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Impact des difficultés de l'usine gonfreville de bouaké sur ses employés

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par Kouassi Kan Nestor N'DRI
Alassane Ouattara - Licence 2015
  

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Conclusion partielle

En somme, la FTG est une société industrielle privée spécialisée dans la filature, le tissage et compte aujourd'hui 250 employés et produit 2 tonnes de fibres de coton par jour.

Elle est confrontée à trois difficultés majeures dont l'état défectueux des machines, les difficultés financières et l'approvisionnement en matière première. Ces difficultés sont dues à la crise politico-militaire qui a débuté en Côte d'Ivoire en 2002.

TROISIEME PARTIE :

ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES

I- IMPACT DES DIFFICULTES DE GONFREVILLE SUR LES CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL DES EMPLOYES

Dans cette partie il sera question de montrer les dispositions dans lesquelles travaillent les employés de la FTG et leurs conditions d'existences hors travail.

A- CONDITIONS DE TRAVAIL DES EMPLOYES DE LA FTG

1- Horaires de travail

Ala FTG, les heures réglementaires de travail de 40 heures de travail par semaine soit 8 heures de travail par jour fixé par l'OIT22(*) sont respectées au niveau des responsables et les techniciens.Ils sont hors équipe et travaillent du lundi au vendredi de 7 heures à 12 heures et de 14 heures 30 à 17 heures 30.

En revanche, les chargés de production travaillent en équipe. Ils sont constitués de quatre équipes de travail repartis de la façon suivante : le premier groupe passe le matin de 8 heures à 14 heures, le second prend le relais de 14 heures à 22 heures et le troisième groupe fait le travail de nuit de 22 heures à 06 heures. Le quatrième groupe quant à lui est au repos en attendant de relayer les autres. Il y a donc trois groupes qui travaillent en permanence au sein de l'usine et un groupe au repos en permanence mais cela se passe à tour de rôle.

Au total, chaque groupe fait successivement, deux jours de 6 heures à 14 heures, deux jours de 14 heures à 22 heures, deux jours de 22 heures à 6 heures et deux jours de repos.

Cependant, le quota de 8 heures de travail par jour fixé par l'OIT n'est pas toujours respecté au niveau des employés de ce service. Cela s'explique par le fait qu'avec les difficultés financières de l'usine, elle ne parvient pas toujours à s'approvisionner en matière première. Alors, les employés de ce service travaillent en fonction de la matière première disponible.

2- Les Congés

La loi n° 95-12 du 12 janvier 1995 portant code du travail au TITRE IIintitulé conditions du travail en son chapitre V précisément l'article 25.1 affirme que « Sauf disposition plus favorable des Conventions Collectives ou du contrat individuel, le travailleur acquiert droit au congé payé, à la charge de l'employeur, à raison de deux jours ouvrables par mois de service effectif, sauf en ce qui concerne les travailleurs de moins de dix-huit ans qui ont droit à deux jours et deux dixièmes ».Mais au cours de l'enquête, lorsqu'on demandait aux employés s'ils bénéficiaient de congés, 100% des employés répondaient non.

- «... moi personnellement depuis la crise là je ne connais pas ce qu'on appelle congé, depuis la crise où on a commencé a travaillé un peu un peu jusqu'au jour d'aujourd'hui là je suis jamais allé en congé  »

- «... ça fait au moins 10 ans maintenant que nous on va pas en congé hein »

- «... ça fait quelque chose de 8 ans qu'on a pas de congé »(source enquête mai 2015).

L'étude révèle donc que depuis la reprise du travail au sein de la FTG en 2003 jusqu'à ce jour les employés n'ont pas encore bénéficiés de congés.

3- Rémunération

La loi n° 95-12 du 12 janvier 1995 portant Code du travail au TITRE IIIintitulé salaire en son chapitre II précisément l'article 32.1 stipule que  « Le salaire doit être payé en monnaie ayant cours légal, nonobstant toute stipulation. Le paiement de tout ou partie du salaire en alcool, boissons alcoolisées, stupéfiants est formellement interdit. Sous réserve des dispositions du chapitre I du présent titre, nul n'est tenu d'accepter en tout ou en partie le paiement en nature de son salaire. Aucun employeur ne peut restreindre de quelque manière que ce soit la liberté du travailleur de disposer de son salaire à son gré ».

Mais au cours de l'enquête nous avons découvert que la FTG en raison des difficultés qu'elle connait ne parvient pas a payé totalement ses employés.

Cependant il y a une évolution dans le payement des employés.

3-1- Rémunération des employés de 2003 à 2014

A la reprise du service au sein de la FTG en 2003, la FTG avait les problèmes de trésorerie et il était difficile pour elle de payer totalement tous ses employés. Ainsi, pour permettre aux employés de répondre à leurs besoins primaires vitaux, les responsables ont instauré le paiement des employés par vague. Ce mode de paiement ne donnait que des acomptes c'est-à-dire un paiement partiel du salaire des employés. Ce mode de paiement a fait qu'aujourd'hui, l'usine doit des arriérés de salaire à plusieurs employés.

Mais, ces arriérés ne concernent pas tous les employés, certains ont épuisés les leurs, car la trésorerie octroi une part de l'arriéré aux employés lorsqu'ils ont des besoins. En effet, si l'employé a un besoin, il fait une demande de paiement d'une part de ses arriérés à la trésorerie en vue de pouvoir subvenir à ce besoin. Et la trésorerie en fonction de la situation de l'employé et des ressources disponibles, décide d'octroyer une part des arriérés de l'employé.

Les arriérés de salaire qu'elle doit encore aujourd'hui varient selon les employés. Au cours de l'enquête, plusieurs cas ont été observés. Les propos suivants étayent bien cela:

- « Moi j'ai pas encore touché mes arriérés et je sais que j'ai des arriérés tellement c'est beaucoup j'ai pas ça en tête mais j'ai ça sur papier à la maison mais ça fais des millions hein »

- « ...Moi on me doit au moins quatre ans comme ça hein »

- « ...Moi j'ai pris un peu mais y a n'en encore là-bas » (source enquête mai 2015).

L'étude révèle donc que la FTG doit des arriérés à plusieurs de ses employés même si elle a pu solder pour certains. Cependant, tous les employés n'ont pas les mêmes montants d'arriérés, chaque employé connait son montantet l'usine a un registre de tous les employés à qui elle doit.

3-2- Rémunération des employés de 2014 à 2015

Depuis 2014, plusieurs revendications syndicales ont pu aboutir et aujourd'hui, les employés de la FTG perçoivent totalement leurs salaires à la fin du mois en fonction des heures de pointages obtenus.

Cependant la motivation et la satisfaction ne sont pas aux rendez-vous chez les employés du service de production. Ils sont pour la plupart très âgés avec une moyenne d'âge de 33 ans. Ils estiment par ailleurs être contraint à y rester, car leurs âges avancés ne leur permet pas de se reconstruire un nouveau profil de carrière. Ils sont donc encore à la FTG afin de pouvoir conserver cette identité sociale qu'offre ce travail et aussi répondre à plusieurs de leurs besoins. Ils ont décidé de rester au sein de l'entreprise, car ils doivent aussi une reconnaissance envers cette usine qui a participé à leurs socialisations et enrichis leurs capitaux humains respectifs.

Toutefois, ces conditions de travail difficiles ont un impact négatif sur leurs conditions d'existence.

B-Conditions de vie des employés

1- De 2003 à 2014

De 2003 à 2014 avec les problèmes de trésorerie que connaissait l'usine qui venait juste de démarrer les employés étaient confrontés à plusieurs difficultés. En effet les acomptes que leur donnait la trésorerie ont été source de nombreuses difficultés extra-travail.

Ainsi, lors de l'enquête lorsqu'on demandait aux employés s'ils avaient des difficultés en rapport avec les difficultés de l'usine 100% des employés répondaient par l'affirmatif. Cependant ces difficultés varient d'un employé à l'autre. Cependant nous notons, des crises familiales, la déscolarisation de leurs enfants, les arriérés de loyers les problèmes d'accessibilité aux soins de santé et les problèmes d'alimentations.

1-1- Crises familiales

Lors de l'enquête, plusieurs employés affirment avoir connu des crises familialesayant occasionné pour certains, la dislocation de la structure familiale. En effet, la précarité financière dans laquelle étaient les employés a provoqué pour certains la perte de leurs concubines.

C'est le cas de ces employés lorsqu'ils affirment :

- « ...Vous savez la femme qui est là elle ne demande pas plus mais le minimum qui est mangé et quand je n'avais pas d'argent, elle est partis »

- «...  moi j'ai pas envie de parler de ça parce que moi-même j'ai perdu ma femme dans cette histoire-là »(source enquête mai 2015).

Il ressort des différents entretiens réalisés, que d'autres employés avec cette précarité financière ont perdu l'autorité parentale vis-à-vis de leurs enfants et leurs beaux parents. L'argent ou la richesse apparait donc comme un facteur déterminant dans l'acquisition de l'autorité et du respect. Les propos de ces employés témoignent bien cela.

- « ... moi mes beaux-parents sont même venus prendre ma femme chez moi parce qu'ils trouvaient que j'étais un bon à rien c'est parce qu'elle-même est courageuse qu'elle est restée hein »

- « ...quand tu travailles et tu as l'argent tes enfants le savent parce que quand tu reviens du travail ils courent pour t'accueillir car ils savent que tu leurs envoient un petit cadeau. Mais quand y a pas l'argent ils changent de comportements, ils viennent plus t'accueillir, quand tu les appelles ils ne répondent même pas » (source enquête mai 2015).

L'étude révèle donc que l'extrême pauvreté dans laquelle étaient les employés dues aux acomptes qu'ils percevaient a causé pour certains la perte de leurs concubines et pour d'autres la perte d'autorité parentale.

1-2- Déscolarisation des enfants des employés

La précarité financière a fait que certains employésétaient contraint à stopper, à un moment donné les études de leurs enfants. Cette précarité a contraint les employés à prioriser dans la pyramide des besoins, les besoins primaires alimentaires au détriment des autres besoins, dont l'éducation des enfants à travers leurs scolarisations. La scolarisation des enfants du secondaire et du supérieur étaient irréalisable pour les employés avec les revenus qu'ils percevaient. Car, contrairement à l'école primaire qui est quasiment gratuite en Côte d'Ivoire, cela n'est pas le cas de l'enseignement secondaire et supérieur. Ainsi, les employés avec les acomptesde 5000 Francsou10.000 Francs CFA ne pouvaient pas scolariser leurs enfants du secondaire et du supérieur. Ces différents propos attestent bien cette affirmation.

- « ... moi en 2005 lorsque mon fils était en cinquième, j'ai pas pu faire son inscription et c'est en 2006 lui-même il a fait ses gombos23(*) et il s'est inscrit »

- «...ce sont mes enfants du primaire que j'ai pu inscrire mais ce qui vont au collège là ils ont arrêté »(Source, enquête mai 2015).

Aussi, certains employés affirment que leurs enfants ont été contraints d'arrêter définitivement leurs études afin de se consacrer à des activités. Conscients de la précarité financière de leurs parents, certains enfants ont donc arrêtés les études et exercer des métiers afin de soutenir financièrement les parents. Ces propos étayent bien cette affirmation.

- «...comme j'ai pas l'argent, mon fils a arrêté l'école, il fait moto-taxis »

- « ... Dieu merci mon fils connaissait un monsieur et avec la crise il avait besoin de quelqu'un pour garder sa maison et lui-même il a fait.(Source,enquête mai 2015).

L'étude révèle donc que certainsemployés avec cette précarité financière ont dû déscolariser leurs enfants. Par ailleurs certains de leurs enfants conscients de la situation des parents ce sont trouver des emplois pour soutenir les parents et se scolariser.

1-3- Arriérés de loyers

La précarité financière des employés a aussi occasionné chez les employés locataire de maison le non-paiement des maisons. En effet, les acomptes de 5000 ou 10.000 Francs CFA que percevaient les employés ne leur permettaient pas de payer des loyers estimés à 10.000 FCFA, 15.000FCFA, 20.000 FCFA etc. Face à cette situation plusieurs stratégies ont été mise en oeuvre par les employés, pour pouvoir se maintenir.

Certains ont joué sur les liens d'appartenances et d'affinités ethniques et religieuses pour pouvoir avoir la grâcedes propriétaires.

- « ...moi Dieu merci le propriétaire et moi venons du même village donc il ne pouvait pas me chasser comme ça » (source enquête mai 2015).

D'autres par contre, ont eu recours aux identités culturelles et alliances interethniques. Ces propos attestent bien de cela.

- « ... je suis Agni et le propriétaire est Baoulé et comme on avait l'habitude de s'entraider et plaisanter avant, il m'a dit de ne pas avoir peur. Et il ma jamais chassé. »(source enquête mai 2015).

D'autres par contre, ont trouvé nécessaire de loger à l'usine durant plusieurs semaines afin d'éviter de rencontrer chaque fois le propriétaire. Alors, jouer à cache-cache était donc la stratégie développée par certains employés pour avoir la grâce du propriétaire. Cela se perçoit à travers les propos de cet employé :

- « ... souvent je préfère dormir au travail ici et ne pas partir à la maison comme ça le propriétaire aura pitié de ma femme et mes enfants pour ne pas les vider »(source enquête mai 2015).

L'étude révèle donc, que les employés locataire avec les difficultés financières qu'ils rencontraient, étaient dans l'incapacité de payer mensuellement les loyers.Et grâce aux différentes stratégies de maintien dont ils ont usés, ils ont pu se maintenir.

1-4- Problèmesd'alimentation

La précarité financière a occasionné une carence alimentaire chez les employés et leurs familles respectives. En effet, malgré la priorité que les employés ont accordée aux besoins alimentaires, ils ne parvenaient pas tous à se nourrir trois (3) fois par jour.

Certains employés étaient contraintsdemanger seulement une fois par jour. En effet les employés dans le souci de gérer le peu de ressources (acomptes) qu'ils avaient ont été contraints de manger une seule fois par jour. Cette, précarité financière a phagocyté les employés en de véritable gestionnaire, dans la mesure oùils faisaient un calcul rationnel des dépenses alimentaires. Ainsi, manger une fois par jour s'est présenté à certains employés comme la condition sine qua non pour gérer ces ressources.

Les propos de cet employé traduisent bien cela.

- «... avant là c'était difficile de manger à la maison hein on faisaitla mort subite24(*)»(Source enquête mai 2015).

D'autres par contre, vivaient une précarité alimentaire. En effet la possibilité de manger du levé du jour au coucher du soleil était une forte incertitude pour certains employés. La précarité financière des employés a donc engendré une précarité alimentaire chez les employés. Ainsi, certains employés et leurs enfants mangeaient le jour où ils avaient de l'argent. Par contre en l'absence de ressources, dormir sans rien manger s'imposait à eux. Les propos de cet employé étayent bien cela.

- «...avant là c'était chaud hein, on mangeait quand j'avais l'argent le jour j'ai pas on mange pas puisque ma femme ne fait rien»(source enquête mai 2015).

Les difficultés de l'usine ont mis plusieurs employés dans une pauvreté extrême au point où, il ne parvenait pas à se nourrir au moins une fois par jour. Ces difficultés ont engendré une précarité financière des employés qui a son tour a engendré une précarité alimentaire.

1-5- Problèmes d'accessibilité aux soins de santé

Au cours de l'enquête les employés affirment avoir des difficultés pour pouvoir se soigner convenablement. Cette précarité financière ne leur permettaient pas de répondre de façon adéquate à leurs problèmes de santé, ainsi qu'à ceuxde leurs familles. Certains évoquent ne pas avoir de moyens pour se rendre à l'hôpital ou dans une clinique pour se faire soigner. Ainsi, les médicaments à moindre coût et même gratuit dont les médicaments traditionnels (les feuilles) et les médicaments de rue étaient l'alternative pour les employés de se soigner ainsi que leurs familles. Les médicaments de la rue qui sont généralement vendu par des femmes dans les marchés ou de façon ambulante dans la ville de Bouaké tout comme dans les artères des autres villes du pays étaient l'alternative pour les employés et leurs familles de se soigner en cas de maladie. Les propos de cet employé attestent bien cela.

- «...  avec tous nos problèmes là vraiment hein quand on est malade on est obligé de se tourner vers les médicaments de rue et les feuilles qu'on préparait pour boire et se laver avec »(source enquête mai 2015).

Un autre employé relate que cette précarité financière liée aux difficultés de l'usine a occasionné le décès de sa fille.

- «...  j'ai perdu ma fille en 2007 parce que j'avais pas l'argent pour l'envoyer à l'hôpital »(source enquête mai 2015).

L'étude révèle donc que les employés de la FTG n'arrivaient pas à faire face aux problèmes de santé de leurs familles et d'eux-mêmes.Face à cette situation, les méthodes de soins inappropriés ce sont présentés comme l'alternative, pour les employés et leurs familles de se soigner. Par contre ces méthodes ont montré des limites chez certains qui ont vu mourir leurs enfants.

2- De 2014 à 2015

A partir de l'année 2014 grâce à l'action des syndicalistes de l'usineet une bonne volonté des responsables malgré les difficultés, la trésoreriepaye normalementles employés c'est-à-dire à chaque fin du mois. Ainsi, ce nouveau mode de paiement a favorisé une certaine amélioration des conditions de vie des employés.

D'abord, au niveau familial, les chefs de familles retrouvent peu à peu l'autorité parentale. Ainsi, la réappropriation du capital économique favorise une reconquête de l'autorité parentale chez les employés. C'est le cas decet employé lorsqu'il dit :

- « ....aujourd'hui je peux pas dire que ça va, mais au moins avec le peu qui est là quand tu arrives à la maison les enfants sont heureux »(Source enquête mai 2015).

Cette réappropriation du capital économique a même favorisé chez certains employés le retour de leurs concubines et a permis pour d'autres la création d'un nouveau foyer. Les propos de ces employés attestent bien cela.

- « ....Mes enfants voulaient que leur maman reviennent et ils sont allé voir les parents au village pour me demander pardon, et bon comme on avait tout fait ensemble avant j'ai accepté et aujourd'hui, elle est là »

- « .... tout récemment j'ai pris une autre femme et c'est avec elle que je suis actuellement »(source enquête mai 2015).

Ensuite, au niveau éducatif les employés parviennent à scolarisé leurs enfants du secondaire et aussi du supérieur. Cependant, cette scolarisation ne dépend pas entièrement des employés. En effet les employés sont pour la plupart âgés et leurs premiers enfants ont pour certains des emplois. Ainsi, poussés par des instincts de sociabilité et de solidarité ces derniers accompagnent leurs parents dans la scolarisation de leurs cadets. Cela se perçoit dans les propos de cet employé.

- « ...aujourd'hui franchement avec ce qu'on gagne ici là on peut pas envoyer nos enfants à l'université. Dieu merci j'ai deux fils qui travaillent et c'est eux qui m'aident à envoyer leurs frères et soeurs qui sont au collège et à l'université à l'école. »(source enquête mai 2015).

En outre, en ce qui concerne les logements, les employés arrivent à payer peu à peu leurs logements. Ils doivent pour la plupart plusieurs mois d'arriérés de loyer. Le paiement de ces arriérés de loyer ne peutse faire totalement à cause de la précarité du salaire aujourd'hui. Néanmoins, ils parviennent à un paiement partiel des arriérés de loyer, comme le souligne cet employé.

- « ...le loyer qu'on doit là on peut pas payer ça un coup, donc si on gagne un peu on donne au propriétaire pour le rassurer. »(source enquête mai 2015).

Par ailleurs, auniveau de l'alimentation les employés parviennent à subvenir un tant soit peu à leurs besoins alimentaires. Ils arrivent pour la plupart à manger au moins deux fois par jour. Ils sortent donc de la pauvreté extrême qu'ils vivaient de 2003 à 2014. Mais souvent certaines familles des employés connaissent une précarité alimentaire, comme le souligne cet employé :

- « ...avec le peu qu'on gagne aujourd'hui on arrive à manger, mais le jour que ça fini on tombe dans notre situation d'avant. »(source enquête mai 2015).

Enfin, les employés parviennent à soigner leurs parents et eux-mêmes grâce au partenariat entre la FTG et la pharmacie Victor Ténéna. Mais, l'employé étant le seul responsable dans le paiement des frais de soins dans ce partenariat est toujours vulnérable à la précarité. Car si l'employé prend les médicaments à crédit, cette somme est extraite dans son salaire par la pharmacie à la fin du mois. Ainsi, cela occasionne quelques fois le fait que, certains employés se retrouvent sans salaire, ou un maigre salaire à la fin du mois. Et cela contribue à une détérioration de leurs conditions de vie. Les propos de cet employé attestent bien cela.

- « ... il y a un mois où je me suis retrouvé avec 4000 Francs comme salaire parce que j'ai pris des médicaments à crédit à la pharmacie » (source enquête mai 2015).

En somme, depuis 2014 on observe une amélioration des conditions de vie des employés. Mais, même si les employés perçoivent maintenant leurs salaires à chaque fin du mois, ce salaire est précaire. Et, cela est dû aux difficultés financière que connait l'usine. En effet, ce problème de trésorerie empêche l'usine de s'approvisionner en coton. Les employés et particulièrement ceux du service de production travaillent en fonction de la matière première disponible. Ce problème d'approvisionnement en matière première entraine une précarité de leurs salaires car, ils sont payés en fonction du nombre d'heures de travail obtenu dans le mois. Et donc un employé de la troisième catégorie ayant obtenu 10 heures de travail au pointage dans le mois sachant que l'heure fait 385 Francs CFA au niveau de cette catégorie, n'aura que 3850 Francs CFA. Ce salaire ne lui permettra donc pas d'avoir un niveau de vie acceptable.

 II- SOLUTIONS DE RELANCE DE L'USINE ET D'AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE DES EMPLOYES

* 22OIT : organisation Internationale du Travail

* 23 « Gombo » est un jargon Ivoirien désignant de petites activités génératrices de revenus.

* 24La « mort subite » consiste à manger une fois par jour précisément à 16 heures.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway