7.2 Fondements
théoriques de la microfinance
Marguerite S. Robinson (2001) a identifié quatre
théories expliquant le développement de la microfinance : la
théorie de la demande appliquée à la finance « supply
leading finance theory», le paradigme de l'information imparfaite (The
Imperfect Information Paradigm), les marchés informels de crédit
(Informal Commercial Moneylenders), et l'épargne des pauvres (Savings
and the New Microfinance).
La théorie de la demande en
finance consiste à octroyer en avance des prêts dans
le but d'inciter l'investissement et, par conséquent la croissance
économique. La théorie est venue de la combinaison de trois
idées: a) que les gouvernements des nouveaux pays émergents
étaient responsables de leur développement
économique ; b) qu'il était crucial que soient
adoptées rapidement et largement, les technologies agricoles de haut
rendement au développement économique ; c) et que la plupart
des agriculteurs ne pouvaient pas se permettre les coûts complets du
crédit dont ils auraient besoin à acheter les intrants pour les
nouvelles technologies. Dans ce contexte, des programmes massifs de
crédit rural subventionnés ont été établis
dans une grande partie du monde en développement.
Le paradigme de l'imperfection de
l'information fait référence aux situations
d'asymétrie d'information entre les candidats à un prêt et
les bailleurs de fonds. Les modèles d'école de l'information
imparfaite des marchés de crédit ne sont pas concernés
spécifiquement par le microcrédit, mais leur nature
générale et le souci de leurs auteurs pour les pays moins
développés et les marchés de crédit rural les ont
accordés une importance particulière. Un certain nombre de
modèles de crédit d'information imparfaite ont été
construits, basé sur l'hypothèse que les banques ne peuvent pas
différencier le coût effectif entre les demandeurs de prêts
à faible risque de ceux à haut risque. Les IMF ont fait preuve
d'innovation dans la résolution des problèmes d'aléa moral
et de sélection adverse.
Le secteur financier informel est
omniprésent dans les économies en
développement. Il a évolué sur les
réseaux de parenté, social et ethnique. Les IMF et le secteur
financier informel ciblent les mêmes clients: ceux qui sont incapables
d'accéder au système formel. En raison des contraintes que font
face les prêteurs informels comme participants à l'économie
locale, ils doivent rationner le crédit. Diriger les institutions de
microfinance commerciale a démontré qu'on peut obtenir de
l'information suffisante pour servir des millions d'emprunteurs rentables, avec
un très haut taux de remboursement.
L'épargne des pauvres :
Le système financier informel charge des taux
élevés. Ce qui représente un obstacle pour les individus
et les ménages pauvres. Les IMF en exerçant et en ciblant le
même marché que les systèmes informels arrivent à
atténuer cet obstacle. Enfin, le personnel des IMF ont une connaissance
intime des conditions locales, ce qui leurs permet d'absorber une grande
quantité de petites économies dans un bon rapport
coût-efficacité (Dicko, pp.7-8, 2009). Certaines gens
épargnent pour lisser les flux de revenus et de consommation: les
agriculteurs épargnent au moment de la récolte pour passer
à travers la pré-saison de "faim", tandis que les entrepreneurs
qui dirigent des entreprises de hautes et basses saisons, épargnent pour
les basses saisons pendant les hautes saisons. L'épargne des gens
à faible revenu sera utilisée pour les situations d'urgence, les
opportunités d'investissement les obligations sociales et religieuses,
l'éducation des enfants et à d'autres fins (Robinson, 2001).
1.2.1 Principes clés de la
microfinance
La microfinance est encadrée d'un ensemble de onze
(11) principes clés élaborés par le Consultative Group to
Assist the Poor (CGAP). Le CGAP est un consortium de 28 agences de
développement publiques et privées travaillant ensemble pour
étendre l'accès des pauvres aux services financiers (CGAP, 2004).
Ces onze principes sur la régulation et la supervision de la
microfinance sont formulés comme suit:
1. Les pauvres ont besoin d'un ensemble de services financiers
et pas seulement de prêts.
2. La microfinance est un outil puissant contre la
pauvreté.
3. La microfinance signifie construire des systèmes
financiers pour les pauvres.
4. La pérennité financière est
nécessaire pour atteindre un nombre significatif de pauvres.
5. La microfinance consiste à construire des
institutions financières locales pérennes.
6. Le microcrédit n'est pas toujours la solution.
7. Les taux d'intérêt plafonnés peuvent
pénaliser l'accès des pauvres aux services financiers.
8. Le rôle de l'état est celui d'un facilitateur,
pas d'un prestataire direct de services financiers.
9. Les fonds des bailleurs devraient compléter les
capitaux privés, pas les concurrencer.
10. Le manque de capacités institutionnelles et
humaines est la contrainte majeure.
11. La microfinance fonctionne mieux quand elle mesure et
diffuse ses performances.
Ces principes ont été endossés par le
Sommet du G8 à Sea Island, Géorgie, en juin 2004, au
cours duquel ses états membres se sont notamment engagés à
«augmenter le nombre, l'échelle et l'efficacité des
IMF».
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