Section 2 : Les
caractéristiques propres à la formulation
Il est question ici de présenter le caractère
simple et systématique d'une règle (1), les critères de
choix de la variable instrument (2) et enfin la manière dont est
spécifiée la règle à partir de la fonction de perte
(3).
2.1 Caractère simple et systématique d'une
règle
Il est sus montré que le souci de
crédibilité des Banques centrales a conduit l'ensemble des
Banques centrales à axer leurs politiques monétaires sur des
règles monétaires tout en délaissant l'optique de la
discrétion monétaire. C'est donc cette recherche de
crédibilité auprès des agents économiques qui nous
permet de marquer un temps d'arrêt sur le caractère
systématique et simple d'une règle de politique
monétaire.
En effet, la règle de politique économique de
manière générale et de politique monétaire
particulièrement doit être systématique c'est-à-dire
identique de période en période. D'où la
nécessité de la prise en compte de la dimension temps. En plus du
caractère systématique, elle doit aussi être simple afin
d'être compréhensible par l'ensemble des agents économiques
(Pollin, 2002).
Pour ce qui est du caractère systématique, il
est très avantageux qu'une règle monétaire revête ce
caractère pour au moins trois raisons (Pollin, 2005, 2008). D'abord,
l'engagement préalable des autorités monétaires même
si cet engagement revêt la forme d'un comportement conditionnel. Ensuite,
il est impossible pour les autorités monétaires lorsqu'une
règle est systématique d'opérer des optimisations de
période en période. Enfin, la transparence et la
crédibilité de l'institution se trouve accrues dans la mesure
où les public ne pourra pas croire (ou pourra croire) que la Banque
centrale suivra la même règle d'une période sur l'autre si
cette dernière ne laisse rien (laisse cela) transparaître sur la
politique qu'elle aura choisie d'adopter.
Le constat est que le caractère systématique
d'une règle entame la crédibilité et la transparence de la
Banque centrale auprès des agents économiques et donc elle doit
s'atteler à intégrer cette caractéristique dans la
formulation de sa règle monétaire. Cependant, il y a aussi une
autre caractéristique qui, tout comme la précédente peut
mettre en péril la transparence de la politique monétaire. Il
s'agit ici de la simplicité de la formulation de la règle
monétaire.
Pour Artus (1998), la transparence de la règle
dépend au premier chef de la facilité avec laquelle le public
peut évaluer le caractère sincère des efforts
déployés par la Banque centrale pour atteindre ses objectifs.
Aussi, Artus, Penot et Pollin (1999) précisent que pour être
communiquée et contrôlée sans trop de difficultés,
une règle monétaire se doit d'être suffisamment simple
c'est-à-dire facilement compréhensible par les agents
économiques.
Ces raisons expliquent pourquoi malgré les nombreuses
critiques économétriques faites à la formulation de Taylor
(1993) à l'exemple de celles de Drumetz et Verdelhan (1997) ; Auray
et Fève (2003), la règle de Taylor suscite toujours assez
d'engouement auprès des économistes de politiques
monétaires et mêmes auprès des Banques centrales.
Le caractère systématique et la
simplicité d'une règle monétaire s'imposent en raison de
la crédibilité et la transparence qu'ils accordent aux
autorités monétaires. Surtout que ces deux aspects sont
déterminants dans l'atteinte des objectifs de la politique
monétaire.
L'importance et la nécessité du caractère
systématique ainsi que de la simplicité d'une règle
étant démontrés, il est opportun de présenter, sans
ambages, ce sur quoi une Banque centrale s'appuie pour choisir son
instrument.
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