Conclusion
La climatologie urbaine voit ses champs d'applications de plus
en plus ouverts avec les questions récemment soulevées par le
changement climatique et la perspective de la conférence sur le climat
à Paris, fin 2015. La bioclimatologie humaine et les études
menées autour du confort thermique en extérieur prennent une
réelle importance par rapport à cette problématique.
La ville de Strasbourg est apparue comme tout à fait
adaptée à ce genre d'études, grâce à
l'importance non négligeable de ses espaces verts. Il fut donc
relativement facile de trouver des sites intéressants par rapport
à nos objectifs, bien que l'aspect minéral fût plus
difficile à isoler. Les premiers résultats de ce travail de
mémoire ont notamment permis de confirmer certaines hypothèses
concernant l'apport bénéfique de la végétation sur
l'ambiance thermique urbaine. En revanche, beaucoup de questions sont encore
d'actualité pour ce qui est de l'influence de l'eau, dont on ne sait pas
réellement si elle joue un rôle important sur l'ambiance thermique
au sein des villes. La démarche employée à ces fins n'a
pas été suffisante et devra donc être
améliorée.
Cette évaluation du confort thermique urbain a
été rendue possible par l'intermédiaire d'un dispositif de
mesure performant couplé à une stratégie
expérimentale composée d'objectifs clairs en fonction des sites
de mesure. Elle a notamment permis de calculer un certain nombre d'indices de
confort, permettant d'estimer cette notion subjective qu'est le confort
thermique. En effet, son évaluation nécessite une analyse
pluridisciplinaire, du fait de facteurs physiques à prendre en compte
(propriétés thermiques vestimentaires, propriétés
thermiques des matériaux, climatologie...), mais aussi de facteurs
relatifs aux individus eux-mêmes (psychologie, physiologie, culture). Il
existe de surplus un nombre très important d'indices possédant
des caractéristiques différentes, ce qui complique le
caractère objectif de chacun. Il est donc très difficile de
pouvoir dire quels indices sont les plus fiables, même si l'UTCI, dernier
indice crée, propose une gamme de mesures très large, aussi bien
d'un point de vue spatiale que temporelle, ce qui en fait un des indices les
plus intéressants et les plus complets à l'heure actuelle.
Ce travail a également permis de mettre en avant les
côtés techniques et instrumentaux, souvent laissés de
côté dans les autres études scientifiques ou traités
de manière superficielle. Il a notamment été possible de
confirmer l'utilisation du globe gris, comme étant un capteur permettant
d'estimer la température ambiante de manière moins couteuse et
tout aussi fiable, voire plus, que le globe noir, surtout en zones
tempérées où les conditions demeurent souvent instables,
comme ce fut le cas pour notre étude.
Il est cependant nécessaire de poursuivre les
comparaisons instrumentales afin de pouvoir affiner les interprétations
des indices de confort. L'utilisation de nouveaux instruments de mesure
permettra également d'obtenir un diagnostic plus précis,
notamment des conditions radiatives autour de chaque point de mesure, afin
d'éliminer le maximum de doutes qui ont pu être émis au
cours de ce travail. La stratégie expérimentale devra quant
à elle continuer à être menée et des modifications
pourront être apportées en fonction des prochains objectifs
retenus. Un des principaux effets du changement climatique est l'impact sur le
confort thermique. Certains modèles prévoient des
étés très chauds et humides dans certaines régions
qui pourraient être près des limites de la tolérance
humaine (Brown, 2011).
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L'adaptation des sociétés sera différente
selon les richesses des pays concernés (systèmes de chauffage ou
de refroidissement). Le changement climatique est une question pouvant se
régler seulement au niveau des institutions nationales et
internationales. Les efforts individuels ou provenant de groupes d'individus
ayant peu d'impact sur l'évolution de la tendance. Il peut cependant y
avoir une action au niveau local et régional pour ce qui est de
l'urbanisme et de l'aménagement du territoire, dans le but d'une
adaptation face aux conditions climatiques extrêmes liées au
changement climatique. Les noyaux urbains, les rues, les parcs et autres
peuvent tous être confortables thermiquement à travers une
conception « thermoclimatique ». (Brown, 2011)
Il apparait assez clairement que l'écologie et
l'aménagement « vert » puissent être une des
possibilités pour atténuer les conséquences sur la
santé humaine de la hausse des températures. (Bowler, 2010)
Bien que les apports bénéfiques provoqués
par la végétation soient déjà connus, il est plus
difficile de savoir qu'elle peut être l'aire d'influence des parcs
urbains et des autres espaces verts parsemant les villes. Il est donc encore
indispensable de comprendre comment fonctionne la végétation et
de mettre cette dernière en relation avec la morphologie urbaine et plus
largement par rapport à l'aménagement du territoire, dans le but
de mieux aménager les futurs quartiers. Il ne faut pas non plus oublier
que certaines espèces végétales ne sont pas
forcément propices à l'atténuation des fortes chaleurs ou
à la modération de la pollution urbaine, bien au contraire. Il y
a donc là aussi un travail interdisciplinaire à mener de
front.
L'enjeu pour les planificateurs urbains sera de créer
des espaces urbains dont les conditions microclimatiques influenceront le
confort thermique, de manière à ce que les individus puissent le
tolérer et ceci, pour les dizaines d'années à venir.
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