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Le cadre juridique du crédit bancaire en droit marocain

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par Ayoub Berdai
Université Hassan II- Casablanca - Licence en droit privé 2015
  

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Section deuxième : La finance islamique face au Riba

La religion musulmane englobe tous les aspects de la vie spirituelle comme de la vie sociale du croyant, instituant des principes aussi bien pour le rapport de l'homme avec Dieu qu'en ce qui concerne ses rapports sociaux et notamment les transactions commerciales.

Dans ce domaine, si le principe fondateur est celui de l'équité et de la transparence, Dieu a prescrit ou interdit dans le Coran certaines pratiques. C'est notamment le cas de l'interdiction du prêt à intérêt.

En effet, la position de l'islam vis-à-vis de l'usure est très claire : le prêt usuraire ou riba est strictement interdit et doit être réprimé : « ï croyants ! Craignez Dieu et renoncez au reliquat de l'intérêt usuraire si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas alors, recevez l'annonce d'une guerre de la part de Dieu et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés »114.

Cependant et si la constitution marocaine affirme que L'Islam est la religion de l'Etat115 , comment se fait-il que les banques classiques qui pratiquent de l'usure sont autorisées à exercer sur son territoire ? La jurisprudence marocaine a répondu à cette question en disant que l'islam prohibe le riba entre deux personnes physiques musulmanes alors que les banques sont des personnes morales dépourvues de religion. Cependant une question se pose : comment pouvons-nous accepter cette conception alors que le législateur a attribué à une personne morale de droit publique qui est l'Etat la religion musulmane ? Cette question reste à l'heure actuelle sans réponse.

114 Coran, Sourate II- LA VACHE (Baghara), versets 278 et 279.

115 Article 3 de la constitution marocaine de 2011 : « L'Islam est la religion de l'Etat, qui garantit a tous le libre exercice des cultes. »

A l'heure où la honte s'abat sur la finance globalisée, il en est une qui sort, elle, la tête haute de la tempête financière qui sévit : la finance islamique.116 Celle-ci gagne du terrain, le nombre de banque islamique augmente d'une année à l'autre et leur actif se diversifie et devient de plus en plus important ; leurs activités se multiplient et s'étendent à l'ensemble du globe y compris aux pays non musulmans.

C'est dans cette optique que le législateur Marocain a introduit et cherche à promouvoir les banques dites participatives en leur consacrant tout un titre117 dans sa dernière réforme de la loi relative aux établissements de crédit et organismes assimilés. Cependant les obstacles sont nombreux et les défis relevés sont lourds et risquent de compromettre cet essor ou du moins de l'affaiblir.

Sous-section première : La finance islamique

La finance islamique a pour objet de développer des services bancaires et des produits financiers compatibles avec les prescriptions de la loi coranique. Elle se distingue de la finance conventionnelle par le fait qu'elle ne se cantonne pas dans le rôle du préteur : elle agit en véritable partenaire financier du porteur de projet avec un système de partage des risques de la responsabilité et des revenus.

Cependant, les obstacles faisant face à sa mondialisation sont nombreux et les défis relevés sont lourds et risquent de compromettre cet essor ou du moins de l'affaiblir.

I- Les défis :

Certains défis sont d'ordre général et touchent l'ensemble du système financier islamique, d'autres sont plutôt d'ordre juridique et internes au système de la finance islamique.

1- D'ordres généraux :

Recherche de profit et conformité avec la Chariaa :

La finance islamique a pour objectif la mobilisation de ressources et leurs allocations entre les différents projets d'investissements. Cependant celle-ci doit s'organiser autour de mécanismes, d'institutions et de produits qui doivent respecter l'ensemble des principes fondamentaux édictés par la charia a savoir : l'interdiction de la Riba, la condamnation de la spéculation, le fait que toute transaction doit être adossée sur un actif tangible, le respect des interdiction quant a l'investissement jugé nuisible a l'être humain tel l'industrie des jeux d'argent...

L'identification d'un cadre institutionnel :

La promotion financière islamique suppose l'amélioration nécessaire du cadre institutionnel dans lequel opèrent ces institutions. Ces dites institutions ont besoin de cadre tant spécifique qu'homogène avec les autres institutions traditionnelles, en effet la plupart des instruments financiers islamiques ont une contrepartie dans la finance classique, bien qu'ils ne s'imbriquent pas parfaitement dans les régimes réglementaires existants.

116 Bouayad Amine Nabil, le développement de la finance islamique au Maroc : quelles adaptations du cadre législatif et réglementaire ? Colloque sous le nom de la finance islamique et les défis du développement

117 Titre 3 de la loi n°103-12

Développement de la formation :

Des compétences doubles sont exigées des cadres des institutions financières islamiques : des connaissances approfondies dans le domaine financier, mais également dans le domaine de la chariaa d'où la nécessité d'organiser des cycles de formations adaptés.

2- D'ordres juridiques :

La finance islamique propose le mariage de l'économie, du droit et de la chariaa, ce qui l'expose à des difficultés techniques dues aux contraintes que la morale islamique lui impose.

Les défis sont de plusieurs ordres :

L'insécurité juridique, le droit islamique se superpose aux droits nationaux qui sont souvent d'inspirations doctrinales différentes ;

Dans la pratique, apparaissent des difficultés de mise en oeuvre de certaines règles juridiques islamiques spécifiques.

L'évaluation et l'appréciation que doivent apporter les déposants et investisseurs doivent se baser sur des données générales et comptables souvent non homogènes, les empêchant de juger de la performance de ces institutions.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon