La famille moderne est privée/publique
- Dans son dernier cours, Durkheim énonce le paradoxe de la famille
conjugale : à la fois de plus en plus privée et de plus en
plus publique. La centration sur les personnes, le processus
d'indépendance de la famille par rapport à la parenté et
au voisinage se redouble d'une logique de plus en plus dépendante de
l'Etat. L'Etat est devenu un facteur de vie domestique.
- La famille moderne est sous surveillance. Il existe un contrôle sur
la vie privée. Dès la fin du XIXe siècle, pour limiter le
droit de correction paternelle, des règles juridiques ont
été édictées. Le père n'est plus le chef
incontesté de la famille, la famille devient moins patriarcale.
- Il est bon de signaler que toute famille a pour soubassement le mariage
dont on peut distinguer, à ce jour cinq formes : un homme et une
femme (monogamie) ; un homme et plusieurs femmes
(polygynie) ; une femme et plusieurs hommes
(polyandrie) ; plusieurs femmes avec
plusieurs hommes (mariage par groupes) ; un
homme avec un autre homme ou une femme avec une autre femme :
mariage homosexuel. Ici, il faut différencier
les gays de lesbiennes, les uns étant des hommes
mariés entre eux-mêmes, les autres étant des femmes
liées par une relation de mariage.
- Il faut faire remarquer que ce genre de mariage homosexuel n'existe pas
officiellement en République Démocratique du Congo, mais des
sources historiques renseignent qu'il a existé à Ngweshe des cas
où certains nobles se servaient de leurs sujets masculins pour
satisfaire leurs plaisirs sexuels. Ces hommes par lesquels les plaisirs sexuels
étaient satisfaits par leurs chefs coutumiers, étaient
appelés « ntazi » dont certains, selon les
mêmes sources, étaient castrés. Les ntazi, bien
que des hommes masculins à part entière, avaient un comportement
féminin sur le plan morphologique, physique, verbal, gestuel et
même au niveau de la démarche. Avec l'avènement du
christianisme, cette pratique homosexuelle a disparu au sein de la chefferie de
Ngweshe. Les ntazi pouvaient être associés à ces
hommes castrés appelés eunuques qu'on trouvait au Moyen - Orient.
- Actuellement, le mot « ntazi » existe encore
dans le parler de Ngweshe sous forme d'injure. On appelle quelqu'un sous
ce terme pour l'injurier, se moquer de lui ; lui signifier qu'il n'est
pas homme ou pas du tout viril, qu'il est
« femme »pour d'autre hommes.
- Retenons, en définitive, que la famille
traditionnelle a perdu une part de sa légitimité, elle
était patriarcale, communautaire, paternelle et ses enfants
appartenaient à toute la communauté. La famille
contemporaine est conjugale, elle succède à la famille
paternelle. Elle s'autonomise, s'individualise, s'autorégule et fait ses
propres enfants par son propre dessein. On l'appelle une famille
instituante, celle qui s'autorégule elle-même,
trace ses règles de conduites et ses stratégies d'actions, elle
est moderne. Elle diffère de la famille dite
instituée, celle basée sur des
règles préétablies traditionnellement, une famille
ancienne vivant sur orientations des coutumes, des traditions, des mythes et
des interdits ; une famille embrigadée, non libre.
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