I.2. Généralités sur la
dégradation des sols
La dégradation des sols est un processus complexe qui
résulte d'une interaction entre les facteurs biophysiques et
socio-économiques matérialisée par une perte en sol, eau,
faune, flore ou en fonction (stockage du CO2, purification de l'eau...) et en
production (en agriculture, foresterie, pastoralisme...) (FAO, 2015a ; Oumar
et al., 2013). La dégradation la plus importante est celle qui
affecte la biodiversité, les facteurs physiques et chimiques du sol
(Glatzel et al., 2014 ; Liniger et al., 2008). Lorsque le
stade ultime de la dégradation est atteint, les sols deviennent alors
stériles et la situation est irréversible. (MAEE & DCP,
2011). Elle est un défi environnemental majeur du siècle
présent qui s'aggrave avec les activités anthropiques et les
changements climatiques (ELD Initiative & UNEP, 2015 ; UNCCD,
2015 ; FAO, 2015b). A l'exemple, les mauvaises
pratiques agricoles conduisent à la perte de 12 millions d'hectare de
sol agricole chaque année (FAO, 2015b) alors que 40 % des sols
dégradés se trouvent dans les pays les plus pauvres (UNCCD,
2014). La dégradation est donc un danger pour les familles, les
communautés, mais aussi pour la paix et la stabilité dans le
monde. Elle peut être à l'origine des conflits entre bergers et
agriculteurs. Lorsque les terres ne sont plus productives, les populations sont
souvent contraintes à la migration (UNCCD, 2014). Il reste à
noter que plus de 75
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millions de personnes, dont 62 % vivent d'agriculture et 23 %
d'élevage, habitent les régions sèches et que 49 % de la
dégradation totale sont dus au surpâturage (M'Bodou, 1996).
La dégradation des sols entraine une
insécurité qui se manifeste à six niveaux environnementaux
interconnectés ; il s'agit de l'insécurité alimentaire,
hydrique, énergétique, éco-systémique, climatique
sans oublier l'insécurité de la biodiversité (McBratney
et al., 2014). D'une façon général la destruction
de la couverture végétale débute par une
raréfaction des espèces les plus utilisées.
Parallèlement, le couvert végétal s'éclaircit, la
production de biomasse diminue, les capacités de reproduction et de
régénération des plantes se réduisent de plus en
plus, entraînant la perte des propriétés physiques,
chimiques et biologiques et la baisse de la fertilité des sols (Bazzani,
2009). Cependant, les causes de la dégradation des sols sont multiples,
complexes et variables d'une zone à une autre et d'un pays à un
autre.
I.2.1. Causes de la dégradation des sols
L'accroissement démographique et la pauvreté
sont les causes majeures de dégradation des sols (FAO, 2015a ; UNCCD,
2015 ; Chirwa, 2014 ; Benbrahim et al., 2004). En effet, au
Nord-Cameroun, depuis 1987 les projets Sud-Est Bénoué (SEB) et
Nord-Est Bénoué (NEB) ont été à l'origine du
déplacement des populations de l'Extrême Nord vers le Nord ce qui
a causé l'augmentation de la densité humaine dans cette division
administrative (WWF & SNV, 2000). Depuis quelques années,
l'infertilité et le manque de terre sont à l'origine des
migrations dans cette Région (Saleh, 2013). L'installation des migrants
dans la zone est encouragée par les chefs qui distribuent presque
gratuitement les terres sans droit de propriété d'où le
problème foncier (WWF & SNV, 2000). A cela, s'ajoute la
pauvreté et l'ignorance des populations qui sont les moins nanties ne
connaissant pas l'utilisation rationnelle et les bonnes pratiques de gestion
des sols. (Bhattacharyya et al., 2015 ; Oumar et al.,
2013).
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Par ailleurs, la croissance démographique est
corrélée à l'augmentation de la pression exercée
sur les sols ce qui est à l'origine de plusieurs facteurs de
dégradation suscitant des changements physiques, chimiques et
biologiques des sols (Dosso, 2016 ; Bhattacharyya et al., 2015 ;
Thiombino, 2015).
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