6.3. Apport des Eglises
Il faut reconnaître qu'avant, comme pendant et
après les conflits, les Eglises ont joué un rôle
très déterminant dans la vie des familles de Ngweshe, tant sur le
plan moral, social, culturel qu'économique. L'Eglise, en fait, a
participé et s'est déterminée à façonner
l'homme rationnel, à le rendre responsable de lui-même et des
autres. Certes, cet objectif n'a pas été totalement atteint,
mais nous devons reconnaître que n'eut-été l'intervention
des Eglises dans la formation des esprits, l'homme de Ngweshe ne serait,
à ce jour, qu'à une étape similaire à
l'époque préhistorique.
Au cours de nos investigations, les Eglises locales
enquêtées, se sont vantées d'avoir maintenu la
cohésion sociale au niveau locale pendant et après les conflits.
En effet, les responsables des Eglises sont restées entrain de
prêcher l'Evangile, l'entraide mutuelle, l'appel à la
vigilance... ; elles ont mis à la disponibilité des
Humanitaires leurs locaux de travail pour servir d'entrepôts des vivres
et non vivres à distribuer aux familles en détresse. Elles ont
servi des cadres de concertation, de prise de conscience, d'organisation des
séminaires et des ateliers de formation, de dénonciation des
antivaleurs et des cas des exactions commises sur les populations en cette
période.
Les confessions religieuses non catholiques ont
condamné les prêtres catholiques d'avoir fui les fidèles.
Craignant pour leur sécurité, les prêtres catholiques sont
allés se refugier à Bukavu abandonnant leurs presbytères
et leurs fidèles à leur triste sort. C'est le cas des paroisses
catholiques de Burhale, Mubumbano, Kaniola, Ciherano qui sont restées
fermées pendant plus d'un semestre. Pendant ce temps, les pasteurs
protestants sont restés en train d'endurer les peines avec leurs
fidèles. Cela se comprend du fait que le mode de vie de ces ministres
de Dieu n'est pas identique : les prêtres catholiques, tout en
vivant avec la population se trouvent en dehors de celle-ci : ils n'ont ni
épouses ni enfants, ils peuvent n'avoir même aucun lien
génétique dans le milieu où ils prestent, tandis que le
pasteur protestant est totalement ancré dans son milieu de
prédication : il y vit avec son épouse et ses enfants et
partage les mêmes conditions de vie avec ses fidèles et son
patrimoine y est visible. Mais, nous reconnaîtrons que le statut du
prêtre catholique, de par son mode de vie, son patrimoine, sa
considération sociale dans son milieu, cela le rend plus
vulnérable en des périodes des troubles et, de ce fait, sa fuite
se justifie et est même recommandée en des temps instables. On a
connu, en fait, même en temps de paix, des attaques et des pillages des
maisons des prêtres et des couvents des religieux et religieuses tels
qu'à Nyangezi, Mubumbano, Burhale, Ciherano où ces cas se sont
montrés très récurrents.
La confrontation de toutes ces données discursives au
vécu quotidien nous incite à constituer des équations
symboliques du genre XA = YB.
|