CHAPITRE 3
LA MÉTHODOLOGIE
Cette recherche a été principalement
réalisée par l'étude des sources consultées,
notamment celles citées au chapitre 2. L'analyse approfondie des
nombreuses sources littéraires, livres, mémoires et
thèses, revues spécialisées, sources internet, traitant du
sujet a été un apport précieux. Si les limitations et
diverses contraintes n'ont pas permis de pratiquer des sondages ou des
enquêtes préliminaires généralisées, les
témoignages recueillis de source fiable et l'interview de
personnes-ressources compétentes m'ont apporté de précieux
renseignements. Ils ont permis de valider des présuppositions et de
tirer des conclusions sur le sujet. Les statistiques disponibles ont ouvert des
pistes intéressantes sur le passé, le présent et l'avenir
de l'Église, élargissant et affinant mes recherches. J'y ai
trouvé de nombreuses informations utiles à ma réflexion,
me permettant de présenter cette étude avec davantage de
précisions. Enfin, mon expérience pastorale et missionnaire a
complété l'étude.
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CHAPITRE 4 RÉSULTATS
I. HISTORIQUE D'UN PHÉNOMENE RÉCURRENT
A. L'Ancien Testament
L'apôtre Paul, rappelant les aventures d'Israël dans
le désert, dit : « Ces choses leur sont arrivées pour servir
d'exemples, et elles ont été écrites pour notre
instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des
siècles » (1 Co 10.11). Il est évident que l'Ancien
Testament nous instruit sur les raisons des nombreuses dérives
spirituelles du peuple de Dieu. L'histoire se répète et nous
pouvons aujourd'hui voir les nombreuses similitudes qu'il y a entre Israël
et l'Église de tous les temps, et notamment celle d'aujourd'hui.
La première dérive constatée dans l'histoire
humaine est l'abandon du premier amour par Adam et Ève, par orgueil et
velléité d'indépendance : « vous serez comme Dieu
» (Ge 3.6). De même, les ministères ont parfois tendance
à oublier que l'Église appartient à Dieu et la
gèrent comme une oeuvre humaine. Jésus-Christ est le Maître
de l'Église. C'est lui qui la bâtit et qui la dirige par sa Parole
et son Esprit Saint. Toutefois, malgré la désobéissance
d'Adam et Ève, la grâce de Dieu est déjà intervenue
en promettant l'avènement d'un Sauveur (Gn 3.15).
Après le déluge et la restauration via Noé
et sa descendance, les hommes décidèrent à nouveau de
désobéir à Dieu. Bien installés dans le confort de
la vallée de Schinéar, ils s'élevèrent un monument.
Ils décidèrent de se grouper et de construire la tour de Babel
alors que la mission que Dieu leur avait donnée était toute autre
: « Et vous, soyez féconds et
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multipliez, répandez-vous sur la terre et multipliez sur
elle » (Gn 9.7). Dieu dut les disperser loin de là sur toute la
face de la terre, et confondre leur langage (Gn 11.9).
Il en fut de même après la Pentecôte. Les
apôtres restèrent bien installés à Jérusalem,
contrairement à l'ordre du Seigneur d'aller en Judée, puis en
Samarie, et aux extrémités de la terre (Ac 1.8). La
persécution est alors venue, les obligeant à aller, Philippe
à Samarie, d'autres à Chypre, mais aussi à Antioche
où naquit la première église missionnaire d'où
furent envoyés Barnabas et Saul. C'est en réalisant l'ordre
missionnaire du Seigneur Jésus que l'Église s'est
multipliée et a bouleversé le monde (Ac 17.6).
Aujourd'hui, bon nombre d'églises et de ministères
sont bien installés, s'occupent d'eux-mêmes et résistent
à l'ordre missionnaire. La conséquence est qu'ils ne progressent
plus spirituellement, qu'ils déclinent et qu'ils finissent par
s'éloigner du plan divin, car ils n'ont pas compris l'amour de Dieu pour
l'humanité. Certaines églises participent à la mission,
mais on peut s'interroger sur la mesure et les moyens donnés à la
Mission intérieure et extérieure, en Occident, comme au Burkina
Faso. Pourtant, le Seigneur revient bientôt et l'Église le sait
très bien. Il y a urgence.
La tendance à oublier Dieu et ses bienfaits est une
caractéristique humaine, et Israël en est un parfait exemple.
Après sa sortie d'Egypte, il tombe dans le syncrétisme en faisant
un veau d'or. Il ne cesse de murmurer dans le désert. Après la
mort de Josué et de ses anciens, Israël oublie et le déclin
s'installe : « Toute cette génération fut recueillie
auprès de ses pères, et il s'éleva après elle une
autre génération, qui ne connaissait point l'Eternel, ni ce qu'il
avait fait en faveur d'elle. Les enfants d'Israël firent alors ce qui
déplaît à l'Eternel et servirent les Baals » (Jg
2.10). Il en fut ainsi tout au long du temps des Juges au cours duquel, par sa
grâce, l'Éternel choisit des hommes pour sauver Israël qui
retombait systématiquement dans le syncrétisme au bout de la
troisième ou la quatrième génération.
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Vers la fin de la vie du prophète Samuel, Israël
demanda un roi comme les autres nations. Ils voulaient une organisation
humaine. Dieu expliqua à Samuel que ce n'était pas lui, le
prophète, qu'Israël rejetait, mais plutôt son Dieu (1 S
8.7-8). Ce témoignage, qui peut paraître anodin à
l'époque, se retrouvera régulièrement dans l'Église
de Jésus-Christ, depuis deux mille ans jusqu'à nos jours.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le syncrétisme
déplaît profondément à Dieu, qu'il s'agisse de dieux
traditionnels, de Mammon ou de toute autre idole moderne. Pourtant, beaucoup
n'ont pas la crainte de Dieu et, comme au temps des Juges, font ce qui leur
semble bon (Jg 21.25).
Au huitième siècle avant Jésus-Christ,
l'Eternel eut pitié de Ninive, capitale du royaume sanguinaire des
Assyriens, ennemis d'Israël, et il ordonna à son prophète
Jonas d'aller lui annoncer son futur châtiment. A l'écoute de la
Parole, Ninive se repentit et fut épargnée. Toutefois, un
siècle plus tard, la ville de Ninive avait oublié l'Eternel, et
le prophète Nahum prédit sa destruction qui eut lieu en 612 avant
J.C. Ils avaient oublié !
Jérusalem connut plusieurs réveils sous les rois
Joas, Ézéchias et Josias, qui, saisis par la Parole et ayant la
crainte de Dieu, mirent tout en oeuvre pour ramener le peuple à Dieu.
Mais les générations suivantes n'ont pas suivi leur exemple et
sont retombées dans l'impiété.
Au retour d'exil, Jérusalem connut un grand réveil
avec Esdras, puis avec Néhémie. Mais, par la suite, les religieux
détournèrent le peuple en les amenant à suivre leur
tradition. Il en a été de même pour le royaume du Nord,
où le réveil sous Elie au mont Carmel n'eut pas de suite
favorable, et Israël finit par être déporté vers les
nations.
Tous ces réveils ont systématiquement
été suivis d'une profonde léthargie jusqu'au jour de la
Pentecôte, qui a vu l'avènement de l'Église de
Jésus-Christ.
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B. La Naissance de l'Église de
Jésus-Christ
Avant toutes choses, il est nécessaire de rappeler les
origines.
1. La Fondation de l'Église
Lors de la Pentecôte, après l'effusion du
Saint-Esprit sur les cent vingt disciples réunis dans la chambre haute,
Pierre annonça à tous ceux qui avaient accouru, Juifs et
prosélytes provenant des différents pays du monde alors connu
:
« C'est ici ce qui a été dit par le
prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu, je
répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles
prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards
auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et mes servantes, dans ces
jours-là, je répandrai de mon Esprit et ils
prophétiseront. » (Ac 2.16)
La mention par Joël des « derniers jours » et sa
référence à certains fléaux cités dans
l'Apocalypse tendent à démontrer qu'en réalité la
Pentecôte a commencé ce jour-là pour se terminer lors du
retour de Christ. Depuis le jour de la Pentecôte, tout croyant en Christ,
né de nouveau et donc régénéré, peut
être baptisé dans le Saint-Esprit. Cette grâce divine, que
le croyant régénéré doit rechercher, dure depuis
près de deux mille ans, et l'Église, qu'elle le vive ou non, est
toujours dans cette Pentecôte permanente avec tout ce que cela doit
impliquer quant à la présence du Saint-Esprit, l'onction de Dieu,
la puissance d'en-haut, la manifestation des charismes, ainsi qu'un amour
agapè et un souci permanent pour la Grande Commission,
c'est-à-dire le salut des âmes, d'autant plus que le retour de
notre Seigneur est proche.
Si tel est le cas, pourquoi donc les baptêmes du
Saint-Esprit sont en baisse constante ? Pourquoi l'Église est-elle
amenée à exhorter régulièrement ses membres sur un
sujet qui doit faire partie intégrante de sa vie et de sa quête
quotidienne ? L'Église ne vivrait donc plus la vie de l'Esprit ?
Aurait-elle perdu la puissance que le Saint-Esprit lui confère
normalement ?
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Le livre des Actes montre à quel point l'Église est
dynamisée lorsque la présence du Saint-Esprit est effective et
lorsque l'Église vit selon la Bible et dans la volonté de Dieu :
« Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui
étaient sauvés » (Ac 2.47). « Beaucoup de ceux qui
avaient entendu la Parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva
à environ cinq mille » (Ac 4.4). « Quand ils eurent
prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ;
ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la Parole
avec assurance » (Ac 4.4).
« Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu
du peuple par les mains des apôtres ... le nombre de ceux qui croyaient
au Seigneur augmentait de plus en plus » (Ac 5.14). « Pendant qu'ils
servaient le Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le
Saint-Esprit dit : Mettez-moi à part Barnabas et Saül pour l'oeuvre
à laquelle je les ai appelés » (Ac 13.2). Ces quelques
passages parmi beaucoup d'autres résument la puissance d'une
Église remplie de l'Esprit.
Cependant, l'Église est à ce jour loin de vivre
selon ces normes. Les cultes se suivent et se ressemblent : Beaucoup
d'ambiance, mais une grande faiblesse spirituelle. Il peut se passer de
nombreux dimanches sans que l'on entende une seule prophétie. Les «
guérisons » sont souvent « arrachées », lors de
séances de délivrance à grand spectacle. Il y a peu de
baptêmes du Saint-Esprit. Or, c'est le Seigneur Jésus-Christ qui
baptise du Saint-Esprit (Jn 1.33), et c'est lui qui bâtit son
Église. Serait-il absent ? Pourtant les promesses sont là.
Jésus a fixé la norme charismatique de l'Église : «
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes,
parce que je m'en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon
nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils
» (Jn 14.12-13). Et d'ajouter : « Voici les miracles et les signes
qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les
démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents
; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils
imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris »
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(Mc 16.17-18). L'épître aux Hébreux commente
ainsi la marche de l'Église apostolique : « Dieu appuyant leur
témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les
dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté »
(Hé 2.4).
Hélas, les manifestations de l'Esprit sont rares dans nos
églises de Pentecôte. Les vraies prophéties sont exception,
tout comme les guérisons. Les erreurs doctrinales se multiplient. Le
péché est autorisé, avec des cas de débauche et
d'adultère qui flétrissent l'Église, ses ministères
et ses membres. La mondanité a pris place. Le syncrétisme
s'infiltre peu ou prou. L'amour de l'argent a remplacé l'amour du
Seigneur. L'unité spirituelle fait partie de la prédication mais
elle est quasi inexistante. La crainte de Dieu a disparu. L'Église
ressemble à Israël au temps de Gédéon qui dit
à l'ange de l'Éternel : « Ah, mon seigneur, si
l'Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous sont
arrivées ? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous
racontent, quand ils disent : L'Éternel ne nous a-t-il pas fait monter
hors d'Égypte ? Maintenant l'Éternel nous abandonne, et il nous
livre entre les mains de Madian » (Jg 6.13). La réponse se trouve
au début du chapitre 6 : « Les enfants d'Israël firent ce qui
déplaît à l'Éternel » (Jg 6.1). Israël
avait oublié les fondations de son alliance avec l'Éternel.
Où en est l'Église ?
2. Le Fondement de l'Église
Le jour de la Pentecôte, le nombre des disciples augmenta
de trois mille âmes : « Ils persévéraient dans
l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la
fraction du pain, et dans les prières » (Ac 2.42). Ils marchaient
donc selon les instructions de la parole de Dieu enseignée par les
apôtres. Aux Éphésiens, Paul met l'accent sur la
présence effective du Dieu trinitaire et affirme l'impératif de
sainteté : « Vous avez été édifiés sur
le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ
lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l'édifice,
bien coordonné, s'élève pour être un temple saint
dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour
être une habitation de Dieu en Esprit » (Ep 2.20-22). À
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Timothée, Paul ajoute : « Le solide fondement
posé par Dieu subsiste, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le
Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le
nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité » (2 Tm
2.10). Jésus, dans sa prière sacerdotale, priait ainsi son
Père : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est
la vérité » (Jn 17.17). Nous voyons ici apparaître les
éléments principaux que sont la parole de Dieu qui est la
vérité, la sainteté et la sanctification, la foi dans
l'oeuvre de Jésus à la croix, la communion fraternelle, les
prières, et la vie de l'Esprit qui fonde l'Église et la dirige
depuis la Pentecôte.
Malgré cela, beaucoup sont aujourd'hui troublés par
ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent de l'Église et dans
l'Église, une situation qui rappelle l'expression du roi David : «
Quand les fondements sont renversés, le juste, que ferait-il ? »
(Ps 11.3).
Afin de nourrir notre étude, nous examinerons
l'évolution de ce sujet au cours de l'histoire de l'Église :
Est-elle restée fidèle ? Les fondements sont-ils demeurés
les mêmes ? Les fondations d'origine sont-elles restées en place ?
La vie de l'Esprit est-elle restée la règle ? Il s'agit toutefois
ici d'un sujet très vaste ; nous limiterons donc notre comparaison
à l'étude de la fidélité de l'Église
à la parole de Dieu, à la sainteté et à la vie de
l'Esprit, et à l'examen des dérives récurrentes qui l'ont
fait sombrer tout au long de son Histoire.
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