3. Le jumelage, entre échange et
compréhension de l'Autre.
Le principe du jumelage entre communes de deux États
différents s'est répandu au sortir de la seconde guerre mondiale.
Il s'agissait alors de sceller la paix entre la France et l'Allemagne «
par le bas », en créant suffisamment de liens entre les
populations. Les premiers partenariats avec des communes du Sud sont apparus
dans les années 1970, dans un contexte de tiers-mondialisme et de
non-alignement. Encouragés par la Fédération Mondiale des
Cités Unies (FMCU), association de 1400 collectivités locales,
réparties dans plus de 80 pays depuis 1957, les jumelages sont
présentés comme un moyen de progresser vers des relations
internationales apaisées. En 1997, les Assises du développement
et de la solidarité internationale font mention du concept de «
coopération de société à société
» pour définir le jumelage, faisant de la coopération une
affaire plus uniquement propre à l'État.
Concrètement, l'idée d'un jumelage peut avoir
plusieurs origines. Cela peut être la municipalité avec un maire
ayant sondé son conseil municipal sur l'opportunité d'un jumelage
ou un groupe d'habitants, ou encore une association à l'origine d'un
projet de ce type. Ensuite, un certain nombre de points communs doivent exister
entre les futures communes pour procéder à un jumelage. La taille
de la commune est importante, le nombre d'habitants devant être
sensiblement équivalent puisque les échanges nécessitent
la réciprocité des capacités d'accueil. Le type de commune
(rurale, urbaine, semi-urbaine) et le tissu sociologique-économique et
associatif sont également importants car le jumelage sert à
apaiser ou prévenir des tensions qui sont susceptibles
d'apparaître entre les communes et de créer du lien social
auprès des populations à travers des échanges
socioculturels.
L'idée que les jumelages constituent un moyen vital
d'amener l'Europe aux citoyens par-delà les frontières
nationales, un moyen d'ériger une Europe unie et pacifique avec
l'approbation de sa population, est entre autre défendue par le Conseil
des communes et régions d'Europe (CCRE). Cette association à but
non lucratif considère que renforcer la contribution des
collectivités locales et régionales en influençant les
politiques communautaires est le moyen majeur pour influencer l'avenir mondial.
Fin 2008, le CCRE a lancé un nouveau site sur les jumelages qui
constitue un lieu de rencontre virtuel en plus de vingt langues pour les
collectivités locales. Le Maroc a accepté le jumelage avec
18
la France. Plus de quarante jumelages s'effectuent
actuellement dans le cadre de la coopération décentralisée
franco-marocaine, s'étendant à différents domaines
(économie, agriculture, aménagement urbain, gestion de l'eau,
transport, éducation, culture, ...).
Si la mondialisation et le poids du passé ont
bouleversé les relations internationales et transnationales en faisant
de l'espace mondial un théâtre de la réconciliation, il est
intéressant de s'interroger sur l'enjeu plus spécifique
soulevé par ces actions. En effet, coopérer avec l'autre, se
jumeler pour créer du lien, ne semble pouvoir s'envisager sans partager
des valeurs similaires. Depuis la dernière décennie, il semble
que la place de la femme soit un de ces enjeux, tant d'un point de vue mondial
que national.
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