H. Le Déclin Spirituel Récurrent de tous les
Réveils
Tous les réveils cités dans les chapitres
précédents se sont éteints. Certains l'ont
été au bout de quelques années, d'autres ont duré
plus longtemps comme les Moraves grâce à la prière
constante, d'autres enfin ont décliné et continué à
un niveau misérable pendant des siècles. Ils sont aujourd'hui des
coquilles vides, abandonnées à tout vent de doctrines. Cecil M.
Robeck Jr. mentionne deux exemples frappants : Le premier vient de la banlieue
Ouest de New York où le grand revivaliste Charles G. Finney a
vécu et travaillé. Cette région a tellement connu le feu
du réveil qu'on la surnomma le « district consumé ».
Hélas, aujourd'hui, la population se répartit entre les Mormons,
la pensée positive, la science chrétienne, les témoins de
Jéhovah, le spiritisme, et la perversion des communautés de
l'amour libre, telle que Oneida. On pourrait difficilement penser que le
réveil a eu un tel effet en ce lieu. Le deuxième exemple est le
Pays de Galles. Seulement 8,6% de la population se rend à
l'église aujourd'hui. Seulement 2% fréquente des
communautés ayant une apparence évangélique.45
Il reste néanmoins un point positif. À l'occasion de ces
réveils qui se sont étendus au monde entier, la parole de Dieu a
été prêchée, a touché des âmes, et a
permis de constituer des noyaux ecclésiaux qui continuent tant bien que
mal à propager une image et une morale chrétienne. Ce sont des
tisons qui fument encore, des roseaux meurtris mais qui sont disponibles entre
les mains puissantes du Saint-Esprit. Esaïe relate la parole de
l'Éternel au sujet de son Serviteur Jésus qui « ne brisera
point le roseau cassé, et n'éteindra pas la mèche qui
brûle encore » (Es 42.3). Un exemple frappant nous est donné
par ces deux soeurs qui, dans leur âge avancé-plus de 80 ans-ont
prié pour un réveil qui est intervenu aux
Nouvelles-Hébrides, embrasant tout le pays. Hélas, ce
réveil s'est lui aussi attiédi, puis a décliné, et
s'est éteint. Mais des âmes ont été sauvées.
Notre combat est incessant et le chrétien ne doit jamais baisser les
bras. Nous pouvons remporter des batailles avec l'aide du
45Cecil M. Robeck, Jr., The Azusa Street Mission
& Revival, (Nashville, Tennessee: Thomas Nelson, 2006), 324-325.
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Saint-Esprit, mais la guerre ne sera définitivement
gagnée qu'au retour de Jésus-Christ sur la terre.
L'histoire de l'Église le confirme, tant elle ressemble
à des montagnes russes avec ses hauts et ses bas. L'ancien Israël a
toujours vacillé entre les commandements de Dieu et la voie des nations
païennes, et en cela, l'Église n'a guère
différé. Tout au long des périodes de déclin
spirituel, il y eut heureusement des gens qui sont restés
attachés à la Parole de Dieu, mais qui furent durement
persécutés à cause de leur foi en Christ.
Néanmoins, Dieu a toujours suscité des hommes qui,
sous l'impulsion du Saint-Esprit, ont redécouvert des
vérités abandonnées de la Bible, qui ont enflammé
de nouveaux réveils, devenant des leaders visionnaires, prêchant
la saine doctrine, conduisant à la repentance et au changement de vie.
Ces mouvements de réveils ont été accompagnés par
la puissance de Dieu qui confirmait par des signes, des prodiges et des
miracles la vérité de sa parole prêchée. Ces
réveils ont toujours eu un impact admirable, comme toute oeuvre de Dieu
: des âmes sauvées, des vies transformées, et la
restauration de la présence de Dieu parmi son peuple.
Toutefois, au bout d'un certain temps, l'église est de
nouveau la proie du même fait autodestructeur. La vie qui découle
de l'Esprit commence à être progressivement remplacée par
toutes sortes d'activités, qui peuvent être regroupées sous
le terme d' « organisation », destinée certes à
répondre à des besoins justifiés, mais qui laissent la
place au raisonnement humain (la foi est laissée de côté),
aux prises d'habitudes, et à la mise en place de rites religieux qui
reflètent de moins en moins la spontanéité du premier
amour, avec pour conséquences : la perte de ferveur, une absence de
profondeur, l'oubli du besoin spirituel des âmes, le déclin
missionnaire, etc. L' « organisation » continue l'oeuvre par l'effort
humain et constant des membres, mais le Saint-Esprit est souvent
délaissé au profit de la raison humaine. Les apôtres
avaient vite réagi face à cette difficulté :
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Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour
servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept
hommes, de qui l'on rende bon témoignage, qui soient remplis
d'Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous,
nous continuerons à nous appliquer à la prière et au
ministère de la parole. (Ac 6.2-4)
Hélas, leur exemple n'a pas été longtemps
suivi, car Jésus a reproché à l'Église
d'Éphèse d'avoir abandonné son premier amour (Ap 2.4).
Cette église était toujours en mouvement, faisant des oeuvres,
mais elle a fini par devenir un monument, incapable de résister à
l'assaut final de l'ennemi.
Nous vivons les derniers temps de l'Église. Et nous
rendons grâces à Dieu qui est toujours à l'oeuvre dans la
continuité des réveils du début du vingtième
siècle. Des oeuvres magnifiques ont été bâties, et
des millions d'âmes ont été sauvées. Le feu du
réveil s'est pleinement répandu dans le monde entier. Les AD ont,
pendant toutes ces années, fourni un effort missionnaire sans
précédent et Dieu accompagnait tous ses envoyés, qui
laissaient tout pour le suivre et le servir (Lc 5.11). Mais les
générations se suivent et ne se ressemblent pas. Le Livre des
Juges nous interpelle :
Josué renvoya le peuple, et les enfants d'Israël
allèrent chacun dans son héritage pour prendre possession du
pays. Le peuple servit l'Éternel pendant toute la vie de Josué,
et pendant toute la vie des anciens qui survécurent à
Josué et qui avaient vu toutes les grandes choses que l'Éternel
avait faites en faveur d'Israël. Josué, fils de Nun, serviteur de
l'Éternel, mourut âgé de cent dix ans. . . .Toute cette
génération fut recueillie auprès de ses pères, et
il s'éleva après elle une autre génération, qui ne
connaissait point l'Éternel, ni ce qu'il avait fait en faveur
d'Israël. Les enfants d'Israël firent alors ce qui
déplaît à l'Éternel, et ils servirent les Baals. (Jg
2.6-11)
Ce texte nous parle de la première
génération, celle de Josué, né de nouveau, qui
connaît Dieu, qui est consacrée, qui obéit à Dieu,
et qui vit authentiquement sa foi. La deuxième génération
est celle des anciens. Il y a déjà des inconvertis. Bien qu'ils
connaissent Dieu personnellement, certains ont fait des compromis. On fait mine
d'être consacré, mais on n'obéit pas à Dieu. La
troisième génération, « l'autre
génération », se révèle être
plutôt en
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conflit. Elle ne connait pas Dieu, rien de lui ni de ses oeuvres.
Elle adore et sert les dieux du pays. Si on fait un parallèle avec
l'Eglise, elle comprend peut-être 75% d'inconvertis qui viennent par
habitude, il faut bien avoir une religion, comme tout le monde. Et puis les
gens sont gentils, les jeunes sont polis, et feraient de bons partis pour un
mariage. Les chrétiens sont pour la plupart des chrétiens de nom.
La quatrième génération représente la zone de
danger, juste avant la chute finale. Elle comporte près de 90%
d'inconvertis. Ce sont des églises mortes, bien qu'elles soient
remplies.
Beaucoup d'églises sont actuellement dans la zone de
danger, de troisième ou quatrième génération. Elles
font des oeuvres, ont du succès religieux, font parler d'elles, mais
n'ont plus la vision des âmes perdues. Le but de
l'évangélisation est de remplir le bâtiment de
l'église, de faire du chiffre, mais le changement profond de l'homme est
une autre affaire. L'église se repose sur ses richesses, sur les moments
glorieux du passé comme celle de Laodicée ; elle recherche le
confort matériel et la reconnaissance du monde ; mais le but premier de
l'Eglise, l'ordre crucial de Jésus-Christ, la Missio Dei, a perdu de son
importance. On en parle, bien sûr, mais il n'y a même pas une
journée annuelle consacrée à cette oeuvre qui émane
du coeur même de Dieu, la plus importante de toutes. Nos églises
vivent pour elles-mêmes, pour se satisfaire, pour payer les soutiens et
les nombreux frais des responsables, pour alimenter la caisse et permettre les
nombreux voyages des responsables, l'achat de la grosse voiture ou du 4X4 du
pasteur principal, etc.
Au temps de David, « les fils d'Issacar savaient discerner
les temps » (1 Ch. 12.32). Aujourd'hui, il est important pour nous de
comprendre les temps dans lesquels nous vivons. Les responsables
d'église doivent voir plus loin et plus tôt que les autres, et
comprendre que notre époque est la plus dangereuse de l'histoire. Nous
vivons les derniers jours de ce monde. Leurs caractéristiques sont
celles annoncées par Jésus dans Matthieu 24 : L'accroissement de
l'iniquité et du mal, la présence multipliée de la
séduction, une religion
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sans puissance. Les temps se dégradent, mais l'Eglise est
comme aveuglée, subjuguée par le monde et ses convoitises
terrestres multiples. De plus, elle est séduite spirituellement par
toutes les contrefaçons sataniques qui s'y infiltrent pour la polluer et
la détruire.
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