6.5. Effets sur l'environnement
La dégradation de l'environnement dans la chefferie de
Ngweshe a connu son paroxysme à travers cinq facteurs
importants :
· L'expropriation des colons belges
· L'exploitation des carrières minières de
Luntukulu, Mukungwe, Nkombo et Kaji
· L'afflux des refugiés hutu rwandais avec les
camps de Cimanga (Mulamba), Nyamirangwe
(Ikoma) et Munya et Nguka (Nyangezi).
· Le feu des brousses
· Les pluies.
1°. L'expropriation des colons
belges
En 1974, le régime autoritariste de Mobutu avait
exproprié les colons belges, à travers une mesure politique dite
« zaïrianisation », de leurs biens et les a
cédés à des acquéreurs zaïrois, membres de
son parti unique : le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR).
Les expropriés, expulsés, alors du Zaïre (tel était
le nom de la RDC actuelle de 1974 jusqu'en 1997), ont cédé des
immenses plantations à des personnes qui n'avaient aucune
expérience dans la gestion, encore moins dans la tenue d'une plantation.
Au bout d'une année, toutes ces plantations
n'étaient plus que des brousses sauvages. Alors, les populations se
sont prises à elles et les ont décimées atrocement par le
feu, les machettes et les haches. Pour mesurer l'ampleur de ce sinistre, il
faut rappeler, que dans chaque groupement, il y avait de vastes espaces
cultivés de théiers et de quinquina. La disparition de ces
plantations n'a pas affecté que l'environnement, mais aussi le social et
l'économie, car tout le personnel local, usagé par les colons
belges, avait été mis au chômage.
2°. L'exploitation artisanale des
carrières minières
L'exploitation de l'or d'abord, puis de la cassitérite
dans la chefferie de Ngweshe, commence avec la politique de
libéralisation des produits miniers en 1974.
Ce sont les carrières de Mukungwe (Mushinga),
Nyamadawa, Mishege, Kashebeyi (Mulamba), Kaji (Kaniola), Nyamurhale (Lubona) et
les longs et dans les lits des rivières Nkombo et Kadubo qui sont les
carrières les plus fréquentées. Il y a eu d'autres petites
carrières disséminées un peu partout à travers la
chefferie.
Partout où il y avait ces carrières, on a
procédé à un déboisement systématique :
il fallait construire chaque fois des digues, des campements des exploitants
appelés localement les « creuseurs », se procurer du
bois de chauffe et de cuisine, fabriquer les outils d'exploitation en forme de
pirogue en bois, jeter de petits ponts sur les ruisseaux ...
Outre cette destruction végétale, on a
rasé toutes les pentes en amont concernées par l'exploitation, ce
qui a provoqué des glissements des terrains, l'infertilité des
sols, la destruction des cultures et des végétations se trouvant
dans des vallées et l'insalubrité et l'incommodité des
rivières, ruisseaux et sources existant en aval des espaces
exploités.
3°. L'afflux des refugiés hutu
rwandais
Le 6 avril 1994, les Présidents rwandais et Burundais,
Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira sont tués dans un crash
d'avion en provenance de la Tanzanie où les Présidents de la
Communauté Economique des Pays de Grands Lacs (Burundi, Rwanda et
Zaïre) participaient à un sommet des Chefs d'Etat portant sur
la crise politique au Rwanda, en particulier, et dans la région en
général
A l'issue de cette mort, des hostilités se
soulèvent directement au Rwanda entre les deux peuples rivaux
rwandais : les Hutu et les Tutsi. Il y eut des massacres spectaculaires,
chacune des deux tribus voulant exterminer l'autre. Les Nations Unies
qualifièrent ces massacres de génocide du peuple Tutsi par leurs
concitoyens Hutu. Les Hutu prirent fuite au Zaïre (RDC) : ils
s'installent d'eux-mêmes, dans un premier temps, dans les villes de
Bukavu et Goma (villes limitrophes avec le Rwanda), puis, quelques temps
après, ils s'en éloignent par le Haut Commissariat pour les
Refugiés (HCR). C'est alors que ceux qui étaient à Bukavu
s'étaient déplacés à l'intérieur du pays.
Pour le cas de la chefferie de Ngweshe, le HCR va constituer
de vastes camps des refugiés hutu rwandais à Nyamirangwe,
Cimanga, Munya , à Nguka ( voir supra). Ce sont de grands espaces verts
qui sont occupés par des milliers des rwandais et qui, au bout des
quelques semaines deviennent des terres nues. Toute la végétation
est abattue, rasée systématiquement.
Pour subvenir aux besoins culinaires des
réfugiés, le HCR entreprend une vaste campagne d'achat des
stères d'arbres à un prix extrêmement cher. Tous les arbres
sont abattus et vendus au HCR pour approvisionner les camps en bois de chauffe
et de cuisine, même les jeunes plants sont abattus et vendus, car
l'occasion était très propice pour se faire de l'argent au prix
du bois mort.
Outre ces abattages d'arbres et arbustes à grande
échelle, d'autres méfaits environnementaux ont vu le jour :
il fallait creuser des multiples latrines pour ces milliers des
refugiés, détruire tant d'espaces et d'espèces
végétales, gérer les ordures et s'adapter aux odeurs
asphyxiantes issues de tant de concertations humaines. Avec l'arrivée
des refugiés des hutus rwandais, l'environnement de la chefferie avait
été dégradé atrocement.
4°. Les feux des brousses : à ce jour,
malgré plusieurs cas interdisant les feux des brousses, plusieurs
collines sont ravagées par le feu en saison sèche. Ce sont,
essentiellement, les éleveurs qui, voulant renouveler fourrage pour
leur bétail attisent le feu sur les herbes sèches.
5°. Les pluies qui ont entrainé des crues, des
éboulements et des érosions.
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