Le déclin spirituel récurrent de l'église( Télécharger le fichier original )par William LUJ Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu du Burkina Faso - Maîtrise de Théologie 2012 |
D. L'Église Pagano-Chrétienne1. De Constantin au Moyen-Âge Se rendant compte que la persécution hâtait le dessein de Dieu, le diable changea sa tactique. Au quatrième siècle après Jésus-Christ, Constantin devint l'Empereur romain. Il embrassa officiellement le christianisme. Nous ne savons pas s'il était véritablement converti à Christ, mais, malgré tout, le christianisme devint la religion légalisée et acceptée de l'Empire romain. Au lieu de subir la persécution de l'État, dorénavant l'Église jouissait de la protection de l'État. Le peuple de Dieu avait veillé, prié et resté fidèle en temps d'opposition, mais il s'endormit maintenant dans un faux sentiment de sécurité. Sans nul doute, la faveur impériale amena le monde dans l'Église, et ainsi, ce que Satan ne réussit pas à faire par la persécution, il l'accomplit par le patronage. Comme l'affirme le Dr. Edwin Orr : « C'est une chose d'avoir le bateau sur la mer, et une autre 24Jacques Gloagen, "Les charismes dans les premiers siècles de l'Eglise," Serviteur de Dieu 114 (2006): 21. 25Gloagen, 22-26. 30 d'avoir la mer à l'intérieur du bateau ! » C'est une chose d'avoir l'Église dans le monde, mais quand le monde pénètre dans l'Église, un déclin spirituel s'installe.26 J.-M. Nicole souligne que : « cette partie de l'histoire de l'Église est certainement une des plus brillantes. Elle est remarquable par l'achèvement du paganisme, par la disparition des anciennes hérésies et l'élimination d'hérésies nouvelles, par le travail des conciles qui mit fin au flottement qui subsistait sur certains points de la doctrine chrétienne. »27 En effet le Canon du Nouveau Testament fut définitivement arrêté grâce aux efforts constants d'Athanase et d'Augustin. La double nature de Jésus-Christ - son humanité et sa divinité absolue - fut irrévocablement admise. En réponse et pour clore la controverse pélagienne, la corruption radicale de la nature irrégénérée et le salut comme grâce imméritée furent adoptés. Durant cette période, de nombreux chrétiens s'illustrèrent par leurs talents, leur fermeté doctrinale et leur piété. Grégoire évangélisa l'Arménie. Des églises se constituèrent en Perse et en Éthiopie. Les Goths furent évangélisés par Ulphilas. Une nouvelle génération de théologiens se leva : Basile-le-Grand, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, Cyrille d'Alexandrie, Théodore de Mopueste, Jean Chrysostome, Théodore de Cyr, etc. qui jouèrent un rôle important pour le triomphe de l'orthodoxie.28 Malheureusement, c'est au cours de cette même période que des manquements graves commencèrent à laisser entrevoir la future décadence de l'Église. Les foules irrégénérées qui se convertirent pour continuer à bénéficier de l'appui de l'empereur, introduisirent toutes leurs croyances païennes, idolâtres et mondaines. Par conséquent, la conversion de Constantin, avec les changements qu'elle apporta, l'introduction de pratiques d'origine païenne, la montée d'une hiérarchie ecclésiastique basée sur le système du monde plutôt que 26Arthur Wallis, "La restauration de l'Église" http://www.spcm.org/SearchEvents00012013.php?id=3080 (consulté le 30 mars, 2012). 27Nicole, 70. 28Ibid., 50-51. 31 sur les Écritures entraînèrent un rapide déclin spirituel. L'autorité des Saintes Écritures fut bientôt remise en question et remplacée par l'autorité de l'Église sous le patronage de Constantin. Le salut par grâce fut assombri par la vertu des oeuvres et des sacrements. Le culte des saints vit le jour, remplaçant les nombreux dieux précédents. La spiritualité chrétienne et la moralité baissèrent dangereusement. Les ambitions, les intrigues, les rancunes apparurent au sein du clergé, semant le trouble chez les vrais chrétiens. J.-M. Nicole conclut que « tandis que durant la période précédente (postapostolique) nous assistions à une victoire de l'Église sur le monde, ici, malgré tout ce que cette période a de magnifique, nous assistons désormais à une victoire du monde sur l'Église. »29 La roue du déclin était enclenchée. Cependant, même pendant ces siècles ténébreux, comme Broadbent le remarque, la flamme du témoignage continuait à brûler ici et là. Des hommes tels que François d'Assise, puis Pierre Valdo, se levèrent comme des flambeaux et des révélations au sein des ténèbres, mais leur témoignage et leur oeuvre malgré tout puissante ne changèrent pas la structure fondamentale des choses.30 Il n'y eut aucun mouvement qui ait pris de l'étendue, aucun retournement de tendance, et siècle après siècle, pendant tout un millénium, la marée de la vie spirituelle continuait à reculer. L'Église descendait dans les sombres époques du Moyen-âge, et la lumière du véritable christianisme était pratiquement éteinte. 2. Le Moyen-Âge Pendant le cinquième et le sixième siècle, de nombreuses invasions troublèrent l'Église en bouleversant le visage politique de l'Europe. Malgré cela, l'Église connut de nombreux succès, notamment la conversion de nombreux peuples païens au catholicisme. 29Nicole, 71. 30Broadbent, 100-101. 32 Répondant à une nouvelle quête de spiritualité, le monachisme se développa dans toute l'Europe. Les siècles suivants apportèrent leur lot d'avancées positives mais aussi de déboires et de déclin de la saine doctrine. Pendant ce temps, les conquêtes musulmanes dévastèrent le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Espagne, mais furent défaites à Poitiers en 732 par Charles Martel. Toutefois, peu d'églises résistèrent à l'Islam, hormis les Coptes d'Égypte et les Arméniens, bien fondés sur la Parole. En 1054, après bien des controverses, le schisme définitif éclata entre le patriarche de Constantinople Michel Cerularius et le pape Léon IX à Rome, qui sépara l'Église catholique de l'Église orthodoxe, bien que ces adjectifs ne soient, dans aucun des deux cas, vraiment appropriés. Durant toute cette période, l'église catholique continua à sombrer dans toutes sortes d'abus que nous condamnons : doctrine du purgatoire, transsubstantiation, confession auriculaire, indulgences, mariolâtrie, culte des saints, usage du rosaire ou du chapelet emprunté à l'Islam, culte en latin, culte des images, inquisition épiscopale, prière pour les morts. A cela, s'ajoutait un niveau extrêmement bas de la moralité. À Rome, la papauté tombait sous la coupe des familles romaines souvent très corrompues. S'il y a des doutes sur l'existence d'une « papesse Jeanne »,31 une femme qui, selon une légende du treizième siècle, aurait exercé le pontificat sous le nom de Jean l'Anglais pendant les deux années qui suivirent la mort de Léon IV (855 ap. J.-C.), les scandales inouïs de la cour de Rome ne sont que trop bien attestés : adultères, incestes, retour à des dieux païens.32 Ce fut la période dite de la « pornocratie », allant de l'an 904 à l'an 963, qui connut 12 papes, dont le dernier, Jean XII, fut instauré pape à l'âge de 16 ans. Les chroniqueurs rapportent que cette période fut 31Le Petit Robert, 1470. 32Nicole, 90. 33 marquée par une incroyable débauche, une cupidité outrageante, des actes de cruauté, et des sacrilèges. La débauche romaine se répandit dans bon nombre de couvents et de monastères européens. Au onzième siècle, sous l'impulsion du moine Hildebrand, le titre de cardinal fut instauré et un collège des cardinaux fut organisé afin d'élire les papes. Nommé lui-même pape sous le nom de Grégoire VII, il instaura le célibat des prêtres, et sembla s'attaquer à la simonie qui régnait en maître dans le clergé. Toutefois, l'ambition, la politique et la cupidité des papes furent à un point tel qu'on commença dès le treizième siècle à identifier le pape à l'Antichrist. |
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