PlaNet Finance, [En ligne] www.microworld.org, page consultée le 17 mai 2014 |
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