2.2. Les entretiens
Les entretiens les plus riches au sein du lycée et avec
des maréchaux itinérants sont répertoriés en annexe
8. De manière synthétique, ces entretiens révèlent
que les maréchaux ayant un certain nombre d'années
d'expérience ont établi des stratégies telles que la mise
en confiance des pur-sang tout en veillant à ne pas changer leurs
routines pour éviter que celui-ci soit effrayé. Les
réactions de peur du cheval qui se traduisent par des morsures, des
ruades, des écarts restent un risque d'accident important pour les
maréchaux ferrants. Ces accidents génèrent des
hématomes, des plaies, des fractures, des hémorragies voire
même la mort, comme ce fut le cas en 2012 pour un élève du
lycée de Saint Hilaire de Harcouët.
Les maréchaux ferrants en formation sont
également susceptibles de faire de multiples allers-retours du cheval au
point de forge pour réajuster la tournure du fer donc d'après eux
un endroit plat, lisse et propre est fortement recommandé pour leur
sécurité et celle du cheval. Chez les maréchaux
itinérants, la multiplicité des lieux de travail est une
contrainte importante : les plus expérimentés organisent au mieux
leurs tournées journalières en regroupant les rendez-vous
situés dans un même périmètre pour diminuer le
nombre de kilomètres et ainsi atténuer la fatigue. Ils
révèlent commettre de nombreuses infractions (vitesse excessive,
transgression des feux tricolores) pour être à l'heure ou encore
ne pas être totalement sobres après des visites chez des clients
leur proposant un temps de repos autour d'un verre.
Les entretiens et les observations associées
révèlent que l'aménagement des véhicules est peu
pratique et dangereuse. Bien souvent il n'y a pas de séparation entre la
cabine du chauffeur et le compartiment où se trouvent les outils qui par
ailleurs ne sont généralement pas attachés. En cas de
choc, la sécurité du maréchal ferrant n'est plus
assurée car la bouteille de gaz, l'enclume, les différents outils
(marteau, cisaille, clous etc) peuvent se projeter sur lui. C'est notamment ce
qui s'est passé pour Monsieur G. lors d'un accident de la route du
à la neige. Indéniablement, les véhicules des
maréchaux ferrants itinérants doivent faire l'objet
d'aménagements spécifiques associés à un respect
des règles de sécurité. Parmi les principales pistes
d'amélioration, nous pouvons proposer : une armoire « infirmerie
» obligatoire
Sur 64 apprentis, 38 questionnaires ont été
collectés : 9 CAPA 1, 2 CAPA 2, 12 CAPA 3, 9 adultes et 6 BTM 2. Le
questionnaire contient 42 questions qui s'articulent en quatre
contenant le kit légal, un respect de la date de
validité des produits, une séparation entre la cabine et
l'arrière du véhicule, un siège confortable et
ergonomique, un extincteur...
Les maréchaux sont tous d'accord pour dire que le
climat joue énormément sur leur activité. En effet avec la
chaleur le métier devient encore plus pénible (transpiration et
fatigue). Cependant, un maréchal près de la retraite
révèle qu'avec la chaleur, le fer devient plus mou et
nécessite moins de coups pour l'ajuster et donc une sollicitation
physique moindre.
Tous les maréchaux ferrants interviewés ont subi
des accidents et/ou des lésions : écrasement du mollet,
tendinite, lumbago, mal de dos, fracture des doigts, des pieds, douleurs
cervicales, canal carpien, hernie discale...
Les jeunes maréchaux ne pensent pas exercer ce
métier jusqu'à la retraite et envisagent une reconversion comme
ouvrir une pension de chevaux ou un centre équestre. Ils
déclarent: « oh non surtout pas, je ne pourrai pas aller
jusqu'à l'âge de la retraite c'est impossible, c'est trop physique
! », ou bien « malheureusement non, cela fait 15 ans que j'exerce ce
métier et mon dos me fait de plus en plus mal, d'après mon
médecin j'aurais déjà du arrêter ! »
Concernant le salaire, celui-ci est considéré
comme « normal » à partir de six chevaux par jour et il faut
travailler selon ses besoins. L'activité et le salaire qui y est
associé varient en fonction de l'année : peu de demandes l'hiver
et demandes importantes dés que la météo annonce beau
temps chez les particuliers ; les chevaux de courses ont toujours besoins de
maréchaux.
Les qualités requises pour exercer ce métier
sont, selon les maréchaux ferrants, la patience savoir se
contrôler. Concernant le rapport avec le public, ici les clients, les
relations que j'ai pu observer étaient toujours très correctes et
cordiales. L'organisation et la communication parfois problématique dans
les clubs hippiques (comme par exemple un cheval à ferrer qui n'est pas
dans son box) est source d'agacement pour les maréchaux ferrants qui
rappelons-le enchainent plusieurs rendez-vous. Enfin certains maréchaux
souffrent d'insomnies, liées à l'existence de mauvais payeurs.
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