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Le déclin spirituel récurrent de l'église

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par William LUJ
Faculté de Théologie des Assemblées de Dieu du Burkina Faso - Maîtrise de Théologie 2012
  

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F. Le Grand Éveil Évangélique

Les réveils post-Réforme ont été encore plus nombreux. Avant de revisiter la merveilleuse action de l'Esprit au cours du dix-neuvième et du vingtième siècle, nous citerons quelques revivalistes qui prirent part à la préparation spirituelle du monde à la future oeuvre divine : Georges Fox (1624-1691), les Jansénistes au dix-septième siècle ainsi que les Quakers et les prophètes cévenols en France, le Comte Zinzendorf (1700-1760) fondateur des Frères Moraves à Herrnhut, à l'origine d'une réunion de prière 24 heures sur 24 qui dura

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cent ans.39 De l'église de ce petit village, il sortit, en l'espace de vingt-cinq ans, plus de cent missionnaires, pour atteindre en cent ans, un total de plus de trois cents missionnaires. Aucun mouvement, nulle part, et à aucune époque, n'égala proportionnellement un tel élan pour la Mission.40

Citons encore John Wesley (1703-1791), Thomas Walsh en 1750,41 Jonathan Edwards et Georges Whitefield dans les années 1730-1740,42 David Brainerd, l'apôtre des Indiens d'Amérique au dix-huitième siècle, sans oublier Asahel Nettleton, Charles Finney en 1821 dont le ministère permit d'ajouter trois millions d'âmes à l'Église,43 et Hudson Taylor (1832-1905) en Chine. Le dix-neuvième siècle a révélé Demos Shakarian (1855), Édouard Irving (1782-1834), Dwight Moody (1837-1899), Reuben A. Torrey (1856-1928), F.G. Mathewson (1854), R.B. Swan (1875), W. Jethro Walthall (1879), Maria Greber (1880). Hélas, là aussi, la plupart des dénominations réveillées alors se sont depuis éteintes ou endormies, mais Dieu préparait ainsi le grand réveil de Pentecôte du vingtième siècle.

G. Les Six Grandes Vagues de Réveil Évangélique

Ce fut une merveilleuse période où le monde connut une formidable manifestation de l'Esprit de Dieu dans la puissance du réveil. L'Esprit allait en tout lieu, communiquant une vision toute fraîche de la gloire de Dieu et de sa grâce, révélant aux hommes leur péché, leur faiblesse, et leur besoin désespéré du pardon de Dieu. Les rétrogrades étaient interpellés dans leur indifférence et leur inactivité. L'Esprit les secouait et ils redevenaient préoccupés par les

39Tony Cauchi, Les six vagues de réveil, http://sentinellenehemie.free/6vagues.html (consulté le 26 novembre, 2010).

40John Greenfield, Power from on High, (Edinburgh, UK: Marshall, Morgan and Scott, 1927), 25-26. 41Philippe E. Emirian, La glossolalie, (Chailly-Montreux, Suisse: RDF, 1990), 140.

42Récits de réveils historiques, http://www.spcm.org/recits_reveils.php (consulté le 5 décembre, 2010). 43Emirian, 140.

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choses de Dieu. Ils retrouvaient le chemin de l'église. Un nouveau désir ardent pour la prière fervente et pour la parole de Dieu, ainsi que la passion des âmes les motivaient pour le salut des perdus.

Il y a eu plusieurs périodes dans l'histoire des réveils depuis la Réforme. Certains sont venus de façon éphémère, inattendue et irrégulière, mais plusieurs grands réveils successifs et distincts ont été les moyens que Dieu a utilisés pour contrecarrer le déclin spirituel dans l'Église et pour promouvoir une avancée spirituelle dans le monde. On peut ainsi dénombrer six périodes ou vagues principales depuis la Réforme jusqu'au début du vingtième siècle, en 1727, 1792, 1830, 1857, 1882 et 1904,44 dont les effets ont fini par toucher le monde.

Généralement appelé « le grand réveil », 1727 n'a pas été le plus grand réveil en terme de croissance numérique ou d'étendue géographique. Néanmoins, il a été la première occasion discernable où l'Esprit de Dieu s'est répandu simultanément à travers différentes nations. Historiquement, on fait remonter le début de ce réveil à la communauté morave de Zinzendorf dont le piétisme avait commencé à raviver l'Angleterre et l'Amérique. Griffith Jones marqua la Grande-Bretagne à travers sa prédication de réveil pendant au moins dix ans. Théodore Frelinghuysen prêchait à New Jersey en 1727, débutant un réveil qui se répandit parmi les Presbytériens Irlando-Ecossais sous le ministère de Gilbert Tennant. Le réveil se répandit ensuite chez les baptistes de Pennsylvanie et de Virginie avant le grand réveil de Northampton, dans le Massachusetts, avec Jonathan Edwards en 1734. Après cela, le réveil se répandit en Angleterre et fit une plus profonde avancée en Amérique à l'occasion de la visite de George Whitefield en 1739. Les effets du réveil furent phénoménaux. Près de cent cinquante nouvelles églises presbytériennes démarrèrent en l'espace de vingt ans et trente mille âmes s'ajoutèrent à l'église entre 1740 et 1742. En Angleterre, un massif mouvement de réveil démarra avec George Whitefield et John Wesley. Ce dernier se rendit,

44Cauchi, Les six vagues de réveil.

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encore inconverti, en Amérique pour prêcher aux Indiens en 1736, puis en 1738. Au retour de Wesley, Whitefield s'était converti et prêchait déjà avec de grands résultats. Pendant 34 ans, il exerça un magnifique ministère voué à la prédication, avec des signes de réveil qui souvent l'accompagnèrent. Son ministère coïncida avec le célèbre réveil de Cambuslang en 1742, où vingt ou trente mille s'assemblèrent pour l'écouter prêcher. A la suite de sa prédication, il y eut des pleurs et une repentance en masse pendant une heure et demi. Whitefield prêcha dans presque chaque ville d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles, il traversa l'Atlantique sept fois ; il gagna d'innombrables âmes à Boston, à New York et à Philadelphie. On estima qu'il prêcha environ dix-huit mille messages remplis de puissance. Son ami, John Wesley, est considéré comme l'architecte du réveil évangélique du dix-huitième siècle. Converti en 1738, il prêcha en plein air à Bristol. C'est là que commencèrent ces manifestations inhabituelles qui étaient régulièrement présentes dans ses réunions et celles de Whitefield : des gens tombaient, criaient, s'évanouissaient, hurlaient, se tordaient de convulsion, etc. Par contre, Wesley s'est fait remarquer sur le plan de l'organisation. Il commença sagement des petites sociétés conçues pour servir à l'encouragement et le soutien mutuels. Celles-ci devinrent les précurseurs des réunions dans des salles de classe et ensuite de l'Eglise Méthodiste. Elles étaient sûrement utilisées pour conserver les fruits de l'oeuvre du réveil. Prédicateur itinérant pendant soixante cinq ans, il parcourut lors de ses voyages à cheval une distance estimée à quatre cent mille kilomètres, et prêcha quarante mille sermons ! Il écrivit deux cent trente livres, en comptant ses volumineux mémoires et un commentaire complet sur la Bible entière. Ses pratiques et sa théologie impactent encore des groupes de sainteté, de réveil, pentecôtistes et charismatiques jusqu'à aujourd'hui. Les historiens se réfèrent habituellement à l'année 1766, l'année de la révolution américaine, comme celle où le réveil avait atteint le maximum de sa puissance et commença à décliner.

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Un deuxième grand réveil eut lieu à partir de 1792. Il dura environ trente ans et connût une grande étendue géographique. Il donna une grande impulsion aux missions dans le monde. Il commença par un mouvement de prière en 1784, lorsque John Erskine d'Edinburgh republia le fervent plaidoyer de Jonathan Edward pour la prière de réveil. Les dénominations, l'une après l'autre, consacrèrent chaque mois, un lundi soir à la prière, d'abord en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis. Les barrières étaient énormes. Un grand déclin moral avait suivi la Guerre d'Indépendance en Amérique, la Révolution française, et le rationalisme en Europe. Les méthodistes à eux seuls connurent une croissance numérique qui passa de soixante-douze mille à la mort de Wesley en 1791 à presqu'un quart de million en une seule génération.

Dans le même temps, les églises du Pays de Galles se remplissaient à nouveau et des milliers d'âmes se réunissaient en plein air. Les Haldane (Robert et James) et Thomas Chalmers, avec quelques autres, prirent part à des réveils phénoménaux en Écosse. L'Irlande aussi connut des réveils locaux, parmi les méthodistes. Des mouvements similaires se produisirent ailleurs dans le monde. Vers 1800, la Scandinavie fut atteinte et, en Suisse, une visite de Robert Haldane alluma le feu du réveil au sein des églises réformées. L'Allemagne expérimenta le réveil et connut ainsi des réformes sociales durables et la ferveur missionnaire. Aux États-Unis, le concept de la prière se répandit dans tout le pays depuis 1794, et avant la fin de l'année 1798, le réveil avait éclaté partout, touchant chaque état et chaque dénomination évangélique. Le réveil commença en 1792 et dura environ 30 ans jusqu'en 1820, mais il fut suivi de très près par celui de 1830 qui dura 12 ans avant un nouveau déclin.

Le troisième grand réveil arriva en 1830, mais cette fois-là sans le déclin habituel. Asahel Nettleton et Charles Finney sont les noms les plus connus aux États-Unis. Finney commença en 1830 et attira cent mille âmes en une seule année ! Les églises méthodistes

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épiscopales croissaient continuellement dans les années 1830, mais leur nombre doubla entre 1840 et 1842. D'autres dénominations prospérèrent aussi. En Angleterre, les réveils se généralisèrent tout au long des années 1830. Robert Aitkin et William Haslam entreprirent des missions avec succès. Le darbysme débuta durant cette période, restaurant la doctrine de l'Église, dont celle du retour de Christ. Ses personnalités remarquables étaient J.N. Darby et George Müller qui initia un travail pionnier dans l'orphelinat, l'évangélisation et l'entreprise missionnaire. Edward Irving débuta une oeuvre qui conduisit à la restauration des dons spirituels et des ministères apostoliques dans l'Église. Le Pays de Galles et l'Écosse furent à nouveau saisis par le feu de l'Esprit. Des réveils locaux éclatèrent en Scandinavie, en Europe centrale, en Afrique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Inde, et à Ceylan. Ce réveil, qui commença en 1830, ne dura qu'environ douze ans, se terminant aux alentours de 1842.

Le quatrième grand réveil, celui de 1857, fut le plus grand connu à ce jour en étendue, en effets, et en impact sur la durée. Il commença au Canada. En septembre 1857, Jeremiah Lanphier, un homme d'affaires converti sous Finney, mit en place une réunion de prière tous les mercredi midi dans une église de New York. La progression en nombre des assistants les amena à se rencontrer sur une base quotidienne à partir de début octobre. En six mois, dix mille hommes d'affaires se réunissaient au cours de ces réunions dans toute l'Amérique. Ils confessaient leurs péchés, se convertissaient et priaient pour un réveil. Ce mouvement, initié par des laïcs, moissonna un million d'âmes en deux ans. Pendant ce temps, avant la fin de 1865, un autre million d'âmes fut gagné à Christ en Grande-Bretagne où la population atteignait était alors 27 millions d'habitants. L'évangélisation et la mission étaient sur le coeur de beaucoup. Moody et Sankey eurent un grand succès. William et Catherine Booth ouvrirent l'Armée du Salut qui attira de grandes foules à Christ. Walter et Phoebe Palmer connurent une remarquable oeuvre de l'Esprit au sein de leur ministère. Charles Spurgeon prêchait chaque semaine à des foules remplissant les plus grandes salles de Londres. Hudson Taylor

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commença la Mission pour la Chine Intérieure. David Livingstone et Mary Slessor propagèrent le travail missionnaire en Afrique. Ainsi fut l'impact du quatrième grand réveil, qui balaya aussi le monde entier. La croissance fut rapide en Europe continentale, en Russie occidentale, en Australie, dans les Mers du Sud, en Afrique du Sud et en Inde.

Le cinquième grand réveil, de 1880, fut marqué par Dwight L. Moody. Il fut accompagné de beaucoup d'autres ministères issus aussi du réveil de 1857. Charles T. Studd, fut le produit des visites de Moody, et il partit en mission en Chine en 1885. Avant la fin de l'année 1911, Studd fonda le mouvement missionnaire, la W.E.C, qui eut de grands succès en Afrique. Aux États-Unis également, des milliers de jeunes se portèrent volontaires pour le travail missionnaire et se répandirent dans le monde entier, donnant naissance à la Fédération des Étudiants Chrétiens (Student Christian Federation). Moody fonda l'Institut Biblique Moody en 1883, qui privilégiait les missions. L'Alliance Chrétienne Missionnaire (CMA) prit forme à cette même époque sous l'impulsion de A. B. Simpson, et le Mouvement d'Effort Chrétien (Christian Endeavour Movement) naquit d'un réveil à Portland, dans le Maine, en 1880-1881. À cette même époque, Sam Jones, Wilber Chapman et Billy Sunday connurent un succès extraordinaire en Amérique du Nord. Andrew Murray exerça un puissant ministère en Afrique du Sud, ainsi que John McNeil en Australie. De plus, le réveil atteignit le Japon au début de 1880, portant l'assistance de l'église de quatre mille à trente mille membres adultes en l'espace de cinq ans. La Mission Intérieure de la Chine envoya de nombreux nouveaux missionnaires dans ce pays. De nouvelles missions furent implantées et des réveils rapportés en Inde, en Afrique, en Afrique du Sud, à Madagascar, en Amérique centrale et du sud. Ce fut un réveil missionnaire qui, à travers le monde entier, posa les bases pour une future Église forte, avant le grand réveil du vingtième siècle que Dieu préparait.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote