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Effets des incendies de forêts sur la séquestration du carbone et la minéralisation de l'azote, et la typologie des sols dans les écosystèmes forestiers du rif centro-occidental

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par Collins Orlando
Ecole Nationale Forestière d'Ingénieurs (Maroc) - Diplôme d'Ingénieur des Eaux et Forêts 2015
  

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3. Effets des incendies sur la séquestration du carbone dans le sol

La détermination précise d'évolution des stocks de C est une condition préalable pour comprendre le rôle des sols dans le cycle global du C et de vérifier les variations de stocks en raison de pratiques humaines. L'un des phénomènes provenant des pratiques humaines est le déclenchement des incendies de forêts qui peut aboutir à des variations des stocks de C dans les sols forestiers. Étant donné que le pool pédologique est le pool terrestre le plus important, ces évolutions ainsi que les modifications des propriétés du sol dues aux incendies peuvent avoir des implications importantes sur les sols forestiers en tant que puits de C.

Tableau 10 : L'évolution des stocks de C organique total dans le sol des sites étudiés

Sites

I

II

III

IV

COstock

57,23 #177; 4,78 b

28,68 #177; 8,68 a

31,37 #177; 6,68 a

22,56 #177; 7,02 a

(t/ha)

(65,23 #177; 19,88 b)

(16,91 #177; 3,33 a)

(49,51 #177; 28,26 ab)

(35,01 #177; 5,19 ab)

ÄCOstock (%)

- 12,28 ns

+ 69,59 ns

- 36,65 ns

- 35,57 ns

Les valeurs entre parenthèses représentent les données des sites témoins correspondant à chacun des sites incendiés alors que les différentes lettres indiquent les différences significatives entre les sites selon le test de Tukey - HSD. Les différences entre les sols de sites incendiés et non incendiés : (ns) non significative; (*) p < 0,05; (**) p < 0,01; (***) p < 0,001

Les résultats obtenus sur les stocks de C se présentent sur le Tableau 10 ainsi qu'à la Figure 8 pour l'appréciation visuelle de leur évolution suite au passage du feu. Les stocks de C variaient de 22,56 t/ha (site IV) à 57,23 t/ha (site I) sous les sites incendiés alors qu'aux sites témoins, ils étaient compris entre 16,91 et 65,23 t/ha respectivement sous les sites II et I. La variabilité des stocks de carbone au sein des sites incendiés est assez faible, avec des écarts types, variant entre 47,80 t/ha et 70,24 t/ha (soit 8,35% à 31,14% de variabilité) respectivement sous les sites I et IV alors que sous les sites témoins, ils se situent entre 5,19 t/ha et 28,26 t/ha (soit 14,81% à 57,08% de variabilité)

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respectivement sous les sites IV et III. En ce qui concerne la variabilité inter sites, l'on a observé une différence très hautement significative (p < 0,001 : Annexe 2.2.3) parmi les sites, avec le feu semblant diminuer légèrement cette variabilité (Tableau 10).

Le feu semble avoir eu un effet négatif sur les stocks de C, trois (I, III et IV) des quatre sites d'étude présentant une diminution. Les sites III et IV sont ceux qui ont connu plus de pertes en stocks de C présentant respectivement la diminution de 36,65% (-18,14 t/ha) et 35,57% (-12,46 t/ha) des stocks initiaux de C (Tableau 10 et Figure 8). En ce qui concerne le site (II) ayant présenté une augmentation, les gains sont de l'ordre de 69,59% de stock initial soit +11,77 t/ha. Bien que ces changements aient été observés, ils ne sont pas significatifs comme le montre le test d'analyse de la variance (Annexe 2.2.3). Cette observation pourrait s'expliquer par le fait que le feu n'était pas suffisamment intense pour provoquer des changements considérables dans les stocks de carbone organique sous ce site. Les températures maximales atteintes lors de la combustion ainsi que la durée des feux sont des facteurs importants qui entrent en jeu. Les études ont montré que la plupart des pertes en C des sols ont lieu lorsque le feu est localisé sur une surface limitée, pendant une longue période de temps permettant le transfert de chaleur dans le sol minéral. Dans la présente étude, l'on pourrait conclure que les changements ont été essentiellement limités à la partie supérieure du sol étant donné que l'intensité du feu était probablement faible à modérée avec une durée courte (moins de 24 heures pour la plupart des cas).

Les pertes significatives de C après le passage des feux dans le sol minéral sont assez rares, sauf dans les cas où les feux d'intensités élevées sont impliqués. Ainsi, dans ces conditions, les pertes de C organique sont essentiellement liées à la combustion de la MO, l'oxydation et donc la volatilisation du C et l'élimination et/ou la redistribution des cendres avant qu'elles soient incorporées dans le sol minéral. Étant donné que les feux d'intensités élevées peuvent ne pas avoir eu lieu dans ces sites, alors la diminution des stocks de C dans le sol minéral sous les sites I, III et IV, notamment par la volatilisation, qui commence de 500 à 700 °C, pourraient avoir été assez limitées.

D'autres phénomènes, plus probables, pouvant expliquer les pertes en stocks de C dans le sol après les incendies sont ceux d'érosion par le vent et/ou ruissellement. La combustion de végétation, en particulier le sous-bois, rend le sol nu et susceptible aux processus subséquents d'érosion et de ruissellement. La zone d'étude se trouve dans une région dont la topographie est très accidentée et dont le substrat est très friable. À ces faits s'ajoute les évènements pluvieux qui peuvent favoriser les processus d'érosion du sol, étant donné que la région soit parmi les plus arrosées au Maroc. En effet, les valeurs les

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plus élevées au Maroc en termes d'érosion ont été enregistrées dans cette région. Cela pourrait expliquer le cas des sites III et IV (ayant subi une coupe rase) qui se trouvent dans la même zone de Bab Taza (~ 1 km l'un de l'autre) et dont le sous-bois était presque non existant (Image sur Annexe 5). En outre, ces deux sites ont également présenté la plus de perte en stocks de C par rapport aux autres sites (Tableau 10 et Figure 8). Ainsi, cette explication est en accord avec de nombreuses études. Kimble et al. (2001) aux USA ont enregistré des pertes de COS dues à l'érosion dans les 25 premiers cm du profil du sol sous quatre sites.

De nombreuses études ont montré que la diminution en stocks de C par érosion et ruissellement se fait par déplacement ainsi que la redistribution de COS. La dégradation des agrégats du sol favorise la minéralisation de CO, ce qui accentue la libération ainsi que les pertes de C dans l'atmosphère (Lal, 1995). Un autre facteur favorisant la minéralisation de CO est l'augmentation de la température du sol en absence de sous-bois car le sol est plus exposé au soleil. Cela pourrait aussi expliquer les pertes en stocks de C sous les sites III et en particulier IV dont le peuplement a subi une coupe rase.

Influence des incendies sur les stocks de
carbone organique

-12,28% +65,59% -36,65% -35,57%

700

COS (t/ha)

400

600

500

300

200

100

0

Site

I II III IV

Non incendié Incendié

Figure 8 : L'évolution des stocks de C dans le sol suite aux incendies de forêts

La teneur du sol en argile pourrait également être appelé à expliquer l'évolution des stocks de C après le feu, en particulier dans le site II qui a présenté une augmentation. Les argiles présentent une grande stabilisation de la COS en protégeant la MO des décomposeurs (Duchaufour, 1983; Six et al., 2002). Cependant, le cas des sites I, III et

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IV était paradoxal car l'on a observé une diminution en stocks de C malgré l'augmentation de la teneur en argiles pour chacun d'eux.

Au niveau du site II, l'augmentation des stocks de C pourrait s'expliquer par le fait que le site était défriché et dont le feu était probablement de faible intensité. Ces résultats coïncident avec ceux de plusieurs auteurs y compris Pardini et al. (2004) sous un peuplement de chêne-liège en Espagne, Kara et Bolat, (2009) sous une plantation de pin noir en Turquie et Zhao et al. (2012) en Chine. Cette évolution est souvent liée à une faible combustion de la MO ainsi que du C suivi par l'accumulation et l'incorporation des dépôts (résidus) partiellement brulés dans la surface du sol. Ainsi, les particules de charbon résultant de la combustion incomplète de la biomasse peuvent être incorporées dans la matrice du sol résultant à l'augmentation et au stockage du C.

Cette étude n'a pas signalé d'effets considérables des incendies sur la séquestration du carbone dans le sol. Ce sont des observations qui sont courantes où les incendies ayant eu lieu étaient de faible gravité à modérée. Considérant que ce fut généralement le cas dans la présente étude, les résultats obtenus n'étaient pas tout à fait surprenants.

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