2.3. Les questionnaires
grandes parties : identité, équipement de
protection, environnement de travail, santé et à l'avenir (annexe
9).
Equipement de protection
Chaque élève a comme équipements de
protection individuels (EPI): des bouchons d'oreille, des lunettes, des gants,
un tablier et des chaussures de sécurité. Leur fréquence
d'utilisation est variable (Figure 6). Ainsi les bouchons d'oreille qui
devraient être portés systématiquement dans l'atelier ne le
sont que 20 % des élèves. Un peu moins de la moitié
(environs 45%) porte régulièrement cet EPI. 27% des
élèves ne portent jamais les lunettes de protection, seuls 38%
des élèves les portent régulièrement. Les gants
sont portés régulièrement que dans 35% des cas. Enfin, 90
% des élèves portent le tablier et les chaussures de
sécurité.
bouchons d'oreille
lunettes gants tablier chaussures
de sécurité
jamais
rarement
parfois
souvent
systématiquement
Type d'EPI
Pourcentages (%)
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Figure 6 : Fréquence d'utilisation des
différents EPI
De manière surprenante lorsqu'on interroge les
élèves sur l'efficacité de ces équipements, une
grande majorité déclare ces EPI efficaces (tableau 3) même
si le positionnement par rapport aux gants est plus mitigé (59% de
l'effectif les trouvent efficaces). Parmi les principales justifications de
l'efficacité relatives des EPI, on notera que :
- les bouchons d'oreille atténuent parfaitement les bruits
y compris ceux stridents et sont
particulièrement appréciés en forge. Le
type de bouchons (moulés) les rend confortables. Ils permettent
d'éviter des désagréments tels que les maux de tête.
Lorsqu'ils sont évalués négativement, c'est
essentiellement parce que les utilisateurs ne les supportent pas ou
Lorsqu'on leur demande s'ils estiment être
exposés à des nuisances sonores ou souffrir de la chaleur, ils
répondent majoritairement « non » à 76 et 72 %
respectivement.
comme énoncé par un élève qui
n'entend pas bien que cela limite sa prise d'information auditive.
- Les lunettes sont considérées comme efficaces
surtout en forge car elles protègent des paillettes mais glissent
avec la transpiration et sont peu pratiques lorsque l'on porte des lunettes de
vue.
- Les gants : dans les points positifs on notera le fait qu'il
protège des clous (un élève mentionne qu'il a eu 10 points
de suture à cause des clous), qu'ils sont agréables pour
travailler, même pour le toucher et pratique lorsqu'il fait froid. Les
inconvénients de ces gants sont que les clous s'y accrochent, qu'ils
peuvent être gênants pour la forge et certains manifestent un
manque de sensibilité.
- Le tablier est efficace car il protège des clous et
des coups de râpes. Il est considéré comme
l'équipement principal mais s'avère gênant pour certains
élèves.
- Les chaussures de sécurité s'avèrent
également être un équipement principal. Elles permettent
d'éviter nombre de désagréments comme les brûlures
lors de contact avec le fer, les chocs liés aux chutes d'objets ou les
faux-pas des chevaux.
Il apparait donc que ce n'est pas à cause de
l'efficacité de ces EPI que les élèves ne les portent pas
systématiquement.
Tableau 3 : L'efficacité des équipements de
protection individuelle
en pourcentages (%)
|
efficaces
|
pas efficaces
|
bouchons d'oreille
|
86
|
14
|
lunettes
|
65
|
35
|
gants
|
59
|
41
|
tablier
|
83
|
17
|
chaussure de sécurité
|
93
|
7
|
Environnement de travail
De manière générale, l'environnement de
travail est apprécié des élèves puisque tous sont
d'accord pour dire qu'ils s'y sentent à l'aise (38% sont « d'accord
» et 62 % sont « tout à fait d'accord »).
Enfin à la question « l'activité aux forges
est-elle pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1
correspondant à « peu pénible » et 10 à «
très pénible »), le score obtenu est de 3.7.
27% des élèves ont déjà eu des
lésions oculaires engendrées par la poussière, des
éclats de métal ou encore la meuleuse et 15 % ont
déjà souffert d'irritations de la gorge, liées selon eux
à la fumée, les poussières, les produits de combustion et
les températures extrêmes.
Enfin 45% des élèves savent que la
maréchalerie dispose d'une trousse à pharmacie mais 33% savent
où elle se trouve.
Santé
? Forge
Lorsque les élèves travaillent à la forge,
les parties du corps les plus sollicitées et les faisant plus souffrir
sont essentiellement le poignet (48%), puis le dos (31%), l'épaule (10%)
et enfin les paumes de la main, le coude et le cou (3%) (Figure 7).
|
60 50 40 30 20 10 0
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourcentage (%)
|
|
|
|
|
|
souffrance
|
|
|
|
|
|
|
|
|
cou dos épaule coude genou poignet paume de
la main
Zones corporelles
Figure 7 : Pourcentage de réponses en faveur de
douleurs ressenties pour les zones corporelles suivantes : cou, dos,
épaule, coude, genou, poignet et paume de la main.
De plus, le travail à la forge se fait majoritairement
en position debout (59%) et en position debout penchée vers l'avant
(41%) pendant approximativement 4 à 8h. A l'issue d'une journée
de travail, la moitié des élèves disent ressentir des
douleurs, douleurs localisées principalement au niveau du dos (position
penchée) et des genoux (position accroupie), des poignets (tendinites)
et des paumes de la main (ampoules).
Sur des aspects plus généraux, 25% des
élèves disent souffrir d'insomnies (entre 3 et 5 nuits par
semaines) et attribuent cette insomnie au stress et à l'obsession de
bien faire.
Les différents accidents ou incidents
occasionnés par le travail à la forge ont occasionné 5
interruptions temporaires de travail sur l'ensemble des 29
élèves. On peut également noter qu'aucun
échauffement, ni étirement ne sont effectués avant ou
après cette activité.
? Ferrage
Tous les élèves effectuent le ferrage à
l'anglaise et 10% effectuent le ferrage à la française. Si le
ferrage à l'anglaise est majoritairement utilisé pour des
questions de rapidité de ferrage, celui-ci n'est cependant pas
recommandé physiquement car plus sollicitant pour le dos. Le ferrage
à la française en position droite apparait comme
particulièrement adapté pour les chevaux lourds.
Au ferrage, les parties du corps les plus sollicitées
et faisant le plus souffrir sont essentiellement le dos (79%) (lombaires et
cervicales), le poignet (31%) et enfin les genoux et les épaules
(7%).
La position principale est debout penchée,
évoquée dans 75% des cas et la position debout pour 33% des cas.
La journée de travail au ferrage dure entre 8 et 12h. A l'issue d'une
journée de travail, 83% des élèves disent ressentir des
douleurs, douleurs localisées au niveau du dos (lombaire), des genoux et
des jambes, des poignets, paumes de la main et doigts.
Selon les élèves, l'origine de ces douleurs est
liée au fait d'être penché, de porter des charges lourdes
et de prendre des coups.
A la question « l'activité au ferrage est-elle
pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1
correspondant à « peu pénible » et 10 à «
très pénible »), le score obtenu est de 4.8 valeur
très proche de la valeur neutre (5) : ni pénible, ni peu
pénible.
Le travail au ferrage a occasionné 9 interruptions
temporaires de travail sur l'ensemble des 29 élèves. On peut
également noter qu'un élève s'échauffe avant de
travailler au ferrage lorsqu'il fait froid et qu'aucun de réalise
d'étirements après celle-ci.
En général
Les contraintes physiques ressenties sont en grande partie
liées aux postures pénibles (38%), aux efforts importants (28%),
puis à la répétitivité, et aux intempéries
(33%), pour ensuite évoquer la température (24%) et les gestes
contraignants (21%) (Figure 8).
gestes contraignants;
21 %
postures pénibles; 38 %
température;
24 %
bruit; 7 %
intempéries;
33 %
répétitivité;
33 %
efforts important; 28 %
Figure 8 : Contraintes physiques ressenties par les
élèves
En général, 41% de l'effectif s'avère
avoir été en arrêt (au maximum deux fois par an). Les
motifs évoqués sont pour 80% des répondants un accident du
travail et pour 40% des répondants la maladie.
Plus de 60% des élèves sont déjà
passés à l'infirmerie à cause de coupures et points de
sutures, de déchirements musculaires, de bleus ou de maux de tête
liés à des chocs ou encore à des maux de poignet ou de
dos.
Un tiers de la population interrogée pratique une
activité physique et sportive au sein de la formation (33%) et la
majorité (63%) chez eux.
Enfin, la grande majorité des élèves ne
se sentent pas stressés (81%). Les 19% d'élèves
stressés évoquent comme causes de stress : la fatigue et le
surmenage, l'absence de pause, les douleurs, le cheval, les intempéries,
la peur de mal faire, les relations avec l'employeur et leur statut de
femme.
A la question plus précise « à combien
d'années, estimez-vous votre carrière professionnelle ? »,
la durée moyenne est de 23.15 ans (SD=10 ans).
A l'avenir
Lorsqu'on demande aux élèves s'ils souhaitent
être informés sur les risques auxquels ils sont exposés,
63% répondent par l'affirmative en précisant que cela leur
permettrait de se protéger ou d'y remédier, de ne pas empirer les
problèmes ou encore permettrait d'aménager leur façon de
travailler. Les 37% ayant répondu « non » estiment qu'ils
connaissent déjà ces risques, que ceux-ci sont inhérents
au métier (« ce sont les risques du métier ») ou encore
que connaitre les risques seraient une source potentielle de
démotivation.
Lorsqu'on demande aux élèves si ils ont des
solutions à proposer pour limiter ces risques, ces derniers
évoquent une manipulation des jeunes chevaux pour faciliter les
premières ferrures, plus de ferrage à la française,
utiliser les outils mis à disposition (trépied, servante...),
réduire le rythme de travail, pratiquer un autre métier en
parallèle.
Lorsqu'on leur demande quelles sont les aptitudes physiques
requises pour être un bon maréchal ferrant sont
évoqués : la souplesse (pour ne pas avoir mal au dos), l'absence
de surpoids, les abdos, la taille (ne pas être trop grand), la force, des
articulations solides et une bonne santé. De manière
intéressante, bien que n'ayant pas de lien avec le physique, la force de
caractère et la motivation (« être volontaire », «
avoir un très bon mental », « avoir l'envie ») ainsi que
la patience (avec les chevaux) sont évoqués.
Parmi les différents enseignements
supplémentaires que les élèves seraient désireux
d'avoir, on peut lister : la formation aux premiers secours (70%), un cours
d'information sur les risques professionnels (25%), la psychologie
équine (25%), les examens cliniques et radiologiques (radiographie du
dos et audiogramme) (13%) et les méthodes de contention des chevaux
(8%).
Sur les 29 élèves interrogés, 32% d'entre
eux pensent exercer ce métier jusqu'à l'âge de la retraite,
essentiellement parce qu'ils sont passionnés par ce métier. Les
68% qui pensent ne pas exercer ce métier jusqu'à l'âge de
la retraite évoquent le fait que ce métier est dur physiquement,
envisageant d'ailleurs soit d'exercer un autre métier après la
formation ou d'exercer ce métier à mi-temps.
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