3.2.2.2 Les évaluatifs non axiologiques
« Cette classe comprend tous les adjectifs qui, sans
énoncer de jugement de valeur, ni d'engagement affectif du locuteur (du
moins au regard de leur stricte définition lexicale : en contexte, ils
peuvent bien entendu se colorer affectivement ou axiologiquement), impliquent
une évaluation qualitative ou quantitative de l'objet
dénoté par le substantif qu'ils déterminent, et dont
l'utilisation se fonde à ce titre sur une double norme : 1) interne
à l'objet support de la qualité ; 2) spécifique du
locuteur - et c'est dans cette mesure qu'ils peuvent être
considérés comme subjectifs. » (Orecchioni 2006 :
97). Donc si nous comptons utiliser un adjectif évaluatif, il faut
savoir que cet usage correspond à l'idée que le locuteur se fait
de la norme d'évaluation pour une catégorie d'objets
donnée. En d'autres termes en présence d'adjectifs
évaluatifs non axiologiques, il s'agit toujours d'une comparaison, et en
particulier d'une hiérarchie au niveau de la conception du locuteur. A
titre d'exemple : « L'actuel
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Premier ministre de France est plus compétent que son
prédécesseur, et peut-être moins compétent que son
successeur». L'objet qui définit la norme d'évaluation est
en général plus familier à l'énonciateur que
l'objet à évoluer, c'est-à-dire tenir compte de sa
compétence culturelle, ainsi que de l'univers de discours auquel se
réfère la séquence évaluative.
Exemple 26 « J'ai déjà
eu l'occasion de le dire ici, après le 13 novembre, dans les
quarante-huit heures qui ont suivi, nous ne savions pas comment les choses
allaient se passer dans notre pays. Personne ne le savait. C'était la
deuxième attaque que nous subissions, et elle était bien plus
violente que celle que nous avions subie en janvier. Il y avait un choc,
un choc terrible. Nous étions à quelques semaines des
élections régionales. Nous sentions bien que la réaction
ne pouvait pas être la même que celle que nous avions eue,
collectivement, au mois de janvier, après les attentats contre Charlie
Hebdo, contre cette policière municipale de Montrouge ou contre l'Hyper
Cacher de la porte de Vincennes ».26
Cet exemple nous permet de constater qu'il s'agit, en effet,
d'une comparaison entre la première et la deuxième attaque
terroriste que la France a subie. La deuxième attaque est
qualifiée de plus violente, donc le degré de
subjectivité est supérieur et il s'agit d'une évaluation
de la part du locuteur. Cet adjectif nous fait comprendre et surtout imaginer
le grand nombre de dégâts et de conséquences majeures
à la suite de cet attentat. Cela veut dire que lors de la
deuxième attaque les terroristes étaient plus agressifs et
brutaux dans leurs actions. Menés par un sentiment de fureur ils
voulaient, sans pitié, s'attaquer à
26Discussion du projet de loi constitutionnelle,
adopté par l'Assemblée nationale, de protection de la Nation, au
Sénat le 16 mars 2016
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des gens innocents. Nous avons également souligner
l'adjectif terrible. Celui-ci décrit comment les citoyens ont
vécu cette attaque sanglante ; pourrait-elle être comparée
à un traumatisme émotionnel et psychologique ? Cet attentat
affreux a causé la mort de beaucoup de personnes et a provoqué un
deuil national. Et enfin nous avons relevé l'adjectif la même
utilisée dans une phrase négative afin de qualifier la
réaction des Français. Cet adjectif explique le fait qu'aucun
peuple ne pourrait s'habituer facilement à des attentats monstrueux,
à des terroristes impitoyables et à des scènes de guerre.
Par le biais de cet adjectif nous constatons que les citoyens ont réagi
différemment à l'égard de ces deux actes de barbarie.
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