3.2.2.3 Les évaluatifs axiologiques
C. Kerbrat-Orecchioni nous dit qu'à la
différence des évaluatifs non axiologiques, les évaluatifs
axiologiques portent sur l'objet dénoté par le substantif qu'ils
déterminent un jugement de valeur, positif ou négatif. Et donc
ils possèdent un double degré de subjectivité :
1) dans la mesure où leur usage varie avec la nature
particulière du sujet d'énonciation dont ils reflètent la
compétence idéologique ;
2) dans la mesure où ils manifestent une prise de
position en faveur, ou à l'encontre, de l'objet dénoté.
« Il s'avère que les adjectifs évaluatifs
sont tous subjectifs dans la mesure où ils reflètent certaines
particularités de la compétence culturelle et idéologique
du sujet parlant, mais ils sont à des degrés variables : d'abord
parce que les axiologiques sont dans leur ensemble plus fortement
marqués subjectivement
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que les autres ; ensuite parce que certaines disparités
de fonctionnement existent au sein même des deux classes. »
(Orecchioni 2006 : 106).
Exemple 27 « Oui, le régime
de circonstances exceptionnelles le plus fréquemment
utilisé sous la Vème République doit figurer dans notre
Constitution. Inscrire l'état d'urgence dans la norme
suprême permettra également d'encadrer davantage son
application, de la subordonner au droit et à la proportionnalité.
En gravant dans le marbre le caractère exceptionnel de
l'état d'urgence - c'est la définition même de
l'État de droit - nous garantissons que ses conditions de
déclenchement et de contrôle ne pourront être
allégées, demain, sans l'accord d'une majorité
qualifiée au Parlement ».27
Dans cet exemple nous avons d'abord souligné l'adjectif
exceptionnelles. Ce dernier porte un jugement de valeur positif et
détermine les détails et les particularités du
régime en question. Par le choix d'adjectif le locuteur confirme qu'il
s'agit d'un régime hors du commun ayant des circonstances positives et
uniques pour le pays. L'orateur manifeste sa prise de position en faveur de ce
projet de loi. Deuxièmement nous avons relevé l'adjectif
suprême qui possède un degré supérieur de
subjectivité par rapport au premier. Il s'agit également d'un
jugement de valeur positif et cet adjectif détermine le substantif
« norme ». Il est intéressant de préciser que cet
adjectif se caractérise par le degré le plus élevé
en valeur, le plus haut placé. Donc cette norme nommée «
suprême » peut être qualifiée de divine et sublime.
Nous avons de nouveau souligné l'adjectif exceptionnel
déterminant cette fois-ci le substantif « caractère
».
27Audition du Premier ministre et du ministre de la
justice devant la commission des lois du Sénat au sujet du projet de loi
constitutionnelle sur la protection de la Nation, au Sénat le 8 mars
2016
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L'énonciateur propose une évaluation concernant
l'état d'urgence et en particulier ses avantages irréprochables :
efficacité et stabilité.
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