II- DIFFICULTES DE LA FTG
Dans cette partie il sera question d'énumérer
les difficultés auxquelles est confrontée la FTG ainsi que les
sources ou origines de ces difficultés. Au niveau des
difficultés, elles sont de trois ordres majeurs dont : les
difficultés financières, la vétusté des machines de
production et l'approvisionnement en matière première. En outre
la crise militaro-politique qui a débuté en Côte d'Ivoire
le 19 septembre 2002 est la source ou l'origine de ces difficultés.
1) Etat des machines
A la question de savoir les difficultés auxquelles est
confrontée la FTG, le premier élément de réponse
que donnent les responsables de cette usine est l'état des machines.
- «... A FTG, la première difficulté
qu'on a c'est l'état des machines, les machines sont hors services,
elles sont dépassées, elles sont dégradées et les
sociétés même qui ont créées nos
machinesn'existent même plus.».
- « ... vous voyez quand vous avez parcouru la salle
de production, on a au moins 80 à 90% des machines qui sont à
l'arrêt hein, donc aujourd'hui notre parc de machine est obsolète,
est dépassé, d'où on est plus compétitif, et
au-delà de ça, les seules rares machines qui nous restent, sont
beaucoup confrontées à des problèmes de pièces de
rechanges compte tenu du fait que la trésorerie de l'entreprise ne tient
plus » (Source enquête mai 2015).
L'étude révèle donc que la FTG a des
problèmes de machines. La majorité des machines de l'usine ne
tournent plus faute de pièces de rechanges et même du retard du
point de vue technologique de ces machines. Parmi celles qui tournent il y en a
qui tournent à moitié puisque toutes les pièces ne sont
pas réunis. Certaines machines doivent tourner normalement avec 224
broches mais par manque de pièces elles tournent au maximum avec 140
broches. Ces images ci-dessous reflètent bien de l'état
défectueux des machines.
Photographies 2 : machines
inactives au sein du service de production de l'usine FTG
(Source,enquête mai 2015).
2) Difficultés
financières
Les responsables de l'usine évoquent aussi au cours des
entretiensréalisés des difficultés financières.
- « ...les difficultés sont
financières, car c'est les finances qui assurent tout, si vous n'avez
pas d'argent vous ne pouvez pas bien fonctionner ».
- «... nous avons des difficultés
financières et nous avons besoins de l'argent en espèce pour
acheter de nouvelles machines et acheter la matière de
production ».(source enquête mai 2015).
Le manque de moyens financiers, fait donc partie
intégrante des difficultés auxquelles est confrontée la
FTG et constitue une entrave au bon fonctionnement de l'usine.
3- Approvisionnement en matière
première
L'approvisionnement en matière première qui est
le coton est du point de vue des responsables l'une des difficultés de
la FTG aujourd'hui.
- «... on a un problème d'approvisionnement
en matière première qui est le coton. Parce que avant qu'est ce
qui se passait ? Avant on était subventionné par l'Etat
Ivoirien puisqu'il était majoritaire à ERG et était aussi
majoritaire à la CIDT. Et l'Etat permettait à la CIDT de nous
donner du coton qu'on traitait, qu'on vendait et après maintenant le
remboursement se faisait avec la CIDT. Et en 1993 il y a une liquidation qui a
vu le désengagement de l'Etat et créé une
libéralisation de la vente du coton et maintenant il faut payer le coton
cash avant de l'obtenir et chacun est libre de vendre le coton à qui il
veut et même à l'extérieur ».
- « ...Avant la crise on avait notre stock de coton
ici et tous les magasins étaient rempli et pendant la guerre on a
dû envoyer ce stock à COTIVO, et après la guerre il fallait
s'approvisionner mais on a plus de liquidité et le prix du coton a
grimpé »(Source enquête mai 2015).
La FTG a donc des problèmes d'approvisionnement en
matière première qui est le coton. Ces difficultés sont
liées aux difficultés financières que connait
l'usine.Aussi, ce problème d'approvisionnement provoque la baisse du
rythme de travail au sein de l'usine car les employés travaillent en
fonction de la matière première disponible.En outre, elles sont
à l'origine de la précarisation du salaire des employés
puisqu'ils sont rémunérés en fonction du nombre d'heure de
travail dans le mois.
4- Sources ou origines des difficultés de
FTG
A la question de savoir les sources de ces
difficultés, 100% des responsables de l'usine FTG interrogés
répondent la crise de 2002. Ces réponses illustrent bien cette
affirmation :
- «... oh, mais c'est bien évidemment la
crise de 2002 ».
- «... les difficultés ici ne sont pas
internes, moi je suis syndicaliste donc j'ai le droit de dire la
vérité. La crise est pour 100% de nos
difficultés ».
- «... ce qui a empiré la situation ici c'est
la crise qu'on a vécu, quand je parle de crise, je ne parle pas de la
crise économique de 1993 qu'a connu ERG et favorisé la vente de
ses actions, mais je parle de la guerre de 2002 » (source
enquête mai 2015).
L'étude révèle donc que la
crise politico-militaire qui a débuté en Côte d'Ivoire au
soir du 19 septembre 2002, est la cause des difficultés que connait la
FTG aujourd'hui.
Toutefois, nous signalons que cette usine n'a pas
été l'objet d'un pillage et ne payaient pas de taxes aux soldats
installés dans la zone de Bouaké. Mais, qu'est ce qui justifie le
fait que les responsables de la FTG soient tous unanimes sur la
responsabilité de la crise des difficultés de FTG ?
5- Lien entre les difficultés de FTG et la
crise de 2002
A la question de savoir le réel rapport entre la crise
politico-militaire de 2002 et les difficultés de l'usine, les
réponses obtenues sont les suivantes :
« ...Avant la crise depuis que moi je suis
là, chaque année on avait tous un mois de congé et on
faisait venir des experts de l'Europe pour faire la maintenance des
machines ; mais par rapport à la crise on ne pouvait plus le faire
puisque les portes était fermé et Bouaké était
enclavé. Donc comme on avait pas les pièces, lorsqu'une machine
tombait en panne, on enlevait les pièces d'une autre machine pour
réparer et cela a réduit en nombre nos machines ce qui a
entrainé la baisse de la production ».
- «... pendant la crise on ne pouvait pas faire
venir des gens pour réparer nos machines donc qu'est ce qu'on
faisait ? par exemple, il y a deux ordinateurs qui marchent et à un
moment donné il y a un qui prend un coup donc on peu plus l'utiliser, et
après le deuxième également tombe en panne donc tu regarde
les deux comme ce n'est pas les mêmes panne au lieu de laisser tomber les
deux tu prends les pièces de l'un pour réparer l'autre et c'est
comme ça notre parc de machines a été
réduit ». (Source, enquête mai 2015).
L'étude révèle donc, que la crise a
entrainé la vétusté des machines de l'usine. Car, elle a
empêché aux dirigeants de faire la maintenance et l'achat de
pièces de rechange des machines, car la ville de Bouaké
était enclavée. Lesresponsables face à cette situation,
ont trouvé juste de détruire certaines machines dans l'optique de
sauver d'autres, et cela a réduit énormément le parc de
machines.
6- Effets de la crise de 2002 sur la
FTG
Les effets ou conséquences de cette crise sur la FTG
sont diverses.
D'abord, au niveau économique, elle a occasionné
la baisse du chiffre d'affaire de l'usine qui est passé de
3 885 000 000 de FCFA avant la crise à environ 1 milliard
de FCFA aujourd'hui. En effet, l'absence de maintenance des machines dues
à la crise et la stratégie adoptée par les dirigeants pour
sauver les machines ont entrainé la vétusté et la
réduction du nombre de machines. Cette stratégie fait
qu'aujourd'hui certaines machines ne fonctionnent que partiellement (50% de
leurs capacités). Ainsi, cette situation a occasionné la baisse
de la capacité de production de l'usine qui est passé de 20
tonnes jour avant la crise à 2 tonnes jours aujourd'hui. L'usine a donc
du mal à répondre à ses charges dont le paiement de
l'électricité, le paiement des employés,
l'amélioration de leurs conditions de vie à travers une politique
sociale, l'entretien de son patrimoine estimé à 52 000
m².
En outre, au plan social, l'usine a dû
réduire son personnel qui était de 1800 employés avant la
crise à travers un licenciement de plus de 1500 personnes et aujourd'hui
elle compte 250 employés. En effet, avec le nombre réduit de
machines qui a créé des problèmes de trésorerie,
l'usine ne pouvait plus prendre en charge tous les employés. Le
licenciement s'est donc présenté aux dirigeantscomme la condition
sine qua non pour assurer la continuité voire la survivance de
l'usine.
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