Pour P. Dabrowski (Interdépendance du tourisme et
de la protection de la nature. In Unasylva, vol.47, n° 186, FAO,
Rome, 1994, pp. 42-44), « la conservation de la nature et le
tourisme, au sens où nous les entendons aujourd'hui, remontent à
la première moitié du 19ème siècle et se
sont développés dans une large mesure en parallèle.
». Le même auteur précise que leur origine commune
était liée aux sentiments que les personnes pouvaient ressentir
à l'égard de la nature sauvage puisque celle-ci devenait de plus
en plus un lieu privilégié pour certaines activités
récréatives. Depuis lors, la nature est devenue une valeur en soi
et la recherche du contact avec celle-ci une des causes du développement
du tourisme129.
(...) les paysages pittoresques font des Monuments Naturels
de l'Est une aire protégée particulière avec des attraits
touristiques très importants130.
129 RWANYIZIRI G., Populations et aires
protégées en Afrique de l'Est, Université Michel de
Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
130 Plan de Gestion, Op. Cit ; p 7
53
Néanmoins, dans bien des pays, et en particulier dans
ceux de l'Afrique de l'Est, l'accès aux espaces protégés
n'est plus sévèrement réglementé. En
conséquence, ils reçoivent chaque année un nombre de
visiteurs qui est très élevé quelquefois par rapport
à leur capacité d'accueil. Ce qui n'est pas du tout mauvais pour
leurs gestionnaires puisque ces derniers ne visent que les
intérêts lucratifs. Par contre, certains d'entre eux ne
parviennent pas à réaliser les conséquences de cet afflux
des touristes sur le milieu naturel, alors que des études menées
dans ce domaine révèlent qu'une fréquentation trop forte
entraîne la dégradation de l'écosystème à
l'intérieur des espaces protégés131.
L'INECN pourra collaborer avec les communautés locales
pour mettre en place un système de vente et de commercialisation des
produits artisanaux d'intérêts touristiques. A partir des revenus
engendrés par l'écotourisme, une partie des recettes sera
affectée à la conservation des monuments tandis qu'une autre sera
utilisée pour le développement socio-économique des
populations locales riveraines. En contre partie, ces populations
s'impliqueront activement dans la protection des ressources132. Une
protection efficace des Monuments Naturels de l'Est du Burundi ne peut en aucun
cas se séparer des activités de développement
socio-économiques de la région. La gestion de ces aires en
défens doit s'intégrer dans le plan de développement de la
région de Nkoma. Etant donné que la protection des monuments est
fondée sur l'écotourisme, ce sont les revenus issus de ce secteur
qui doivent contribuer au développement socio-économique des
communautés.
B. Autres types d'exploitation
En premier lieu, du fait que les Monuments naturels restent
mal connus dans plusieurs aspects, il faut donc envisager des activités
de recherche approfondies notamment :
- une étude phytogéographie de la flore des
failles de Nyakazu ;
131 RWANYIZIRI G., Populations et aires
protégées en Afrique de l'Est, Op. Cit.
132 Plan de gestion et d'aménagement des Monuments
Naturels de l'Est du Burundi
54
- un inventaire exhaustif de la flore et de la faune ;
- une étude des plantes médicinales
utilisées par les communautés locales ;
- Etudes de la dynamique et de l'écologie des
espèces comme Onychognathus morio et Papio anubis;
- Etude de l'évolution de la végétation des
failles dans un contexte paléoclimatique.
En plus, les activités de protection des Monuments
Naturels de l'Est du Burundi doivent s'accompagner par des activités de
développement. C'est à travers ces activités que des
partenaires de développement et les communautés locales
pourraient s'impliquer davantage dans la conservation. Le programme de
développement peut se situer à trois niveaux :
- Exploitation des ressources naturelles des Monuments
Naturels;
- Introduction des alternatives aux ressources biologiques
vulnérables;
- Promotion du développement socio-économique
en faveur des communautés riveraines.
A ce premier point, les ressources des Monuments Naturels
susceptibles d'être rationnellement exploitées sont
essentiellement l'eau et les bambous (Oxythenanthera abyssinica) et
cordes (Smilax kraussiana). Ces ressources participent dans la survie
des populations locales et il faut promouvoir le développement de ces
activités en faveur des communautés.
L'exploitation individuelle de l'eau des rivières
alimentant les chutes se pratique de nos jours au niveau des Chutes de Karera
pour des besoins de boisson, d'irrigation des champs, de fabrication des
briques et de lessivage des habits. Mais, ces activités d'irrigation et
de fabrication des briques sont inquiétantes du fait qu'elles consistent
à dévier les eaux de rivière Nyakayi avant qu'elles se
déversent dans les chutes. Il en découle une diminution des eaux
au niveau des chutes qui en perdent l'aspect touristique. Pour arriver à
gérer rationnellement cette ressource eau, des mesures s'imposent visant
la construction des bacs d'eau qui se remplissent d'eau la nuit pour
l'irrigation des champs et la fabrication des briques.
55
L'exploitation des bambous pour la fabrication de divers
objets artisanaux peut être permise dans certains endroits
indiqués par le conservateur sur place au niveau de la zone
gérée des Failles de Nyakazu. Pour arriver à une gestion
rationnelle de ces bambous, des mesures s'imposent visant la fixation d'un
calendrier de coupe de ces bambous, l'octroi des permis de coupe aux
exploitants de bambous ainsi que l'établissement d'un programme
d'exploitation de bambous matures.
§ 2. Gestion des ressources
budgétaires