2.2.2. Azote total
L'effet du feu sur les pools de N dans le sol a toujours fait
l'objet de controverse. Certains chercheurs ont enregistrée une
augmentation en N total (Christensen 1973 ; Covington et Sackett 1984 ; Kovacic
et al., 1986 ; Ubeda et al., 2009), d'autres ont
trouvé qu'il diminue (DeBano et Conrad, 1978 ; DeBano et al., 1979 ;
Raison et al., 1985 ; Kutiel et Naveh. 1987) alors qu'il y a ceux qui n'ont
observé aucun changement en ces pools dans le sol (Richter et al.,
1982 ; Binkley et al., 1992 ; Knoepp et Swank, 1993).
Les résultats obtenus sur les pools de N total ainsi
que leur évolution suite au passage du feu se présentent sur le
Tableau 9 et la Figure 7. Les
quantités sous les sites incendiés variaient de 0,14 N % soit
1421,00 mg/kg (site IV) à 0,47 N % soit 4737,58 mg/kg (site I). Quant
à leurs sites témoins, ils ont présenté des valeurs
entre 0,11 N % soit 1094,80 mg/kg (site IV) et 0,29 N % soit 2921,40 mg/kg
(site I).
Le feu a eu d'effets variés mais pas significatifs
(Annexe 2.2.2) sur le N total au niveau des quatre sites
étudiés avec seulement les sites I et III (+62,17% et +71,43%
respectivement) présentant un changement de plus de 50 % (Figure
7). L'une des principales raisons pour lesquelles les feux
n'entraînent pas de changements significatifs sur les pools de N total
est que les pertes dues aux feux, à une certaine profondeur
d'échantillonnage, sont relativement faibles par rapport à la
quantité totale de N contenu dans sol. L'incohérence de la
profondeur d'échantillonnage, qui vient du fait que la couche de sol la
plus influencée par le feu se limite aux quelques centimètres
supérieurs du sol, pourrait aussi avoir contribué à la
réponse non significative des pools de N total. D'autres facteurs (ex.
humidité du sol, hétérogénéité
spatiale, déposition et transformations de N etc.) ainsi que leurs
variabilités compliquent aussi la variation temporelle de N total
après le passage de l'incendie et peuvent être responsables de
l'incohérence des résultats obtenus, en même temps
diminuant le pouvoir statistique de détecter les changements des pools
de N total dans le sol incendié.
+62,07%
-25,00%
+71,43%
+27,27%
Influence des incendies sur l'azote total
0.5
I II III IV
Site
Non incendiés Incendiés
Azote total(%)
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
63
Figure 7 : L'évolution de N total dans le
sol suite aux incendies de forêts
La diminution de N total observée sous les sites II,
quoique non significative, pourrait être liée à des
facteurs tels que la nature du couvert végétal, l'érosion,
l'immobilisation par les microorganismes, l'assimilation par les plantes etc.
plutôt qu'aux effets directes de du feu tels que la combustion importante
de MO et la volatilisation de N. Ces derniers processus affectent souvent les
horizons organiques plutôt que la partie minérale du sol de
laquelle le prélèvement des échantillons était
fait.
En ce qui concerne les sites I, III et IV, l'augmentation de N
total, quoique non significative (Annexe 2.3.2.1),
était en accord avec les résultats de Ubeda et al.
(2009). La combustion de la MO (carbone) conduit
généralement à une baisse de rapport C : N (plus
marquée sous ces sites : 2.3) conduisant ainsi au
phénomène de `flush' de N assimilable puisque l'activité
microbienne est favorisée dans ces conditions. Ceci contribue ainsi
à l'augmentation des pools de N total, tenant en compte qu'ils sont
constitués de N organique et inorganique. La volatilisation ainsi que
d'autres processus conduisant à des pertes de N tels que
l'érosion auraient été minimes par rapport au
scénario expliqué précédemment conduisant ainsi
à l'augmentation de N total sous ces sites après le passage des
feux.
64
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