La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
DEDICACE
A l'Eternel Tout-Puissant pour ton immense bonté dans ma
vie.
A mon défunt père, KWEDI Benjamin,
pour tes valeurs de probité, d'humilité,
d'intégrité, et du culte de l'effort.
A mon cher frère LABEAU Fleurville pour
ton apport financier inestimable sans lequel ce projet n'aurait jamais
été réalisé.
A mon épouse, TONGUE Julienne pour les
sacrifices consentis.
A mon oncle maternel, NDAKI EDJEH Victor pour
ton concours incommensurable.
A mes collègues et amis de la
Sous-Préfecture, de la Commune et du Tribunal de Première
Instance de Mbanga pour vos encouragements.
1
Ce travail vous est entièrement dédié.
2
La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
REMERCIEMENTS
Ce travail est l'aboutissement de soutiens multiformes de
plusieurs personnes, ainsi qu'il nous soit permis de leur témoigner
toute notre reconnaissance.
Nos remerciements vont tout d'abord à l'endroit de Chief
Frédéric NGUIME EKOLLO Maire de la commune de
Dibombari qui a bien voulu nous accueillir dans sa commune pour ce stage
professionnel.
Nos remerciements s'adressent également à tout le
personnel de cette commune pour leur marque d'hospitalité et
particulièrement à notre encadreur monsieur NGILA JENGOU
Antony Moise, chef d'unité des ressources humaines.
Nous témoignons une très grande
déférence à Madame Emilie ALAKL tutrice
à l'INEAD Vitrolles de France qui fort de son expertise, a bien voulu
diriger ce travail, ainsi qu'à tout le personnel enseignant de cette
institution de formation.
Toute notre gratitude va enfin à l'endroit de Monsieur
BASSILEKIN Georges Magloire Emmanuel, Administrateur Civil
Principal, Sous-préfet de l'Arrondissement de Mbanga pour avoir
répondu promptement à nos multitudes sollicitations dans le cadre
de ce projet d'étude.
Nous ne saurons terminer sans avoir une pensée pieuse pour
madame DJIOMO née NDAMOU Elise, haut commis de l'Etat,
receveur municipal de la commune de Dibombari décédée dans
la nuit du 10 juillet 2015 des suites d'un accident de circulation, pendant
notre stage.
3
La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
LISTE DES ABREVIATIONS
CAC : Centimes Additionnels Communaux
CEFAM : Centre de Formation pour l'Administration Municipale
CIFFADDEG : Centre International de Formation Appliquée en
Démocratie, Développement Ethique et Gouvernance.
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi
DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de
la Pauvreté
FCFA : Franc des Colonies Françaises d'Afrique
FEICOM : Fond Spécial d'Equipement Inter Communal
IPD : Institut Panafricain de Développement
ISMP : Institut Supérieur de Management public
PNDP : Programme National de Développement Participatif
MINADT : Ministère de l'Administration Territoriale et de
la Décentralisation
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
PPTE : Pays Pauvre et Très Endetté
RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais
SOCAPALM : Société Camerounaise de Palmeraies
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La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
N° de série
|
Titres
|
Pages
|
I
|
Tableau du nombre d'agents par catégories d'emploi
|
27
|
II
|
Graphique de la situation du personnel permanent par
catégorie
|
28
|
III
|
Graphique du personnel ayant bénéficié d'une
formation financée par la commune depuis 2009
|
31
|
IV
|
Graphique de la répartition du personnel par service
|
32
|
V
|
Graphique de l'organigramme de la commune de Dibombari
|
34
|
VI
|
Tableaux de quelques données du compte administratif 2014
de la commune de Dibombari
|
44
|
VII
|
Graphique des préalables au recrutement
|
49
|
VIII
|
Graphique du processus de sélection d'un candidat au
recrutement
|
50
|
VIIII
|
Tableau des compétences transférées
|
Annexe 1P 73
|
X
|
Figure de la situation géographique de la commune de
Dibombari
|
Annexe 2P76
|
XI
|
Tableau des effectifs du personnel permanent à la commune
de Dibombari
|
Annexe 3P77
|
XII
|
Tableau de la situation des postes pourvus conformément
à l'organigramme
|
Annexe 4P80
|
XIII
|
Une trame de fiche d'évaluation du personnel communal
|
Annexe 5P83
|
XIIII
|
Une trame de fiche de suivi du personnel communal
|
Annexe 6P84
|
XV
|
Tableau de quelques mesures de contrôle des absences
|
Annexe 7P85
|
5
La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
XVI
|
Tableau des conditions administratives du recrutement du
personnel communal
|
Annexe 8P86
|
XVII
|
Tableau du degré d'autonomisation par catégories
d'emploi
|
Annexe 9P87
|
XVIII
|
Tableau d'affectation du personnel par poste de travail avec plan
d'organisation des effectifs
|
Annexe 10P88
|
XVIIII
|
Questionnaire adressé aux managers des ressources humaines
de la commune de Dibombari
|
Annexe 11P94
|
XX
|
Questionnaire adressé aux personnels communaux
|
Annexe 12P97
|
XXI
|
Tableau de synthèse du questionnaire adressé aux
managers des ressources humaines de la commune de Dibombari
|
Annexe 13P99
|
XXII
|
Tableau de synthèse du questionnaire adressé aux
personnels communaux
|
Annexe 14P100
|
XXIII
|
Trame d'une fiche de poste
|
Annexe 15P101
|
XXIIII
|
Trame d'un livret accueil
|
Annexe 16P102
|
XXV
|
Tableau de proposition d'un plan de formation 2016 à la
commune de Dibombari
|
Annexe 17P103
|
XXVI
|
Une fiche de poste type
|
Annexe 13P105
|
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La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
RESUME
Dans l'accomplissement de ses activités, l'Etat peut
employer deux méthodes distinctes de décentralisation, selon
qu'il souhaite mettre en lumière l'aspect fonctionnel ou insister sur le
paramètre territorial .La première méthode consiste pour
l'Etat à transférer une partie de ses compétences à
un service doté de la personnalité juridique et de l'autonomie
administrative et financière, c'est la décentralisation
technique, à titre d'exemple, on citera le cas des universités
d'Etat, spécialement dans les missions d'enseignement et de recherche.
La seconde méthode repose sur le critère spatial, l'Etat
transfère une partie de ses attributions à des entités
territoriales juridiquement distinctes de lui notamment les communes et les
communautés urbaines, ayant des organes dirigeants propres, capables
d'agir par elles-mêmes et disposent des budgets propres.
Le terme transfert signifie ici que l'Etat se dessaisit de
certaines compétences et ressources au profit des collectivités
territoriales décentralisées.
C'est dans cette logique que s'agissant des ressources
humaines, l'article 19 de la loi N° 2004-17 du 22 juillet 2004
d'orientation de la décentralisation au Cameroun stipule « Les
collectivités territoriales recrutent et gèrent le personnel
nécessaire à l'accomplissement de leurs missions,
conformément à la législation en vigueur ».
La présente étude s'attachera donc à
analyser comment ces ressources humaines sont gérées à la
source dans une commune rurale comme celle de Dibombari et l'impact de cette
gestion sur le développement de la localité, étant
donné que la mise en place de la décentralisation au Cameroun a
été conçue comme un véritable processus de
développement local permettant de libérer les énergies
locales afin de booster la croissance économique pour un
développement équitable et harmonieux de l'ensemble du
territoire.
Pour réaliser cette étude intitulée
« la gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun, cas de la commune de Dibombari », nous y avons effectué
un stage au cours duquel nous avons utilisé une approche qualitative et
quantitative avec des enquêtes, les entretiens, les observations, les
questionnaires, les constats de terrain, et les recherches
théoriques.
Cela nous a permis, non seulement de situer la
problématique et le cadre de l'étude mais aussi de faire un
état des lieux sur la gestion des ressources humaines dans cette
commune. Etat des lieux qui a laissé transparaître une
inadéquation en termes de besoins réels exprimés et de la
quantité et qualité du personnel utilisé. Les recrutements
du personnel faisant l'objet de plusieurs pesanteurs propres à
l'environnement socio-économique des pays
sous-développés.
Par ailleurs, à cette carence s'ajoute les
problèmes liés à l'organisation structurelle et au
management physique et psychologique du personnel. Ce management tatillon des
ressources humaines entraîne un manque d'efficacité qui plombe
inexorablement le développement de cette
7
La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
localité et partant du Cameroun, car au vu des
études comparées dont nous ferons référence dans
cette étude, ce problème semble être général
à toutes les collectivités territoriales. La normalisation dans
ce secteur est donc appelée de tous voeux
8
La gestion des ressources humaines dans les collectivités
territoriales décentralisées : un gage au développement du
Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
SUMMARY
There are two types of decentralization that the state can use
to realize its activities, according to what it wants to lighten its functional
aspect or to be focused on its territorial parameters.
The former method consist in a transferring a part of his
competences to a service endowed
with legal personalities and with administrative and financial
self-government; this is technical decentralization, for example the state
universities with the mission of teaching and research.
The later method belongs to the spatial criterion; the state
transfers a part of its assignment to territorial entities endowed with proper
organs which enable them to acting dependently.
The word «transfer» here means the state government
yields some of its competences and resources for the benefit of decentralized
territorial councils.
It is in this way that, according to the human resources
article 19 of the law N° 2004-17 of July 2004, leading to the
decentralization in Cameroon, stipulates that the territorial council should
recruit and rule the staff to accomplish their mission according to the legal
process.
The present «study» is based on the analyses of how
these human resources are managed at the source in the rural council such as
Dibombari and the impact of this management on the growth of the locality.
We know that the implementation of decentralization in
Cameroon was conceived as a real process of local development, intending to
enhance the possibilities of a locality in order to stimulate economic growth
for an equal and harmonized development of the whole country.
To realize this work in titled «Humans resources
management in the decentralized territorial collectivities: a pledge to
development of Cameroon. Case of the municipality of Dibombari. We went to the
council of Dibombari where we spend sufficient time in a work-placement,
conducting a lot of investigations, making many observations and posing many
questions; all of which allowed us to produce theoretical research.
This gave us not only the possibility to situate the
problematic and the field of study, but also to give a report on the management
of human resources in that council. A report which showed considerably
inadequacy in the terms of the real needs and number of quality of workers.
The recruitment of staff was shown to be the main problem in
developing countries. On other hand, to this lack of human resources is added
the problem of structural organization and the physical and psychological
management of workers.
This frail management of human resources leads to a lack of
efficacy which subsequently impedes the development of that locality and
consequently of the whole of Cameroon; because in view of the comparative
research that will be mentioned in this study, these problems seem to be
general to all the territorial collectivities.
The regulation of that sector is therefore the real way to
advance.
9
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
SOMMAIRE
Introduction générale
|
....11
|
Première partie : le cadre de l'étude, la
problématique, et l'approche
Méthodologique
|
15
|
Chapitre 1 : Le cadre, la problématique et le
contexte et de l'étude
|
17
|
Section 1 : Le cadre de l'étude
|
17
|
Section 2 : La problématique .
|
.18
|
A- Les hypothèses de recherche
|
19
|
B- Les objectifs de l'étude
|
19
|
|
Section 3 : Le contexte de l'étude
|
20
|
Chapitre 2 : L'approche méthodologique
|
21
|
Section 1 : La recherche documentaire
|
21
|
Section 2 : Les travaux de terrain
|
23
|
A- L'échantillonnage
|
.23
|
B- La collecte des données
|
.23
|
|
Deuxième partie : L'état des lieux de la
gestion des ressources humaines au sein de la
Commune de Dibombari
|
25
|
Chapitre 1 : Le diagnostic obtenu après
enquête sur le terrain
|
.27
|
Section 1 : Le constat d'un déficit qualitatif et
quantitatif en matière de ressource humaine.........27
Section 2 : Une inadéquation confirmée entre
effectif et besoins réels de la commune ...29
A- Une sous-représentation des agents qualifiés
29
B- Une absence de politique de formation
30 Chapitre 2 :L'absence de formalisme des modes d'organisation des
communes et du statut de
l'agent communal .
Section 1 : Un grave déficit de formalisation des modes
d'organisation causant des problèmes
|
32
|
D'opérationnalité
|
32
|
A- un organigramme existant mais inopérationnel
|
33
|
B- Une organisation de travail lacunaire
35
|
|
Section 2 : Un corpus juridique et légal insuffisamment
élaborés
|
39
|
A- L'absence de statut du personnel communal
|
39
|
B- Le rôle de la tutelle insuffisamment rempli
|
..40
|
|
Section 3-Les conséquences de ce manque de formalisme sur
la motivation des agents 41
Troisième partie : La normalisation de la gestion
des ressources humaines au sein de la
Commune de Dibombari : gage de développement de
la localité .........46 Chapitre 1 : L'urgence d'une dotation de
compétences adaptées aux besoins réels
10
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
De la commune
Section 1 : Le processus de recrutement des agents communaux et
le degré d'autonomisation
Par catégorie d'emploi
48
|
.48
|
A- La transparence du processus de recrutement
|
48
|
1- Les étapes préalables
|
.48
|
2- La sélection
|
49
|
|
B- Le degré d'autonomisation par catégorie d'emploi
51
|
|
Section 2 : Le renforcement des capacités requises pour
des actions efficaces de la commune
de Dibombari sur le terrain 51
A- La mise sur pied d'une véritable évaluation des
compétences 51
B- La nécessité de la formation permanente des
agents communaux 53 Chapitre 2 : Les mesures organisationnelles
appropriées pour une opérationnalité
efficiente
Sur le terrain 56
Section 1 : Les mesures organisationnelles proposées
56
A- La mise en application sans délai de l'organigramme
type communal et des principes
|
Efficaces de gestion
56
|
|
B- Le rôle déterminant de la tutelle
..57
|
|
Section 2 : Le Budget et planning prévisionnels des
actions à court terme
|
58
|
A- Le Budget prévisionnel
|
58
|
B- Le Planning prévisionnel
|
..62
|
|
Section 3 : Le Résultat attendu
63
|
|
Conclusion générale
65
|
|
Bibliographie
|
68
|
Annexe
70
|
|
Table des matières
|
71
|
INTRODUCTION GENERALE
11
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
12
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
La décentralisation au Cameroun n'est pas une
nouveauté. Mise en place par les autorités britanniques à
partir des années 1920 à l'Ouest du pays, les « Native
Authorities » ont pu gérer les affaires locales avec une certaine
autonomie tant qu'elles n'interféraient pas avec les
intérêts des colons. A côté des « local
authorities » du Cameroun occidental, l'administration française a
introduit la notion de commune en 1941 par la création des «
communes mixtes ». Elles deviendront par la suite Commune Mixte Rurale
(CMR) ou Urbaine en 1945.
En 1955, à l'occasion d'une redéfinition des
conditions de mise en place de la décentralisation en Afrique de l'Ouest
et en Afrique Centrale, sont créées des Communes de Moyens
Exercices (CME) et de Plein Exercice (CPE) en fonction de leur capacité
financière. Les conseillers sont toujours élus et
l'exécutif local nommé par l'administration.
Plusieurs statuts existent alors en 1960 à la veille de
l'indépendance du pays :
Les « locals authorities » ;
Les Communes Mixtes Rurales (CMR) ;
Les Communes Rurales de Moyens Exercices (CRME) ;
Les Communes de Plein Exercice (CPE).
La Constitution du Cameroun francophone du 4 mars 1960
précisait dans son article 46 que « Les collectivités
locales de l'Etat du Cameroun sont les provinces et les communes (...). Elles
sont dotées de la personnalité morale et jouissent d'une
autonomie financière ».
Entre 1961 et 1974, compte tenu du statut fédéral
de l'Etat, deux systèmes s'opposent entre une gestion centralisée
en zone francophone et l'application des principes de l' « Indirect Rule
» en zone anglophone. Avec l'unification du territoire, la loi du 5
décembre 1974 portant organisation communale va mettre un terme à
cette dualité pour imposer le modèle oriental.
Préoccupé par la construction d'une union
nationale et d'un pouvoir politique fondé sur un parti unique, le
Cameroun va abandonner pendant 20 ans toutes idées de
décentralisation.
Pourtant, la grave crise économique des années
1990 va entraîner de fortes évolutions sociales et politiques
alors que les institutions communales disposaient déjà d'une
histoire et de quelques compétences.
Afin d'échapper à un retour au
fédéralisme réclamé par les représentants
des populations anglophones et sous la pression des bailleurs internationaux
(Fonds Monétaire International,
13
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
Banque Mondiale, Union Européenne et France) dans le
cadre de l'Initiative PPTE2, la Constitution du 18 janvier 1996 a
proclamé le Cameroun comme un « État unitaire et
décentralisé ». Le principe d'autonomie des
collectivités territoriales est inscrit à l'article 55
alinéa 2 :
« Les collectivités territoriales
décentralisées sont des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l'autonomie administrative et financière pour la gestion
des intérêts régionaux et locaux. Elles s'administrent
librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par
la loi ».
Après les « années de braise » en 1990
et le difficile passage vers une plus large démocratisation de la vie
politique, la décentralisation apparaît, ou est
présentée, comme la clef qui permet d'assurer, par la
délégation de compétences et l'instauration d'une
démocratie de proximité, un certain équilibre politique,
la paix sociale et le moyen de favoriser le développement. Les bailleurs
internationaux soutiennent voir conditionnent leurs interventions à
cette forme d'organisation de l'Etat avec pour objectif d'améliorer
l'efficacité de l'aide et d'obtenir par le bas ce qui n'a pas
été possible par le haut.
Dans une conception avant tout axée sur le
développement et l'efficacité de l'aide extérieure et afin
de donner corps aux documents stratégiques de l'Etat du Cameroun, les
lois de décentralisation sont rapidement adoptées peu
après l'élaboration du Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté (DSRP en 2003).
En effet, trois lois du 22 juillet 2004 fixent le cadre
général avec la définition des orientations, les statuts
et compétences des communes, les statuts et compétences des
régions. Deux lois du 10 juillet et du 15 décembre 2009
organisent respectivement le régime financier des collectivités
locales et la fiscalité locale.
En quantité, 50% des compétences
mentionnées dans la loi de 2004 relative aux communes sont
transférées (annexe 1 P 73).
Et pour rendre effective cette décentralisation, trois
principales sources de financement ont été retenues, il
s'agissait :
- Des revenus de la fiscalité locale (produits des
impôts et taxes transférés) à travers la loi
N°2009/019 portant fiscalité locale
promulguée le 15 Décembre 2009 par le Président de la
République.
- Des dotations de l'Etat par le transfert des ressources et
des compétences. L'argent transféré par l'Etat sert en
gros à l'achat du paquet minimum pour les écoles primaires, la
construction et la réhabilitation des cases communautaires, la
construction et l'aménagement des points d'eau, l'entretien routier, la
construction et la réhabilitation des centres, les aides et les secours
divers.....
14
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
Un autre aspect de cet appui est la dotation
générale de la décentralisation qui vise à
équilibrer le niveau de développement des
collectivités.
-Enfin l'appui des partenaires au développement comme
le PNDP, le FEICOM.
Pour le législateur camerounais, la démocratie
et le développement économique sont alors au niveau local des
principaux indicateurs du succès de la décentralisation.
Cependant, au-delà de l'arsenal juridique
déployé et des missions nobles, la décentralisation ne
peut se concrétiser au niveau local que si elle est accompagnée
d'une bonne gouvernance, ce qui exige une administration locale performante,
animée par des ressources humaines bien structurées,
compétentes, motivées et attachées au principe de rigueur,
de probité, d'excellence, capable de porter les idéaux
d'émergence du Cameroun en 2035.
Il s'agit là d'un pari qui ne saurait être
gagné sans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique
cohérente et efficace de gestion des ressources humaines des
collectivités territoriales décentralisées. Ce qui suscite
une interrogation majeure dans le contexte camerounais, celle de savoir si la
gestion actuelle des ressources humaines dans nos communes répond aux
normes d'une administration de développement telle que pensée
dans le processus de décentralisation ?
La réponse à cette problématique sans
être laconique interpelle quelques constats dans le mode actuel de
gestion des ressources humaines dans les collectivités territoriales
décentralisées qui est plus ou moins empirique influencé
par plusieurs facteurs liés à l'environnement
socioéconomique et systémique propre aux pays
sous-développés.
L'objectif de notre étude est de démontrer sur
le plan théorique et pratique la relation étroite qui existe
entre une saine et bonne politique de gestion des ressources humaines et le
développement d'une localité dans le cadre de la
décentralisation. Pour ce faire, au-delà de la thématique,
nous avons choisi la commune de Dibombari comme cadre parmi les communes que
compte le Cameroun (première partie).
Afin de démontrer le gap qui existe entre politique de
gestion des ressources humaines existant et satisfaction réelle des
besoins des populations, un état des lieux était tout
indiqué(deuxième partie),cela a révélé une
gestion des ressources humaines approximative corollaire d'une administration
inefficace, improductive, incapable de soutenir les actions de
développement. Il était donc question de proposer les solutions
capables de rationaliser et de normaliser la politique des ressources humaines
dans cette commune(troisième partie)
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
15
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L'ETUDE,
LA PROBLEMATIQUE ET L'APPROCHE METHODOLOGIQUE
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
16
Dans cette première partie intitulée
«le cadre de l'étude, la problématique et l'approche
méthodologique », nous nous attarderons sur
l'environnement de la commune de Dibombari ainsi que le but de notre
étude dans un premier chapitre. Le second chapitre étant
essentiellement consacré aux canaux méthodologiques
utilisés pour mener cette étude.
17
La gestion des ressources humaines dans les
collectivités territoriales décentralisées : un gage au
développement du Cameroun. Cas de la Commune de Dibombari
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