Le graphiste et le conducteur de presse dans la chaà®ne de production graphique de l'imprimerie Médiaspaul

III.1. La production à Médiaspaul

D'après Yves CRAMA, « La production est le processus conduisant à la création de produits par l'utilisation et la transformation de ressources. Les opérations sont les activités composant le processus de production ».^60(*)

La production graphique à l'imprimerie Médiaspaul se fait par plusieurs étapes où nous retrouvons plusieurs professionnels qui interviennent de la prépresse au façonnage : entre autres le graphiste, le conducteur de presse, le massicotier, etc. Quant à notre travail, nous allons nous atteler plus beaucoup sur ces deux professionnels  que sont le graphiste et le conducteur de presse.

Le processus de la production graphique à Médiaspaul se subdivise en cinq étapes :

- Réception

- Prépresse

- Impression

- Finition ou façonnage

- Distribution ou expédition

1. Réception

La réception est l'étape, le département où on reçoit les clients. Le client amène sa demande, il pose son problème au réceptionniste qui le conduira au bureau de service.

Ensuite le client avec son support portatif contenant par exemple les illustrations, des textes et des photos, etc., expose son besoin auprès du chef de production qui coordonne tout le travail, c'est-à-dire il fait le suivi du travail de la prépresse à son expédition ; en quelque sorte il gère la production graphique au sein de l'entreprise. Après, le chef de production dresse une fiche de production selon le besoin et la demande du client en mentionnant sur la fiche :

· le nombre de pages

· le format d'impression

· le nombre de plaques

· le procédé d'impression

· sorte de brochage, etc. ... et le chef de production apporte cette fiche à la prépresse.

2. la prépresse

Au sein de l'imprimerie Mediaspaul, le graphiste est appelé «infographe ou infographiste» : un infographe est un graphiste qui utilise le support informatique pour traiter les données numériquement.

Ce département comporte plusieurs machines :

- une machine pour le chef de la prépresse ;

- une seconde machine pour le chef de production cité;

- quatre machines pour les graphistes.

Le graphiste commence à travailler quand il reçoit une fiche et le fichier enregistrés sous un format Word, PDF (portable document fichier) contenant des textes, illustrations, etc.

Les quatre machines destinées aux graphistes sont utilisées de la manière suivante :

- La première machine est destinée uniquement pour la saisie des textes venant du client. Cette étape est appelée la saisie et la mise en page informatisée, le graphiste exécute la saisie des textes tels qu'ils figurent dans le document amené par le client avec la police de caractères choisie :

- indications de hauteur...

- lettres droites ou italiques, capitales ou minuscules

- justification à gauche et/ou à droite.^61(*)

Le graphiste positionne les textes aux endroits indiqués sur la maquette amenée par le client. Si le client amène les textes avec des fautes d'orthographe ou n'importe laquelle et, s'il désire qu'on les arrange ou les modifie, il est tenu de payer à chaque correction faite par le graphiste.

La deuxième machine sert à imprimer sur les calques au moyen d'une imprimante.

Les documents peuvent venir de n'importe quelle machine parce qu'il travaille en réseau et on n'utilise des calques que lors des impressions destinées à passer par le laboratoire. Dans le laboratoire, on utilise le montage manuel sur une table lumineuse, millimétrée, au moyen de papier transparent astralon sur lequel on place des calques ou films en vue de réaliser l'imposition et l'ensemble constitue le gabarit qui permet au monteur de bien réaliser son montage sur le format fini.

La troisième machine sert à effectuer le traitement de l'image. Ici on peut scanner l'image si le client a amené une image peut être sur une affiche, couverture magazine. C'est une étape très technique où le graphiste utilise le logiciel de retouche, tel que « Photoshop », pour corriger l'image et la valeur de ses couleurs, créer des compositions fantastiques selon le besoin du client.^62(*)

Le graphiste traite les images, soit des photos ou illustrations à insérer dans le document au format définitif.

Après la cosmétique (le traitement) des illustrations, le graphiste utilise un logiciel de mise en page tel que Indesign, Apogée Prepress ... pour incorporer des textes et images. Le graphiste tire des épreuves pour la correction, il peut imprimer plusieurs épreuves pour atteindre un résultat optimal. Dès que l'on signe le bon à tirer intervient l'imposition.

La quatrième machine sert à l'imposition. Le graphiste réalise le document à imprimer en réunissant tous les éléments nécessaires (photographie, illustrations, textes) en suivant la maquette qui lui est fournie ainsi que les instructions données par le client.^63(*)

Le graphiste doit aussi prendre compte des titres, des textes et illustrations qui lui sont donnés. Il fait l'imposition qui consiste à disposer les pages par cahier, cette disposition varie en fonction du format, du nombre de pages, etc.

En la PAO (publication assistée par ordinateur), le graphiste travaille avec des logiciels dont il a besoin et des périphériques (imprimantes, traceurs,...) qui lui permettent de vérifier la conformité des mises en page, typographie, couleurs, traitement des images...

Comme logiciel de montage, le graphiste utilise « PREPS » une machine, qui lui permet de faire l'exportation au format PDF( portable document fichier).

Après avoir effectué le montage, le fichier est envoyé sur un serveur qui gère la machine destinée à l'insolation « AVALON : cette machine servant à la gravure de plaque », est associée à une développeuse (révélateur, nettoyage, fixateur et séchage). Dans le passé, pour obtenir la plaque, on utilisait le montage à la main sur une table lumineuse et l'insolation aussi se faisait manuellement au moyen des produits chimiques : révélateur-nettoyage (avec l'eau)-fixateur-nettoyage.

Aujourd'hui, on utilise le système CTP (computeur to plate), ce système aide le graphiste à travailler de l'ordinateur à la plaque. Tout se fait à la machine et le format de la plaque pour leur machine de l'insolation est de 1030*790mm(Max) et 510*400mm(Min).

Une fois l'insolation des plaques finie à l'utilisation dans ce stade commence le travail du conducteur de presse.

NB : au cas où le client n'amène pas le support contenant les textes, les illustrations ou les photos précisément la maquette, dans ce cas l'imprimerie Mediaspaul fait la conception comme une étape secondaire dans la prépresse.

Quand la conception se fait sur place même, cela est un gain pour l'entreprise car, le client doit payer chaque étape de la conception mais cette dernière se fera selon l'idée du client et son goût.

L'imprimerie gardera les plaques pour servir le client lors de la réimpression, le client ne payera que le coût de l'impression et du brochage.

L'imprimerie demande surtout la mention de son copyright sur des imprimés pour faire sa publicité et assurer son rayonnement.

- Le graphiste en plein travail(Fig7)

fig7: le graphiste en plein travail

3. Impression

Selon Gavin AMBROSE et Paul HARRIS, « l'impression est un terme général qui fait référence aux diverses méthodes utilisées pour appliquer de l'encre sur un support: lithographie, offset, sérigraphie, héliogravure, impression typographique, impression laser et jet d'encre. Ces méthodes permettent d'imprimer textes et images sur un grand nombre de support ».^64(*)

A Médiaspaul, on n'utilise que le procédé d'impression offset : C'est le procédé qui produit le plus gros volume d'imprimés ; Il est basé sur la répulsion d'un corps liquide l'eau, à un corps gras l'encre. L'offset est la technique d'impression la plus utilisée à travers le monde.^65(*)

Le chef de l'atelier, celui qui est censé prendre la plaque à la prépresse avec la fiche de production ou de suivi du travail accompagné aussi avec le bon à tirer pour permettre au conducteur de presse d'imprimer en conformité avec le modèle adopté par le client.

Dans l'atelier offset à Médiaspaul, nous retrouvons quatre machines offset :

- Une machine GTO Heidelberg de 26*36 cm, une machine monochrome, le conducteur de presse de cette machine imprime ou réalise souvent que des couvertures des imprimés.

- Trois machines offset SPEED MASTER de 72*102cm, sont des machines en quadrichromie (quatre groupes imprimant) :

Deux machines Speed Master pour des impressions en quadrichromie ou bichromie c'est-à-dire le conducteur de presse n'imprime que des documents en quadrichromie.

Une machine Speed master est spécialisée pour des impressions en monochromie (surtout les romans et les brochures de moindre coût).

Après avoir reçu la plaque, le conducteur de presse travaille sur la machine offset composée de trois cylindres, tous ces trois de même diamètre.

- D'un cylindre porte plaque

- D'un cylindre portant le blanchet en caoutchouc

- D'un cylindre portant la feuille de papier (cylindre de pression).

Pour le premier cylindre, le conducteur de presse fixe la plaque sur laquelle se trouve le texte et le dessin ou l'image (les pages) à imprimer.

Cette plaque épouse donc la forme du cylindre ; ensuite elle sera humidifiée et encrée. Ce cylindre au lieu d'imprimer directement sur le papier, imprime sur le deuxième cylindre arrivant en contact avec le troisième sur lequel se trouve la feuille de papier. Les pages sur la plaque sont lisibles ; et sur le caoutchouc appelé le blanchet, sont illisibles, mais l'impression sur papier est lisible.^66(*)

Le conducteur de presse commence le tirage, il surveille la stabilité de l'impression à être en conformité avec le BAT (bon à tirer) et la quantité d'encre qui doit être suffisante. Le conducteur de presse réalise ses premières épreuves et le chef d'atelier avec le conducteur de presse accompagné de fois avec le chef de production tire une épreuve pour voir s'il y a conformité avec le bon à tirer, et si c'est bon, le chef signe sur l'une des épreuves pour signaler le BAR ( le bon à rouler) c'est-à-dire on octroie au conducteur de presse le droit de pouvoir continuer son tirage.^67(*)

Dès que le conducteur finit le tirage des imprimés, il nettoie la plaque ou les plaques s'il s'agit de l'impression en quadrichromie et les imbibent avec la gomme, un produit chimique (pour garder les plaques en bon état et garder les écrits pour la réimpression) et on passe au façonnage.

- Le conducteur devant la speed master(Fig8)

Fig8 : le conducteur devant la speed master ( source : photo prise dans l'atelier Médiaspaul)

- Le conducteur du côté réception des imprimés(Fig9)

Fig9: le conducteur du côté réception des imprimés (source : photo prise dans l'atelier Médiaspaul)

4. Finition ou façonnage

Le chef de l'offset peut signaler au chef de brochage que le travail est prêt et celui-ci doit gérer le travail, à veiller qu'on ne puisse pas dépasser la limite de coupe auprès du massicotier, aussi de voir comment se passe le pliage, etc.

Le façonnage permet de donner à l'impression la forme définitive, grâce à des différentes outils auxquelles on va procéder, en l'occurrence :

- La plieuse

- La Piqueuse

- Le massicot

- L'Assembleuse

- La Couseuse

- L'Encolleuse

- La Vernisseuse (PERLE)^68(*)

Le pliage du cahier, c'est pour retrouver les pages dans l'ordre normal de lecture, Le rognage est encore appelé massicotage, du nom de la machine qui effectue cette opération.^69(*)

Parmi les différents modèles, il existe des massicots trilatéraux qui rognent les trois côtés de l'ouvrage, deux coupes latérales suivies d'une frontale, la pile étant maintenue fixe, le massicotage est pour couper la pile de papier au format définitif. L'assemblage permet d'assembler des cahiers pour faire un livre ; soit on va piquer :La mise sous couverture se fera à part dans le cas de piqûres à plat. Pour la piqûre à cheval, la couverture est piquée avec les cahiers (cahiers scolaires).^70(*)

N°10 : le massicotier entrain de rogner les imprimés N°11 : le technicien entrain de plier les imprimés

Fig10 : le massicotier entrain de rogner les imprimés Fig11 : le technicien entrain de plier les imprimés

Source : des photos prises au finition dans l'imprimerie médiaspaul

Si l'ouvrage comprend des hors-texte, ceux-ci seront insérés par collage à plat, à cheval ou sur onglet.

Coudre : La couture sera soit une piqûre à cheval dans ce cas l'agrafe traverse le dos et se replie à l'intérieur; elle peut être double pour les grands formats - une ou deux piqûres à plat - dans ce cas la brochure doit avoir un dos carré ; Les piqûres se font avec du fil métallique de grosseur adaptée à l'ouvrage ou avec du fil de lin pour l'assemblage des cahiers.^71(*)

Une nouvelle technique permet le brochage sans couture ou à dos carré. Les feuilles pliées sont rognées sur les quatre côtés et maintenues ensemble par de la colle synthétique appliquée sur le dos, Ce qui permet une meilleure ouverture de l'ouvrage. La reliure est faite dans le cas de livre ou revue de luxe, etc. et, si on finit de brocher ; le chef de l'atelier signe sur la fiche et on passe à l'expédition.^72(*)

5. La distribution ou l'expédition

A Médiaspaul, un service d'expédition fonctionne, chargé d'amener le travail fini auprès du client et cette étape commence, Dès le début lors de l'élaboration de la fiche de production. C'est le client qui décide s'il faut expédier ou non car l'expédition à un coût à payer.

Si tout est fini, le chef de production prend la fiche signe pour confirmer la fin de production après la remise du travail au client.

En égard de ce qui précède, nous dirons que, la production à Médiaspaul se fait dans une hiérarchie bien établie ; elle débute à la réception dès l'accueil du client, après vient l'étape de la prépresse, impression, finition et expédition.

En définitive, cette section a fait lumière en ce qui concerne l'ensemble de production Médiaspaul, maintenant nous pouvons passer à deux points importants que nous allons parler dans les lignes qui suivent, à savoir :

- Le graphiste dans une imprimerie

- Le conducteur de presse dans une imprimerie

* ⁶⁰Y. CRAMA, notes de cours de gestion de la production, Administration des affaires, Université de Liège, Année académique 2002-2003, P.5.

* ⁶¹ M. TUADISA, Op.cit., P. 20.

* ⁶² Idem, P.21.

* ⁶³ T. NGANDU, loc.cit.

* ⁶⁴ G. AMBROSE et P. HARRIS, les fondamentaux du graphisme, Paris, éd. Pyramyd, 2010, P.31.

* ⁶⁵H.B.VERRY,quelques procédés d'impression et de reproduction, Paris, 2OO4, P.18.

* ⁶⁶ D. BUKASA, loc. cit.

* ⁶⁷ M. TUADISA, loc. cit., P.12.

* ⁶⁸ Médiaspaul, loc. cit., p.2.

* ⁶⁹ I. MUSUMBA, loc.cit.

* ⁷⁰ D. BUKASA, loc. cit.

* ⁷¹M. TUADISA, loc.cit.., P.13.

* ⁷² Idem