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Mise au point d'une méthode de mesure sur les indices de confort : étude menée sur la ville de Strasbourg (france)

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par Thibaut FILLIOL
Université de Strasbourg (UDS) - Master 1 de Géographie environnementale 2015
  

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III. Difficultés rencontrées, résultats et perspectives

N.B : la partie concernant les résultats se trouve ici très raccourcie en raison de son aspect plus secondaire dans ce travail. Il conviendra de se référer au mémoire de Nathalia Philipps pour approfondir les principaux éléments soulevés ici.

1. Difficultés rencontrées

Le domaine du confort thermique en extérieur étant encore peu exploité en France, il a été très difficile de trouver des documents rédigés francophones. Seules quelques rares études sur le confort thermique ont pu être exploitées. Ces dernières ont néanmoins été utiles pour affiner quelques définitions assez générales ou permettre une meilleure compréhension de l'utilisation de certains indices, notamment le WBGT. Le reste de la littérature scientifique étant en anglais, un temps d'adaptation face au vocabulaire fut nécessaire.

Le fait que les indices de confort soient très nombreux a également été source de complication, essentiellement au début de la recherche bibliographique. En effet, on se retrouve vite « noyé » dans la masse d'informations, d'autant plus qu'on a généralement du mal à savoir quelles sont les spécificités de chacun. Les situations dans lesquelles ils s'utilisent ne sont pas toujours explicitées, ce qui a compliqué le choix des indices retenus pour cette étude. Il y a de surplus assez peu d'articles comparatifs qui permettent notamment de juger de la qualité de chacun d'eux. Il a donc aussi fallut s'adapter par rapport aux appareils de mesure disponibles pour effectuer cette sélection.

Il convient également de préciser que très peu d'études décrivent avec précision le dispositif de mesure utilisé. On ne peut donc pas réellement s'appuyer sur une étude antérieure et c'est donc un vrai travail innovant qu'il a fallu mettre en place.

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Il en est de même concernant les stratégies expérimentales, où celles-ci sont très vaguement exposées au sein des articles, se résumant généralement à une localisation assez simpliste du ou des sites d'études. Cette observation rend donc ce travail encore plus important par rapport au fait que très peu de personnes ont réellement pris le temps de le faire, les résultats primant sur le côté technique.

En ce qui concerne les globes gris et noir, beaucoup d'auteurs en font référence dans leurs articles, utilisant alors l'un ou l'autre pour calculer Tmrt et la température ambiante nécessaires au calcul des indices de confort. Cependant, aucune étude sérieuse n'a finalement permis de les comparer entre eux comme ce fut le cas ici. Il est étonnant que ce travail d'amont, pourtant indispensable, ne figure pas plus souvent au sein des textes élaborés sur cette thématique. Enfin, des contraintes temporelles et météorologiques sont venues perturber les mesures, surtout vers la fin du travail. En effet, avec le temps assez court dont nous disposions pour mener l'étude, cela n'a pas été facile d'organiser les journées de mesures, c'est pourquoi le site de la place Kléber n'a pas eu le temps d'être traité complètement, ainsi que les suivants (voir partie II). Les prévisions météorologiques étant ce qu'elles sont, il a fallu s'adapter de nombreuses fois et adapter également la stratégie expérimentale. Cette dernière a d'ailleurs fait l'objet de plusieurs modifications et il a notamment été assez difficile de trouver un site témoin minéral (Rue Sellenick), du fait de la végétation importante présente au sein de la ville.

Enfin, comme c'est la première fois que le dispositif de mesure est utilisé, il y a eu quelques soucis concernant l'acquisition des données, notamment le problème de coefficient du rayonnement ainsi qu'un léger doute sur le programme des charrettes, aussitôt enlevé une fois la révision de celui-ci.

Ces quelques petits problèmes techniques n'ont cependant pas entachés la fiabilité des résultats que l'on a pu obtenir. Ils sont même nécessaires afin de garder un oeil critique sur son matériel et éviter ainsi des erreurs qui auraient pu être faites par le passé.

2. Résultats et perspectives

Les résultats les plus probants ont été obtenus sur la végétation, où les efforts avaient été majoritairement entrepris. Il a notamment été possible de repérer différents facteurs qui permettent d'améliorer le confort thermique grâce à cet élément.

Un des paramètres qui paraît le plus logique est l'ombrage apporté par les arbres (place Kléber par exemple). Ceci se ressent notamment au niveau des indices de confort rationnels qui diminuent assez nettement par rapport à des endroits exposés au rayonnement.

La densité végétative implantée sur les sites en question joue également un rôle important, aussi bien sur l'ombre apportée que sur son rafraichissement. En effet, la densité doit être suffisamment importante pour exercer une influence. Le campus et le jardin en sont la preuve. En effet, malgré la présence d'arbres, le point situé devant la Faculté de Droit reste très inconfortable tandis que les points situés à proximité du jardin offrent une situation plus agréable, alors même qu'on se trouve en plein canyon urbain.

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L'effet de la localisation spatiale est également à prendre en compte, notamment si on se trouve à proximité d'un bâtiment, ce dernier pouvant modérer le rafraichissement induit par la végétation, via un apport de chaleur relâchée par les matériaux.

Le type de surface du sol possède également son influence. Les indices ont d'ailleurs montré une différence notable en terme de confort entre un sol recouvert de pelouse et une surface graveleuse/sableuse, comme ce fut le cas devant la Faculté de Droit. L'évapotranspiration du gazon (chaleur latente) permet en effet de rafraîchir la surface et les conditions d'ambiance se trouvant à proximité directe du point de mesure. Il est aussi question d'albédo, ce dernier paramètre réfléchissant plus ou moins bien le rayonnement et retenant de ce fait plus ou moins bien la chaleur.

Enfin, l'influence du jardin universitaire a pu être mise en avant, par l'intermédiaire de deux points établis lors du premier transect. En effet, on a pu constater une amélioration thermique lorsqu'on se trouvait à proximité du jardin (arrêt de tram « Observatoire ») par rapport au point situé en face du restaurant universitaire, juste à proximité d'un immeuble. Il n'y a donc aucun doute quant à l'influence du jardin, ce dernier étant suffisamment grand pour rafraîchir localement les rues qui le bordent. Il est en revanche plus difficile d'établir jusqu'où s'exerce cette influence.

De ce fait, si ce transect était à refaire, il serait intéressant d'intégrer des points de mesure au sein même du jardin, chose qui n'a pas été le cas pour cette fois et de s'en éloigner progressivement pour arriver à estimer le « rayonnement » du parc. Cela permettrait également de renforcer l'analyse temporelle qui n'a pas été réellement entreprise cette année. Par exemple, il aurait pu être judicieux de partir du jardin à un même point et de s'éloigner de celui-ci dans deux directions contraires, afin de pouvoir comparer l'influence du jardin sur la zone au Nord de celui-ci et au Sud. On retrouve en effet plusieurs grands canyons urbains au Nord du jardin, dépourvu de végétation, tandis qu'au Sud, le bâti est beaucoup plus lâche et nettement plus vert. On aurait alors pu potentiellement comparer les deux situations et voir si les aménagements verts du Campus étaient complémentaires au rôle du jardin en lui-même.

L'évaluation de l'influence de l'eau a été beaucoup plus difficile à mettre en avant. Il est même impossible de dire à l'heure actuelle si l'eau joue un rôle sur le confort thermique. Cette étude a renforcé les doutes qui avaient été émis au préalable. En effet, les bassins d'eau au niveau de la place Kléber n'ont démontré aucune influence sur le confort thermique et les indices de confort calculés n'ont pas non plus permis de mettre en avant son impact. Les bâtiments à proximité jouent peut être aussi un rôle compensatoire en apportant de la chaleur et en limitant fortement le rôle de l'eau. Si les bâtiments exercent une pression plus importante sur l'ambiance thermique que l'eau elle-même, cela pourrait considérablement limiter son apport bénéfique en période de fortes chaleurs et rendre l'aménagement du territoire difficile si l'on veut tenir compte de cette spécificité.

Il faudrait sûrement approfondir cette question durant les années à venir. C'est dans cette optique que le site « Malraux » a suscité notre intérêt et de plus en plus au cours de cette étude. En effet, il est aussi peut être question d'un volume d'eau seuil, à partir duquel l'amélioration du confort thermique se fait ressentir. Au niveau de ce site, le canal est bien plus large qu'au niveau de République et l'environnement alentour est bien plus dégagé, ce qui donnera peut-être des relevés plus intéressants dû à la plus grande proximité avec le milieu aquatique.

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Le dernier aspect qui a été abordé au cours de ce travail concerne le rôle de la morphologie urbaine. Les espaces principalement minéralisés dépendent essentiellement de cet aspect. L'ombrage apporté par les bâtiments permet logiquement de rafraîchir localement un canyon urbain. Ceci a pu être mis en évidence au niveau l'avenue de la Marseillaise, qui est la plupart du temps à l'ombre donc beaucoup plus fraîche qu'au niveau du pont de Gallia 200 mètres plus bas. Le rapport H/W joue également un rôle important. Ceci n'a pas encore pu être démontré sur cette étude, mais les deux transects réalisés au niveau de Kléber avaient vocation d'y apporter des preuves. Pour estimer ce taux de manière optimale, il faudrait disposer d'un laser permettant de mesurer la hauteur des bâtiments (télémètre). Ce paramètre a été difficilement estimable lors de nos observations de terrain et cela permettra de traiter ce point de manière plus précise.

Le type de sol minéral peut également expliquer certaines différences de température entre les sites, mais il a été difficile d'apporter une réponse à cette problématique. Dans cette optique, il pourrait être intéressant d'ajouter un albédomètre en plus des autres appareils de mesure, afin de pouvoir mesurer le plus efficacement possible ce paramètre, qui n'a pu être qu'estimé au cours de ce travail. En plus de cet appareil, un thermomètre nous donnant la température exacte des surfaces qui entourent notre point de mesure (bâtiments, sol) permettrait d'affiner les interprétations quant au rôle radiatif difficilement estimable des surfaces urbaines et pouvant influer l'ambiance thermique au niveau de la mesure.

Enfin, l'exposition des rues semble jouer à priori un rôle sur le confort thermique, mais il conviendra d'en apporter la preuve lors de la suite des mesures.

Au niveau du dispositif lui-même, à savoir les charrettes, il serait possible de changer le capteur de vent et d'opter pour un anémomètre sonde, afin d'affiner la mesure du paramètre en question. Cependant, on a pu voir au cours de cette étude qu'il n'avait qu'une très faible influence sur l'indice simple ET et encore moins sur l'indice rationnel UTCI. Remplacer ce capteur paraît donc assez insignifiant et serait probablement une perte d'argent.

En revanche, rajouter des capteurs de rayonnement pour quantifier et estimer la part de rayonnement qui provient des bâtiments alentours pourrait être une bonne idée. En effet, on a pu remarquer que même au niveau des ponts, le rôle de l'eau n'était pas quantifiable et l'amélioration thermique n'a pas pu être démontrée. Dans ce sens, il serait judicieux de voir si le rayonnement émis par le muret à proximité n'expliquerait pas cette absence de rafraichissement escompté. C'est aussi dans ce sens que l'ajout d'un thermomètre pour les surfaces urbaines possède un intérêt.

Il conviendra de faire un étalonnage complet des appareils de mesure et notamment des globes gris qui seront utilisés les années suivantes, afin d'obtenir la même mesure entre les capteurs et pouvoir comparer de manière la plus précise qui soit deux points différents, en ôtant cette marge d'erreur de 1°C qui a été observée lors de nos comparaisons.

Dans le but d'établir une étude complète des différents dispositifs permettant de mesurer la température ambiante, il sera apprécié de pouvoir mettre en place la méthode des six directions, au niveau de la station fixe du jardin universitaire, afin de disposer de toutes les méthodes pour estimer ce paramètre. Il sera alors possible de comparer les méthodes entre elles et de pouvoir calculer les indices en fonction de la meilleure méthode retenue.

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Des facteurs de correction seront peut être nécessaire entre cette méthode et les globes gris, afin d'obtenir les mesures les plus précises.

Un aspect non négligeable et dont il faut prendre en compte lors des mesures est le temps d'attente de cinq minutes. Ce laps de temps étant nécessaire pour le rééquilibrage des capteurs, je pense qu'il est possible de le réduire sans forcément compromettre la qualité des mesures. En effet, les mesures sont faites par beau temps et les conditions sont toujours stables, deux minutes pourraient suffire à obtenir une valeur tout aussi fiable. Cette réduction de temps permettrait également de parcourir plus rapidement chaque transect et donc de multiplier les mesures au sein d'une même journée.

En ce qui concerne les indices de confort, nous avons pu isoler l'indice ET, le plus vieux de notre liste, qui n'apparaît clairement pas comme le plus fiable, ce dernier nous donnant des valeurs assez étonnantes et incomparables à celles des autres indices. Il sera préférable de le laisser de côté pour les prochains calculs.

Les indices HI et Humidex ne nous permettent pas de constater des différences notables d'ambiances thermiques, du fait de leur grande stabilité. Ceci est également vrai pour le WBGT, même s'il apparaît comme étant le plus intéressant au niveau des indices simples, surtout dans sa version qui prend en compte la valeur du globe.

En revanche, on constate globalement un très bon comportement des indices rationnels PET et UTCI, ces derniers permettant de qualifier de manière assez précise l'ambiance et plus particulièrement les situations de stress thermique.

Pour ce qui est de la comparaison des indices entre eux. On remarque une bonne corrélation des deux indices rationnels UTCI et PET, ces derniers nous intéressant tout particulièrement (Graphiques 11 & 12). On observe cependant une correspondance moins marquée l'après-midi. Les indices simples sont logiquement moins bien corrélés entre eux, en raison du nombre moins important de paramètres qui rentrent dans leur élaboration, ces derniers n'étant généralement pas les mêmes. Ils sont de ce fait mal corrélés avec les indices rationnels. Il faudra aussi préciser que notre régression n'est pas optimale en raison du nombre trop faible d'échantillons, par manque évident de temps.

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Graphiques 11 et 12 : comparaison des indices rationnels PET et UTCI

Il faudra privilégier les meilleurs indices pour les prochaines études, notamment pour le WBGT qui dispose de deux formules différentes comme on a pu le voir. Pour cette étude, nous avons utilisé préférentiellement la formule du WBGT basique, car la comparaison des globes a été faite après les mesures et nous n'avons pas pu modifier nos formules. Il sera donc nécessaire d'utiliser la formule du WBGT comprenant la valeur du globe gris, afin d'estimer au mieux l'ambiance thermique des sites qui seront exploités.

Enfin, un des aspects dont nous avions évoqué la possibilité mais qui n'a pas pu être mis en place cette année est l'élaboration de mesures nocturnes. En effet, il serait très intéressant de pouvoir comparer l'évolution des indices en journée et la nuit, leur comportement étant différent entre les deux situations, d'autant plus que paramètre du rayonnement est absent. Ceci est d'autant plus vrai si les mesures sont faites en milieu minéral et dans le cas d'analyses sur la morphologie urbaine, où on sait que le rayonnement infrarouge empêche la ville de se refroidir efficacement. En zone végétalisée, il sera également très intéressant de voir le comportement des indices et du parc lui-même lorsque la transpiration des arbres est limitée. Plusieurs périodes peuvent également être intéressantes à exploiter, notamment le lever et le coucher du soleil, afin de voir si le rayonnement possède ou non une grande influence sur les indices de confort qui seront calculés.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire