Analyse de la chaà®ne de valeur des produits de pêche dans la cité d'Uvira: cas de stelothrissa tanganicae "ndagala"( Télécharger le fichier original )par Gabriel Bushiri Sunza Université Évangélique en Afrique /UEA/BUKAVU - Licence en économie rurale 2015 |
II.1.2.1Caractéristique du lac TanganyikaII.1.2.1.1 Structure du lac Tanganyika Le lac Tanganyika a une superficie de 32 900Km2 avec une profondeur de 1 320m dans le bassin Nord et 1 470m dans le bassin Sud et une moyenne de 700m. il est partagé entre quatre pays dont le Burundi avec une superficie de 8%, la République démocratique du Congo avec une superficie de 45%, la Tanzanie et la Zambie avec une superficie respectivement de 41% et de 6%. II.1.2.1.2Température de SalinitéDans notre zone d'étude comme dans tout le Lac Tanganyika, le lac a une température comprise entre 23°C et 27°C et une PH de 8.6 à 9.2 avec une salinité d'environ 46m/l. la zone oxygène se trouve sur une profondeur de -70m au Nord et de -200m au Sud. II.1.2.1.3 Richesses marines Le lac Tanganyika est connu dans le monde entier qu'il contient au moins 250 espèces de poissons cichlides et 150 espèces non cichlides dont la plupart vivent le long de la côte à une profondeur d'environ 280m.(FAO, 1992) Néanmoins, la plus grande partie biomasse de poissons se trouve dans la zone pélagique (les eaux ouvertes) et elle est dominée par six espèces dont deux clupéidaes (Stelothrissa Tanganicae et le limnothrissa miodon) et quatre prédateurs latidaes (lates Stappersii, lates angustifrons, Late mariae et Late microlepis). Les trois dernières sont devenues plutôt accidentelles (Yves FERMON, 2007). 27 Figure n° 1 : Les tendances évolutives annuelles des productions de poissons par espèce Source : IPAPEL, 2011- 2015 II.1.2.2 La pêche artisanale dans la cité d'UviraII.1.2.2.1DescriptionLa pêche artisanale pratiquée sur le lac Tanganyika constitue par conséquent, une source important de nourriture et de protéines animales et assure également l'emploi direct et indirect et de revenus aux communautés locales environnantes. (IPAPEL, 2013) Plusieurs matériels de pêche sont utilisés dont notamment les pirogues en planche de bois, les filets carrelets, les rames, moteur hors-bord, filet dormant fishing, senne de plage,lampes tubes et Anchors, les Batteries, les Hameçons, Palangres ou ligne simple pratiquée à l'aube. La pêche artisanale dans le territoire d'Uvira est pratiquée sur 10 sites (plages) de pêche artisanale dont notamment la plage de Kilomonie II, Kilomonie I, Kasenga, Mulongwe, Kalundu, Lalungwe, Kabimba, Katongo, Kigongo, Makobola. Parmi ces plages, 5 premières seulement sont contrôlées par la cité d'Uvira dont notamment Kilomonie II, Kilomonie I, Kasenga, Mulongwe, Kalundu, Lalungwe (IPAPEL, 2015). I.1.2.2.2 La production au cours de 5 dernières années Tableau n° 2 : évolution de la production
des poissons du lac Tanganyika par espèce
Source : IPAPEL, 2011- 2015 Ce tableau présente la production des 9 espèces de poissons fréquemment produites 2011 2012 2013 2014 2015 Somme de Lates mariae / Sangara Somme de Autres especes Somme de Tilapia Tanganicae Somme de Dinopterus Cuniuingtoni ( Singa) Somme de Lates Macrolepis ( Babuso) Quantités en Kg nt 200000 en 400000 600000 0 dans le lac Tanganyika pendant les 5 dernières années et qui sont pris en compte par l'IPAPEL. 28 Cette figure visualise la tendance évolutive de la production des poissons du lac Tanganyika durant les 5 dernières années présentées dans le tableau n°2 : Partant de ce graphique, la production de Stelothrissa Tanganicae (Ndagala) est dans une évolution croissante que toutes les autres espèces. Cette augmentation est due à l'augmentation de nombre des unités de pêche visant cette espèce (de 181unités en 2011à 215 unités en 2015) (IPAPEL, 2015). Pour ce qui est de limnothrissa miodon (Mbiya), elle a une tendance décroissance. C'est en 2012 qu'elle a augmenté puis baissé en 2013 avec une petite augmentation en 2014 et continue à baisser jusqu'en 2015. La courbe de tendance de Lates Stappersii Juvenile (Nyamunyamu) était à la baisse durant les trois premières années et une croissance débutant juste à l'année 2014 jusqu'en 2015. Pour les autres espèces, leur production est encore faible. Cela peut s'expliquer par le fait que les techniques de pêche de ces espèces sont peu développées. Tableau n° 3 : Analyse de la représentativité des espèces capturées dans la production totale
Source : IPAPEL, 2011- 2015. 29 82% 0% 0% 0% 0% 5% 7% 6% Autres especes i Dinopterus ii Cuniuingtoni ( Singa) Lates l Macrolepis (
Babuso) Lates Stappersii l
juvenile ( Nyamunyamu ) Tilapia Tanganicae Figure n° 2 : les parts des espèces des poissons dans la production totale Source : IPAPEL, 2011- 2015. Partant de ce tableau n°3 et de la figure n°2, il est clair que la quantité produite de Stelothrissa Tanganicae (Ndagala) représente elle-même 81.86% de la production totale produite pendant les 5 dernières années avec une moyenne annuelle de 298338Kg équivalent à 298.338tonnes et un coefficient de variation de 0,6 expliquant une forte dispersion des quantités produites de cette espèces durant les 5 dernières années. Quant au Mbiya, Mikeke et Nyamunyamu présentent respectivement 6%, 7% et 5% de la production totale et des moyennes annuelles respectives de 23.013tonnes, 15.963tonnes et 25.195tonnees avec des coefficients de variation respectifs de 0.5, 0.6 et 1.2. Les autres espèces telles que le Late mariae, Lates Macrolepis (Babuso), Dinopterus Cuniuingtoni (Singa), Tilapia Tanganicae et Autres especes représentent des parts très faible dans la production totale des poissons enregistrées par l'IPAPEL dans tout le territoire d'Uvira ; mais celles-ci présentent des plus grands coefficients de variation dans leurs évolutions annuelle de capture. II.1.2.3 La pêche artisanale des Fretins dans la cité d'Uvira Dans la plupart des cas, la pêche est pratiquée généralement la nuit, souvent à l'aide des techniques reposant sur l'attraction des poissons par la lumière artificielle. Les rythmes de pêches sont à cet effet fortement influencés par les cycles lunaires et des vents violents rendant ainsi des efforts de pêche et des productivités généralement faibles à certains moments. Cette pêche est axée principalement sur les poissons pélagiques. (Yves FERMON, 2007). 30 II.1.2.3.1 Les engins ciblant les Fretins (Stelothrissa Tanganicae) A Uvira, la pratique de la pêche artisanale de Stelothrissa Tanganicae (Ndagala) se fait à l'aide barques (pirogue) constituées en bois, ayant une longueur moyenne de 6 à 8 m de long reliées par des perches en bois, équipées de 4 à 12 lampes tubes et Anchor (IPAPEL,2015), d'un filet Senne de plage avec lumière (Robert L. , 2000) ou filet carrelet de 60 à 80 m de circonférence ou 60 à 100 m s'il s'agit d'un Apollo, de 4 à 8 pêcheurs et propulsées, le cas échéant, par un moteur de 25 CV à 40CV (IPAPEL,2015). C'est une pêche où les pêcheurs cherchent principalement à gagner de l'argent (Yves FERMON, 2007). Au total, cette pêche est pratiquée par 193 pêcheurs professionnels c.à.d. patrons pêcheurs et 1 276 pêcheurs occasionnels c.à.d. les ouvriers pêcheurs. (Rapport IPAPEL, 2015). Tableau n°4 : composition des unités de pêche de fretins en 2015
Source : Rapport IPAPEL, 2015 et nos calculs sur Excel Il ressort de ce tableau que, un grand nombre d'unités de pêche ciblant le Stelothrissa Tanganicae (Ndagala) sont les carrelets (avec 78.1%). Pour toutes les unités de pêche ciblant cette espèce, elles sont concentrées beaucoup dans cette année 2015 à Mulongwe en raison de 18.14 %, suivi de Makobola 16.74%, de Kilomonie II et Kalundu 11.1%. II.1.2.3.2 Techniques de pêche de Stelothrissa Tanganicae dans la cité d'Uvira Dans cette zone, deux techniques principales de pêche sont utilisées: 31 > Senne de plage avec lumière : vise les Stelothrissa Tanganicae qui sont attirés par les lumières de nuit des lampes tubes (qui ont remplacées les lampes à pression à Kérosène suite aux dépenses de kérosène) (IPAPEL, 2015). Habituellement, elles ont 8 ou 10 mm de maille à travers. Cet engin peut être aussi utilisé le jour et peu de poissons y échappent à cause de la taille des mailles. Chaque senne de plage peut employer autour de 20 personnes incluant les équipages des bateaux à lumière et les senneurs. (Yves FERMON, 2007). Les bateaux porte lampes quittent la plage au crépuscule recherchent le poisson et reviennent dans la zone du large où la senne de plage est lancée. (Robert, 2000) > Carrelets : Un carrelet est une pièce de filet en forme de sac placé sous l'eau et soulevé quand le poisson nage volontairement entre le filet et la surface. (Robert, 2000). Il utilise un, deux ou trois bateaux. Chaque bateau utilise à peu près 6 pêcheurs et propulsées, le cas échéant, par un moteur de 25 CV à 40CV. Un grand pourcentage de la capture du lac est effectué par ce type d'engin, ce qui lui confère une grande valeur dans la région. Les investissements nécessaires pour avoir un carrelet sont substantiels. (Yves FERMON, 2007) I.1.2.3.3 Les zones de pêche Le milieu du lac Tanganyika peut se découper en plusieurs zones, en relation avec la profondeur. Dans lac, deux systèmes de pêche distincts, mais qui se recouvrent : les pêches près des côtes et au large, respectivement dans la zone littorale et la zone pélagique (Yves FERMON, 2007). Les zones de pêche, où le Stelothrissa Tanganicae (Ndagala) constitue une espèce cible par les de pêcheurs est une zone pélagique avec une profondeur de plus de 45m. C'est dans cette zone où se pratique les sennes de plages à lampes ainsi que la flotte des carrelets. I.1.2.4 Traitement et commercialisation de fretin Les vendeurs sillonnent les plages pour acheter les poissons aux pêcheurs dès qu'ils arrivent au bord. Il existe des plages où les pêcheurs sont regroupés pour une arrivée au même endroit. Globalement, un vendeur a 2 ou 3 pêcheurs attitrés. (Yves FERMON. 2007). Une partie des poissons débarqués sur la majorité des sites doivent être traités de façon à élargir leur durée de conservation avant-vente pour des buts de commercialisation. Le simple séchage au soleil sur le sable ou sur la terre est fait facilement sous les conditions locales, exigeant peu de travail autre que la main d'oeuvre. Les femmes sont bien représentées dans le secteur de pêche de post-récolte autour du lac et semblent même constituer une majorité de 32 33 traitants/commerçants. (Reynolds Eric, 1999) Sur le marché de détail, les poissons sont vendus en petits tas approximatifs car les vendeurs n'utilisent pas d'unité de mesure de poids (Yves FERMON, 2007). I.1.2.5 Cadre législatif En RDC, la convention sur la gestion durable de la biodiversité du lac Tanganyika a été rectifiée en 2008 (KITAMBALA, 2011). Ce document restait le seul cadre légal existant sur le plan régional pour les quatre pays partageant ledit lac. La législation sur la pêche est inadaptée et obsolète au regard de la réalité actuelle sur la pêche au lac Tanganyika. La législation existante est actuellement dépassée. Le décret de la pêche date de 1937. Les premiers amendements sont intervenus en 1957 par le décret du 17/01/1957 puis l'ordonnance législative n°52/273 du 24 juin 1958 et un décret de 27 juin 1960. Cependant, une surveillance des milieux et des pêches ne peut se faire sans l'appui des premiers concernés, c'est-à-dire les pêcheurs, ainsi qu'une réaction de la part des autorités nationales qui agissent sur les plages pour faire appliquer la loi. |
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