6.2.3. Organisations locales actives à
Ngweshe
Suite à la multiplicité des associations qui se
proposent d'assister les familles de Ngweshe, nous préférons en
donner le nombre par groupement tout en reconnaissant que ce répertoire
n'est pas exhaustif et que le nombre élevé des associations ne
favorise en rien l'essor économique, politique et culturel de la
chefferie.
Tableau n° 24 : Nombre sommaire des
associations de Ngweshe par groupement
N°
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Groupement
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Nombre
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Domaine d'activités
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1
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Burhale
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22
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Agriculture, hydraulique rurale, coopératives de
dépathologisation
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2
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Ikoma
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54
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Regroupées en deux collectifs : Nyamugo et
Mparanyi
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3
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Irongo
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16
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Agriculture, alphabétisation, élevage ...
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4
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Izege
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06
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Agriculture, lutte ant-érosive
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5
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Kamisimbi
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19
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Agriculture maraichère, élevage ...
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6.
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Karhongo (Nyangezi)
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14
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Reboisement, agropastoral, formation en techniques culturales,
briqueterie...
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7
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Kaniola
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7
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Artisanat, agriculture, élevage
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8
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Lubona
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11
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Agriculture, élevage, briqueterie, habitat...
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9.
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Luchiga
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06
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Agriculture, drainage, habitat, animation...
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10.
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Mulamba
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10
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Forge, réparations appareils ménagers,
agropastoral...
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11
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Mushinga
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14
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Agropastoral, alphabétisation...
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12
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Nduba
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10
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Agropastoral, briqueterie, entraide mutuelle...
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13
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Tubimbi
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2
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Agropastoral,
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14
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Walungu
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18
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Agropastoral, habitat, promotion des ménages ...
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15
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Kamanyola
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13
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Agropastoral, transport, ...
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16
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Lurhala
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9
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Agropastoral, artisanat...
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TOTAL
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239
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Source : Bureau de développement de la
Chefferie de Ngweshe, janvier 2011.
Interprétation
Comme on peut le constater à travers ce tableau,
nombreuses d'associations opèrent à travers la chefferie. Cette
énumération par groupement n'est pas exhaustive, elle est
même à relativiser, car les associations naissent et meurent
précocement. Néanmoins, la Chefferie, à travers son Bureau
de développement, a énuméré certaines associations
par effet de leur visibilité sur le terrain ou par le simple fait
qu'elles sont enregistrées par la chefferie.
Ce que nous pouvons retenir de ces associations est qu'elles
représentent toutes les mêmes caractéristiques liées
aux règles du langage de l'ethnométhodologie. Il s'agit,
notamment, de :
· La règle de constance : ces
associations développent toutes le même discours ; elles
étalent l'état de la société en le
présentant sous un caractère fatal et exigent des autres
organisations plus stables, pour cet état, de l'appui financier et/ou
matériel ;
· Les règles de la cohérence
thématique : les thèmes développés
à travers les aspects discursifs de ces associations locales et
à travers leurs projets peuvent se regrouper en des thèmes tels
que le désespoir, l'espoir et l'autoprise en charge, tous ces
thèmes étant centrés sur quatre rubriques: la
misère et la pauvreté, l'insécurité, la
santé précaire et la faible historicité ;
· La fonction du récit : pour se
faire entendre, les acteurs de ces associations présentent la situation
sous forme d'un récit fatidique reprenant plus des faits horribles dont
la récurrence entrainerait des catastrophes. On assiste ainsi à
des amplifications des faits et phénomènes, des grossissements
des chiffres en rapport avec les personnes ciblées ou les victimes. A
titre d'exemple, le rapport des ONG sur le nombre des femmes violées est
de loin supérieur à la réalité des viols dans
beaucoup de villages de la chefferie. Il en est de même des projets
relatifs aux effectifs des enfants malnutris, et des veuves et orphelins des
guerres. Plusieurs associations opèrent sur le même terrain
indépendamment les unes des autres ; récoltent des chiffres
séparément et font la sommation au cours de leurs
assemblées ; ce qui fait que les mêmes chiffres pour les
mêmes faits sont communiqués par plusieurs associations, chacune
cherchant à se faire prévaloir par rapport aux autres.
· La place des interlocuteurs : les
associations en quête de financements ont toujours souhaité
être en contact physique direct avec les bailleurs des fonds ou leurs
représentants pour mieux entendre leurs voix et que ces derniers
s'apitoient sur la situation présentée.
Tout compte fait, toutes ces associations orientent leurs
activités dans plusieurs secteurs de la vie sans en avoir les
ressources humaines, matérielles et financières. Cette tendance
d'appropriation multisectorielle vise à s'hasarder de figurer dans le
dessein d'un éventuel et parfois improbable bailleur des fonds.
Malgré cette ruse, de trop embrasser, nous retiendrons que c'est
généralement, le bailleur des fonds qui édicte
lui-même, à l'organisation choisie comme partenaire ce qu'elle
doit faire, comment et quand le faire. C'est à ce titre que nous avons
estimé que les associations locales de développement n'ont ni
vocation, ni technicité, ni moyens. Elles ne sont qu'au service des
bailleurs des fonds. Fondamentalement, elles ne jouissent d'aucune
indépendance. C'est pourquoi, elles ont retenu plus les familles dans
l'esprit plus attentiste que praxéologique.
Malgré cet aspect très négatif
d'être peu entreprenant tel que constaté dans les villages
enquêtés, il est à noter que l'esprit de se regrouper
autour d'un problème et d'en chercher, malheureusement, des solutions
à travers des individus hors du groupe, cela a aidé les familles
à transcender l'aspect trop introverti, à s'ouvrir plus au
groupe et à tendre vers une certaine inventivité.
C'est cette inventivité qu'on retrouve à travers
tous ces villages des mamans associées dans des ristournes
appelées localement « likirimba ». (Il
s'agit d'un groupe des gens, généralement des femmes, environs
dix, qui se regroupent ; cotisent de l'argent, au montant uniforme ;
le prêtent à une des membres du groupe qui rembourse au terme
d'une semaine d'activités de négoce avec un très
léger intérêt de 1 à 2%. Le capital
récupéré est alors donné à une seconde
personne, et ainsi de suite. Le likirimba s'étend même
jusqu'aux travaux des champs : un groupe des femmes, quatre le plus
souvent, font la ronde de leurs champs pendant un jour convenu de la semaine.
On évite toujours les jours de marché. Pour un groupe ayant
choisi la journée de lundi, par exemple, une femme, membre du groupe,
connaîtra, dans son champ, la participation des trois autres femmes, et
au terme d'un mois, toutes ces femmes se seront assistées, toutes, une
fois par semaine.
Un autre élément positif pour les familles,
c'est cette ouverture au monde extérieur qui les pousse à penser
à quelqu'un de plus loin et en qui elles se confient, adressent leurs
besoins auxquels il satisfait pourvu que le groupe ait parvenu à
convaincre. Bien de familles ont accédé à l'aide de par
ces contacts. Alors qu'au départ, l'espace vital et relationnel ne se
limitait qu'au sein de son propre village et peut-être aussi à
quelques villages les plus proches.
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