II.2. CROISSANCE URBAINE DE KINSHASA
La ville de Kinshasa fut fondée en 1881. Son histoire
et ses origines remontent à 1887, lorsque l'explorateur Henry Morton
STANLEY atteignit le Pool Malebo qu'il baptisera du nom de Stanley Pool. Cette
région comprenait plusieurs villages habités par quelques ethnies
dont la plus importante est celle de BAHUMBU.
Kinshasa, alors appelée Kintambo et Lemba, deux grands
villages qui la dominaient, constituera un endroit stratégique
d'installation coloniale. C'est par un acte conclu avec le Chef
Batéké-Ngaliema que Stanley aura l'autorisation de rejoindre la
rive gauche pour s'installer sur cette colline surplombant la baie de Ngaliema.
Cette station, en 1881, lors de son deuxième voyage, fut
dédiée au mécène et ami des géographes,
Léopold II, sous le nom de Léopoldville. Cependant, les
autochtones continueront à l'appeler par le nom de Kinshasa, nom
dérivant de « Nshasa » qui signifie en langue Teke «
échange ». C'est à partir de cette baie que
l'agglomération de Kinshasa a pris naissance sous l'appellation de
Léopold II actuelle commune de Kintambo. Puis les autres communes ont
pris naissance. Il s'agit notamment des communes de Kinshasa, Barumbu, Lingwala
et Gombe22.
En 1910, Léopoldville a moins de 10 000 habitants.
L'arrivée du rail Matadi-Léopoldville (1890-1911) change bien de
choses. Les hommes d'affaires et l'administration demandent le transfert de la
capitale de Boma à Léopoldville.
En 1922, la ville compte plus de 17 000 habitants et se
développe au sud de la ligne de chemin de fer (le tracé du chemin
de fer suivait progressivement l'actuel Boulevard du 30 Juin). Le district
urbain couvre plus de 700 ha jusque dans le courant de l'année 1923.
La période de 1923 à 1929 est celle des grands
investissements et des recrutements de mains d'oeuvres. La population Kinoise
passe de 23.730 habitants en 1924 à 46.088 habitants en 1929.
Celle de 1935 à 1945 exprime une croissance continue
avec une accélération particulièrement sensible dans les
années dites de « l'effort de guerre ». La population active
double de 1940 à 1945, passant de 22.193 à 46.858
22 Maison communale de la Gombe, Secrétariat, Historique
de la commune de la Gombe
42
habitants et la population totale passe pour la même
période d'observation de 49.972 à
101.501habitants23.
Les études minutieuses de l'Office des Cités
Africaines (OCA), menées à Bruxelles en 1949, aboutirent à
la mise en place dans la décennie 1950, à des zones d'habitats
homogènes bien équipées, c'est-à-dire les
cités planifiées : Dendal (Kasa-Vubu), Yolo, Bandalungwa, Lemba,
Matete et Ndjili. La ville s'étire ainsi de 2 300 ha en 1950 à 5
512 ha en 1957.
Après 1960, l'autorité administrative s'effondre
et se révèle incapable de s'imposer vis-à-vis des
populations qui refusent d'affronter les rigueurs de la loi sur l'urbanisme.
A l'est, autour de Ndjili les extensions se font certes dans
l'anarchie, mais pas dans le désordre. Les chefs coutumiers qui
détiennent la terre poursuivent le morcellement parcellaire en
prolongeant mutatis mutandis le plan mis en place par l'Etat. La conquête
de la plaine de l'est ne pose pas tellement de problèmes aux occupants,
car la trame s'étire sur une zone plane. En 1967, Ndjili, la ville
satellite n'est plus tout à fait isolée car une demi-couronne
d'auto-construction l'encercle et donne naissance aux communes
périphériques de Kimbanseke et de Masina.
Par contre, au sud et à l'ouest, l'urbanisation
laissée aux chefs coutumiers prend rapidement une tournure dramatique.
Les constructions s'emparent des pentes raides en détruisant toute la
végétation. Ces occupations finirent par engendrer les communes
d'extension de Ngaliema, Bumbu, Ngaba, Kisenso, et plus tard
Mont-Ngafula24.
La population de Kinshasa triple entre 1960 et 1975 au moment
où la ville accroît quatre fois de plus sa superficie, et en 2.000
on notait 6.500.000 habitants sur 60.000 hectares. Léon de Saint
Moulin(1976) a dit à juste titre que l'on ne peut donc pas stopper un
dynamisme démographique aussi profondément enraciné.
L'agglomération de Kinshasa s'étire donc de
toute part mais les routes de circulation ne suivent pas.
23 Léon de Saint Moulin, 1976, contribution
à l'histoire de Kinshasa, in Zaïre Afrique, n° 108, CEPAS,
Kinshasa.
24MPURU M.B. et MBULUKU N., Crise de la planification
de la métropole congolaise, Kinshasa, Annales de l'IBTP, n°7,
octobre 2008, pp 33-46.
Tableau n°7: Evolution démographique et
spatiale de Kinshasa (1960-2010
Année
|
Population
|
Superficie (ha)
|
1960
|
476.819
|
4.100
|
1967
|
864.284
|
9.400
|
1968
|
939.317
|
12.863
|
1975
|
1.679.091
|
17.922
|
1981
|
2.567.166
|
20.160
|
1984
|
2.664.309
|
-
|
1998
|
4.131.845
|
59.000
|
2000
|
6.500.000
|
60.000
|
2005
|
7.000.000
|
-
|
2010
|
9.500.000
|
-
|
43
Source : Mpuru M.B. et Mbuluku N.
(2007)
Le tableau n°4 retrace une évolution spatiale
consécutive à la croissance vertigineuse de la population de
Kinshasa due principalement à l'exode rural et aux
déplacés de guerre. Cette croissance est due à la
croissance naturelle, à l'exode et au manque d'aménagement des
espaces ruraux autour des villes moyennes se trouvant directement dans la Zone
Economique de Kinshasa. Il s'agit de Kasangulu et de Kisantu dans le Bas-Congo,
et de Kenge et Kikwit dans le Bandundu mais aussi de certaines autres ville et
cités des pays voisins de Kinshasa.
Ce qui fait que de nos jours, en l'absence d'une auto
construction assistée, il résulte que les quartiers de la ville
de Kinshasa sont sous-équipés, épuisés par une
forte concentration urbaine et sa population est confrontée à
d'énormes difficultés de logement.
Le ministère du plan estime qu'il faudrait créer
3000 logements sociaux chaque année por espérer contenir cette
pression démographique.25
Nous lisons ci-haut, un manque de volonté politique
dans le chef des décideurs qui ne font pas de la production de l'habitat
une priorité sociale mais nous devrions aussi soulever le fait que toute
l'énergie des responsables a été tournée pendant
plusieurs années vers la recherche des solutions politiques
25
www.onu-habitat.com
44
face aux crises qui se succèdèrent dans le pays
et qui a poussé plusieurs investisseurs à se resigner de
s'engager dans l'habitat. La résultante de cette situation est le
développement chaotique de l'habitat dans laquelle se trouve la ville de
Kinshasa actuellement.
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