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La transparence optimale d'une banque centrale

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par Artan Itsitsa Nzamba
Université Omar Bongo de Libreville-Gabon - Master 2014
  

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Chapitre 2 : La transparence optimale : un moyen de réduire le risque d'incohérence temporelle

Section 1 : La transparence totalecommedegré optimal

La littérature économique souligne qu'une ample divulgation par la Banque centrale des informations relatives à ses objectifs, à sa propre appréciation des effets de sa politique monétaire et à la situation économique, la politique monétaire réduira l'incertitude des agents économiques (Mishkin, 2004), ce qui favorisera l'ancrage de leurs anticipations notamment sur l'inflation (Bokino, 2015). La politique monétaire sera alors plus efficace et le bien-être de la société s'en trouvera amélioré (Musard-Gies, 2007 ; Eichengreen et Dincer, 2008 ; Qvigstad, 2009).

De même, cette transparence totale trouve son ingrédient dans la divulgation des informations certaines telles que la cible d'inflation de la Banque centrale, utiles à l'amélioration des anticipations du secteur privé. En effet, lorsque la Banque centrale communique ses prévisions de l'inflation, le secteur privé l'utilise en combinaison avec ses propres prévisions pour former ses anticipations d'inflation. Les agents économiques doivent estimer la qualité relative des prévisions de la Banque centrale pour pondérer leurs prévisions en conséquence (Walsh, 2006, 2007, 2008 ; Dale et al., 2008 ; Gosselin, 2008 ; Rudebusch et Williams, 2008 ; Dale et al., 2011).

Cependant, dans la littérature économique, les analyses divergent sur l'idée selon laquelle la transparence totale réduit le risque d'incohérence temporelle. D'où l'idée d'une transparence intermédiaire pour déterminer le juste équilibre entre l'opacité totale et la transparence totale (Cukierman, 2001 ; Morris et Shin, 2002 ; Cornand, 2007 ; Musard-Gies, 2007).

Section 2 : La transparence intermédiaire comme degré optimal

Au regard de la discrétion absolue, source d'incohérence temporelle et génératrice d'un surcroît d'inflation, et de la transparence totale, amplifiant l'incohérence temporelle, la transparence intermédiaire apparaît alors comme une «solution optimale» la plus à même d'ancrer les anticipations des agents privés et de contenir efficacement les tensions inflationnistes (Morris et Shin, 2002 ;Demertzis et Viegi, 2008, 2009 ; Ueda, James et Lawler, 2011). Plus précisément, cette transparence d'équilibre caractérise un niveau de communication permettant à la politique monétaire de garantir aussi bien la stabilité d'inflation que la cohérence de celle-ci avec les anticipations des agents privés (Cornand, 2014). Ce qui conduit les Banques centrales à réduire leur marge de transparence en ne divulguant pas des informations incertaines qui pourraient orienter les anticipations des agents privés sur une trajectoire incompatible avec la cible d'inflation (Morris et Shin, 2002 ; Cukierman, 2005 ; Pollin, 2005, 2008 ; Muto, 2012)15(*).

De ce point de vue, la communication d'informations incertaines, telle que les prévisions de l'inflation, serait néfaste car les agents lui accordent une grande importance. Cela conduirait à une sur-réaction à l'information procurée par la Banque centrale, dans un environnement où la Banque centrale ou les agents privés ont des informations privées concernant les conditions économiques. De même, il est fortement risqué et contreproductif de publier des signaux concernant de sévères problèmes du système financier. Ce comportement peut engendrer une réaction non anticipée du public qui obligerait la Banque centrale à prendre des mesures plus expansionnistes qu'elle ne l'aurait fait si elle s'était temporairement abstenue de publier l'information. Par ailleurs, les Banques centrales sont incitées à être opaques concernant leurs préférences si elles ont une asymétrie au niveau de l'inquiétude concernant le niveau d'activité. Les anticipations des erreurs dans les politiques futures par les agents ont un impact déstabilisant sur leur anticipation de l'écart de production ou du taux d'inflation. Cukierman (2007) évoque deux limites de la transparence de la Banque centrale : sa désirabilité et sa faisabilité. Il affirme d'abord que pour les banquiers centraux, il est impossible d'être transparent concernant tous les points à cause de leur connaissance limitée du fonctionnement de l'économie. Ce qui conduit au recours à un niveau intermédiaire de transparence en réduisant la marge de transparence (Bernanke et Mishkin, 1997 ; Cukierman, 2001, 2005, 2007 ; Morris et Shin, 2002 ; Amato et Shin, 2003 ; Cruijsen et alii., 2010 ; Muto, 2012).

Les deux approches telles qu'élaborées ont permis de distinguer l'efficacité d'une règle d'instrument dans la divulgation de toutes les informations, d'une part, et, d'une règle d'objectif dans la rétention de certaines informations incertaines, d'autre part. L'accroissement de l'efficacité de la politique monétaire et la crédibilité des Banques centrales justifient l'emploi des règles dans la conduite de la politique monétaire. Ainsi, nous pouvons conclure avec Drumetz et Verdelhan (1997) Barro et Gordon (1983) que la règle est meilleure que la discrétion dans la mesure où elle rend la politique monétaire plus efficace. Cependant, toutes les règles sont-elles robustes ?

Il convient à présent de présenter les contraintes16(*) qui pèsent sur les règles monétaires.

Après le consensus sur l'utilisation de la règle par les Banques centrales, plusieurs économistes ont proposé différentes règles monétaires. C'est ainsi qu'est né le débat règle « activiste » contre règle « automatique » de même que celui opposant les règles d'instrument aux règles d'objectif (Chapitre 3). Après une présentation de ces débats, il sera donné dans un second temps, le cadre de mise en oeuvre d'une règle monétaire spécifique qui combine efficience, souplesse et transparence (Chapitre 4).

* 15Cette option résulte de la critique de Lucas (1976). Si les autorités monétaires décident de modifier le niveau de l'inflation cible dans le futur, alors elles ont intérêt à anticiper la réaction des agents dans le futur. C'est sur la base de ces anticipations qu'elles fixeront leur taux d'intérêt et la politique monétaire à mener effectivement.

* 16Par contraintes, il faut entendre l'ensemble des conditions requises pour qu'une règle monétaire puisse être jugée apte (ou adéquate) à appréhender le comportement d'une Banque centrale en matière de conduite de la politique monétaire (Pollin, 2005).

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