1.3. Les TPO dans le monde
La pratique des TPO dans le football se répand de plus
en plus en Europe. Mis à part la France, le Royaume-Uni et la Pologne
où ces fonds d'investissement sont interdits, tous les autres pays sont
ouverts ou du moins n'interdisent pas cette pratique.
Certains diront que même en Pologne on y trouve des cas
de tierce propriété. En tout cas, le fait de savoir s'ils
utilisent ou interdisent cette pratique en Pologne n'est pas très
important par rapport à ce que ce pays représente dans le
football européen.
Cette carte ci-dessous nous montre les différents pays
qui ont recours à la pratique des TPO et leur fréquence plus ou
moins élevée.
16
On peut estimer le marché des TPO entre certains pays
européens. Il y a tout d'abord les pays de l'Europe de l'est comme la
Serbie et la Bulgarie ainsi que le Portugal où cette pratique est
très courante. En effet, dans les pays de l'est de l'Europe, 40 à
50% du marché total des transactions sont sous le système de TPO,
soit quasiment un transfert sur deux à recours à un fonds
d'investissement.
Au Portugal, c'est à peu près 300 millions
d'euros la valeur du marché des joueurs de football sous les TPO, ce qui
représente plus ou moins 30%. Ce qui est énorme lorsqu'on sait
que les fonds d'investissement n'investissent seulement que dans des joueurs de
football de moins de 26 ans.
Enfin l'Espagne reste un pays ayant assez souvent recours
à cette pratique, soit 200 millions d'euros à peu près la
valeur du marché des TPO.
En tout, ces pays qui sont le Portugal, l'Espagne et les pays
de l'est représentent 88% du marché des TPO en Europe.
![](La-multipropriete-des-joueurs-de-football-professionnel6.png)
Source : KPMG
D'autres pays comme l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la
Belgique, la Suisse ou encore la Russie, n'ont pas interdit cette pratique mais
l'utilisent très rarement (seulement entre 1 et 4% du marché)
sûrement car ce sont des pays qui ont un lien moins important avec les
pays d'Amérique du Sud contrairement à l'Espagne et au
Portugal.
17
Le tableau ci-dessus montre une estimation du marché
des joueurs sous TPO en Europe, on constate qu'en Europe de l'est 50% des
joueurs ont à faire à des sociétés
d'investissement, au Portugal, on estime qu'un joueur sur trois appartient en
partie à une tierce partie.
En terme de chiffre, KPMG qui est l'auteur de ce schéma
estime que les TPO représente entre 723 millions d'euros et 1,1
milliards d'euros en Europe. Ce n'est vraiment pas une minorité et donc
c'est quelque chose qu'il faut prendre au sérieux.
Il est vrai que les TPO sont généralisés
dans les pays d'Amérique du Sud, notamment au Brésil et en
Argentine. Ce sont des pays où les joueurs de football sont très
convoités par les clubs européens dus surtout à leur
talent incontestable et cela les investisseurs l'ont très bien compris.
Quasiment tous les joueurs Sud-Américains appartiennent à un
fonds d'investissement car les clubs sont trop endettés pour pouvoir
posséder 100% des droits économiques de tous leurs joueurs.
En Amérique du Sud, ce sont les clubs eux-mêmes
qui veulent avoir recours à des fonds privés. Les clubs sont
à la limite de la faillite et ils sont dans l'obligation d'avoir
à faire à un financement externe. Pratiquement tous les jeunes
joueurs de football professionnels d'Amérique du Sud sont
possédés par une tierce partie. Encore plus vrai si le joueur est
prometteur, alors une forte concurrence tournera autour de lui pour s'emparer
de ses droits économiques. En effet, plus le joueur est jeune et
prometteur, plus il y a de chance de faire une grosse plus-value. Cela fait
quelques années maintenant que cette pratique est répandue dans
ce continent et les clubs ne peuvent même pas imaginer une interdiction
des TPO dans l'immédiat. Trop de clubs dépendent ce ces
investisseurs, certains clubs ne s'en remettraient sûrement pas si jamais
les TPO venaient à être réellement supprimées. C'est
un système qui en France est très peu connu, en Europe commence
à prendre une certaine ampleur, mais en Amérique du Sud cela fait
déjà plusieurs années que ces fonds d'investissement ont
émergé dans le football, la plupart des gens trouvent cela «
normal ». On peut vraiment dire que cette pratique est entrée dans
les moeurs, un peu à l'image des agents de joueurs en France. Tout le
monde sait que chaque joueur professionnel possède un agent de joueur,
et que si l'on apprend qu'un joueur professionnel n'a pas d'agent de joueur,
cela surprendrait plus d'une personne. Avec les TPO, les Sud-Américains
se trouvent un peu dans la même philosophie, et seraient plutôt
surpris si de jeunes joueurs prometteurs appartiennent à 100% à
leur club. Il y a vraiment une différence sur la façon de penser
par rapport à cette pratique entre les différents pays.
18
|