WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La transparence optimale d'une banque centrale

( Télécharger le fichier original )
par Artan Itsitsa Nzamba
Université Omar Bongo de Libreville-Gabon - Master 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2. Critère de choix de la variable instrument

Il est question ici de définir tout d'abord ce qu'est un instrument de politique monétaire et ensuite nous mettons en exergue quelques critères de sélection de la variable instrument. Cette partie nous permet de comprendre pourquoi une Banque centrale préfère retenir telle instrument au lieu de telle autre.

2.2.1. Définition

Plusieurs auteurs ont défini ce qu'est une variable instrument. Cependant la définition qui retient l'attention est celle de McCallum (1997). Pour lui, les variables instruments sont des éléments que les Banques centrales manipulent plus ou moins directement sur une base journalière ou hebdomadaire dans leur tentative d'atteindre des cibles spécifiées.

Ainsi après avoir compris ce qu'est une variable instrument, il est donc intéressant d'apporter quelques précisions sur les critères de choix des instruments.

2.2.2. Critères de sélection de la variable instrument

Trois critères de sélection peuvent être avancés selon la littérature économique (Pollin, 2008). D'abord, la variable retenue doit être proche du champ d'action directe des instruments de politique monétaire. Ensuite, la fréquence de son observation, c'est-à-dire la disponibilité de données fiables, doit être supérieure à celle des objectifs finals. Enfin, il faut qu'elle soit solidement reliée aux objectifs finals de politique par des relations statistiques stables, permettant aux autorités de connaître les répercussions d'un changement de cible sur les objectifs finals.

Ces critères donnent lieu à des arbitrages (McCallum, 1997). Par exemple, des agrégats monétaires larges (M2, M3 voire M4) ou des agrégats de crédit satisfont mieux au troisième critère, tandis que la masse monétaire (M1) au sens étroit répond mieux aux deux premiers critères. Il convient alors de sélectionner la variable qui peut au mieux stabiliser les variables objectifs finals de politique, en filtrant efficacement l'impact des chocs aléatoires qui affectent l'économie. Ainsi, par rapport à un objectif de stabilisation du revenu réel, le contrôle de la masse monétaire assure une meilleure protection face aux chocs d'origine réelle. En revanche, le contrôle du taux d'intérêt filtre plus efficacement les perturbations d'origine monétaire.

Si les perturbations d'origine réelle sont prédominantes, le contrôle de la masse monétaire représente une solution efficace. Le taux d'intérêt devient par contre une cible intermédiaire d'autant plus fiable que les chocs monétaires sont importants. La conjoncture économique des années 60 et 70 était caractérisée par des chocs réels relativement plus importants que les chocs monétaires. Elle était donc plus favorable à l'emploi de la masse monétaire comme cible intermédiaire de politique. Cette situation semble, cependant, avoir changé pendant les années 80 marquées par des chocs monétaires beaucoup plus importants. Ces chocs sont liés au processus de dérèglementation et d'innovations financières qui ont, dans plusieurs pays, fondamentalement altéré les comportements en matière de demande de monnaie.

Bien qu'un certain nombre substantiel d'économistes académiques ait favorisé l'utilisation de l'instrument base monétaire ou un agrégat de réserve, presque toutes les Banques centrales actuelles utilisent un taux d'intérêt à court terme (Black, Macklem, Rose, 1997 ; Taylor, 1999 ; Couppey-Soubeyran et alii., 2014, 2015). Ce qui apparait conforme aux caractéristiques réelles de la politique monétaire moderne. L'instrument privilégié par les Banques centrales des pays industrialisés est un taux d'intérêt à court terme. Cette idée va à l'encontre de celle de Sargent et Wallace (1979) qui estiment que le niveau des prix de l'économie serait indéterminé si la Banque centrale devait utiliser un taux d'intérêt comme instrument. D'ailleurs, pour eux, il n'y a pas de règle s'appuyant sur un taux d'intérêt avec un niveau des prix déterminé. Pour Poole (1970), la masse monétaire est préférable en tant qu'instrument si la demande de monnaie est relativement stable ou si les chocs sur la demande de monnaie sont positivement corrélés avec ceux de la demande de biens. Friedman (1975) considère cette comparaison comme étant fauchée si l'on considère le taux d'intérêt et la masse monétaire comme des instruments directs de la politique monétaire.

À cette approbation de la masse monétaire comme étant le meilleur instrument de la politique monétaire s'oppose des auteurs comme Goodhart (1994) qui penche pour le taux d'intérêt. Il affirme que si la Banque centrale essaie d'avoir un système de contrôle de la base monétaire, elle échouera car cela lui est impossible. Aussi, l'emploi de la base monétaire comme instrument entrainerait plus de variabilité du taux d'intérêt à court terme et les institutions financières avec lesquelles travaillent les Banques centrales n'apprécient pas cette variabilité du taux d'intérêt. Pour McCallum (1997), deux raisons conduisent les Banques centrales à retenir le taux d'intérêt comme instrument de la politique monétaire. Ainsi, la première raison est d'avoir des croyances concernant la possible instabilité de l'instrument et la seconde raison est le rôle de prêteur en dernier ressort que joue la Banque centrale et qui lui permet de prévenir des crises financières qui impliquent une large hausse de la demande de base monétaire. Pour Creel et Sterdyniak (1999), l'agrégat monétaire n'a plus de poids du fait des innovations financières qui font perdre tout sens à un objectif en termes d'agrégat monétaire. On note donc une disparition de la transparence et de la contrôlabilité de la politique monétaire (cas de l'Allemagne avec le contrôle de M3 par la Bundesbank).

Il convient donc de conclure avec Taylor (1999) qu'utiliser une règle s'appuyant sur un taux d'intérêt n'élimine pas le concept d'offre et de demande de monnaie ; elle rend tout simplement la monnaie endogène. Pour Taylor, la connexion entre les règles d'offre de monnaies et des règles de taux peut être utile. En période d'inflation très élevée ou négative, les règles de taux d'intérêt perdent de leur utilité parce que les anticipations d'inflation changent et sont difficiles à mesurer.

Ces critères ont permis de comprendre pourquoi le taux d'intérêt est un instrument privilégié des Banques centrales. Ainsi, il sera par la suite présenter la fonction de perte de la Banque centrale.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein