d) Le contexte économique
(1) Déficit commercial
chronique& dette publique
Le solde commercial de la France est négatif depuis
2004, cela signifie qu'elle importe plus de marchandises et services qu'elle
n'en exporte. En 2014, la France abandonnait 58,4Mds€ de déficit
commercial, soit en valeur, l'équivalent de 2,5% de son PIB.Les
importations pour l'industrie du textile-habillement en France sont
estimée à 16 milliards d'euros 2015, leurs contributions au
déficit serait donc de l'ordre de1/3 du déficit commercial global
de la France !
Graphique 9 : Exportations, importations et solde
commercial depuis 2005
Par ailleurs, le paiement des seuls intérêts de
la dette a coûté à la France 46,1Mds€ en 2014. En
première approche la somme de la dette publique et du déficit
commercial diminuent d'autant la capacité de la France à
investir, faire croître son PIB ou encore de créer des emplois.
Qui plus est, les politiques de relance de la consommation vers des produits
dont l'essentiel est importé, semblent amplifier ce
phénomène. La faible croissance quant à elle, qui est le
seul moyen, avec la création monétaire et l'impôt, de
continuer à vivre à crédit, ne nous permet pas de cultiver
l'espoir de pouvoir rembourser une dette accumulée depuis 40 ans (qui
avoisine 100% du PIB). Cette conjoncture pèse de plus en plus lourd et
incite un grand nombre de citoyens à souhaiter réduire le
déficit commercial par les relocalisations.
Graphique 10 : Evolution du déficit public en
France depuis 1959
(2) Dilatation des marges et
globalisation
La concurrence mondiale est devenueasymétrique et
source d'inégalitésde part et d'autre. En effet,comme nous
l'avons vu précédemment, dans leur recherche de
compétitivité, les entreprises,de plus en plus multinationales,
ont procédé à des délocalisations vers des pays
dont le principal avantage compétitif est la faiblesse ou l'inexistence
de leurs normes sociales et environnementales. Ce faisant, ces derniers sont
maintenus dans une précarité relative, et par ailleurs, les
emplois à bas salaire délocalisés ne sont pas
systématiquement compensés par les mécanismes de
rééquilibrage au niveau macro-économique local.
Ceci s'explique par la dilatation des marges, le
« nomadisme » international autorisé par la
globalisation, ainsi que par la financiarisation du capital au niveau mondial.
En effet, le plus souvent, les gains de production obtenusdans le pays à
bas coûts ne sont pas répercutés sur le prix du produit
final réimporté dans le pays d'origine : un jeans fabriqué
en Ethiopie ou en Tunisie par exemple,sera vendu en France comme s'il avait
été fabriqué dans l'Hexagone (prix de vente similaire pour
1083 ou Tuff vs Levi's ou Diesel).
Graphique 11 : Baisse de la production domestique vs.
augmentation des marges
De plus, une partie non négligeable de ces compagnies
ne sont ni patriotes ni nationales. Elles profitent largement des effets
d'aubaine pour transférer/maintenir une part significative de leurs
marges là où la fiscalité est la plus accueillante
(détournement des profits avec les prix de transfert, Cf. Google Tax).
L'exemple ci-dessous (Figure 4) représentela contribution
à l'économie française de la vente d'une chemise
fabriquée en France vis-à-vis d'une chemise fabriquée
à l'étranger dont les 2/3 de la valeur échappe à
l'économie locale.
Figure 4 : Comparaison de la contribution d'une
chemise à l'économie française en fonction de sa
provenance
Enfin, la valeur ainsi réintégrée est
préférentiellement redistribuée le plus souvent à
un capital diffus dans le monde entier. Cet actionnariat avide et opportuniste
est très éloigné d'un modèle patriarcal plus
éthique inscrit dans le temps long, modèle largement dominant en
Allemagne par exemple. La conjonction de ces phénomènes pourrait
pour partie être un déterminant du déficit commercial
précité. Là encore, ce contexte renforce naturellement les
appétences pour le MIF.
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