B. Relations France-Maroc : le poids du passé
1. Le traumatisme de la colonisation
Le colonialisme désigne un « processus par
lequel les grandes puissances européennes imposèrent leur emprise
sur le reste du monde. Aucun continent n'a échappé entre le
XVème et le XXème siècle, à cette dynamique
historique poussant les États à s'emparer par la force et
à s'implanter sur des territoires auxquels ils imposent leur
domination
7 Ibid. p.82
8 Daniel Tremblay, Un monde transnational est
possible : Mutation des frontières internationales. L'Harmattan,
2010
9 Ibid. p.261
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politique, économique et idéologique
10». Cette notion est au coeur des relations entretenues
entre la France et le Maroc. Il semble important de la mettre en
évidence et de la comprendre car elle est à l'origine de la
plupart des liens entretenus par les pays par la suite.
Le 30 mars 1912 était signé à Fez le
Traité de Protectorat qui allait être abrogé 44 ans plus
tard, le 2 mars 1956. Ce régime politique mis en place entre la
Troisième République française et Moulay Hafid, sultan
marocain, a fait de ce dernier un élément symbolique pour le pays
et du pouvoir exécutif le représentant de la France. Cette
situation coloniale a créé un essor économique marocain
considérable mais également un sort drastique fait d'oppressions
et d'exploitation pour la population.
Face à la volonté de la France d'implanter sa
propre administration sur les terres marocaines et de diviser les populations
arabes et berbères, une agitation nationaliste a été
déclenchée avec la guerre du Rif organisée par Mohamed ben
Abdelkrim El Khattabi. La défaite française de 1940, l'occupation
anglo-américaine de l'Afrique du Nord à partir de 1942, ont
affaibli le prestige de la France et favorisé la création d'un
parti nationaliste qui a réclamé l'indépendance, le
Mouvement National Marocain (MNM). Après vingt ans de bataille contre
ses colonisateurs, l'indépendance marocaine a été
remportée. Ce fut l'une des plus courtes expériences de
colonisation de l'histoire, d'un point de vue culturel et idéologique,
le Maroc a été le moins touché des trois pays
maghrébins. Cependant celle-ci a marqué à jamais le cours
de l'histoire contemporaine du Maroc, le liant définitivement avec son
colonisateur, l'État Français.
La Déclaration de la Celle Saint Cloud, signée
le 6 novembre 1955 entre la France et le Maroc a fait apparaitre, pour la
première fois dans le lexique français de la
décolonisation, la notion « d'indépendance ». L'absence
de référence au texte du traité de Fès, qui
scellait le protectorat, renforçait la notion, toutefois assortie du
terme « interdépendance » : « l'indépendance dans
l'interdépendance ». L'expression fut placée au coeur des
négociations pour la décolonisation mais son contenu
évolua jusqu'à disparaitre au profit de la notion nouvelle de
« coopération ».
10 Définition extraite du Dictionnaire
des relations internationales de 1945 à nos jours, Frank Attar, Ed.
du Seuil, 2009
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