2.8. Occupation illégale ou
légale ?
Il est important de voir cet aspect du
phénomène. Occuper les trottoirs pour des activités
commerciales et autres dans un sens restrictif et simple est une violation de
l'espace public. Mais voir que la municipalité autorise ceux qui font
des démarches à son niveau pour son occupation, taxe même
ceux qui y sont spontanément et parfois opèrent avec l'appui des
forces de l'ordre des opérations de déguerpissement, montre une
grande contradiction dans l'exercice de ses fonctions.
Finalement, on dirait qu'on y est légalement quand on
vient percevoir des taxes ou quoi ?
2.9. Sont-ils en sécurité sur les
lieux ?
La question de sécurité qui incombe est
liée à la situation où il passe que les chauffards
arrivent souvent à rentrer dans les étalages avec leurs
véhicules causant des dégâts tant matériels
qu'humains. La prépondérance des accidents sur ces lieux est
importante quand on sait déjà que cette occupation des trottoirs
est une obstruction faite aux piétons les amenant à emprunter les
chaussées réservées aux véhicules. Nous n'y sommes
pas du tout en sécurité affirment-ils avec 86 % des cas
(Graphique N° 4).
2.10. Sensibiliser ou faire déguerpir les
occupants ?
Il est très important de voir qu'une opération
de déguerpissement faite a un effet immédiat mais pas à
long terme puisqu'on voit les occupants y reviennent tôt ou tard.
Seulement 22,7 % estiment qu'il faut l'interdiction à l'utilisation des
trottoirs comme points de vente. Pour mieux s'exprimer, une prise de conscience
des populations est souhaitable et ceci à partir des sensibilisations
adéquates 24,8 % des enquêtés (Graphique n°6) et des
mesures plus radicales qui sont loin d'être prise puis que on craint
aussi voir tous ceux-ci sans pour autant n'arriver plus à joindre les
deux bouts quand on sait que l'instinct de survie, la recherche des voies et
moyens de sortir de la pauvreté en diversifiant les activités et
les sources de revenus, et d'assurer un bon avenir à sa
progéniture se fait en au détriment de l'environnement. Ceci ne
signifie nullement pas que les occupants se livrent volontairement à
l'occupation des trottoirs mais à cause de la crise qui se secoue le
pays.
2.11. Nature des relations sociales entre les
enquêtés
Il est impératif de voir la nature des relations
sociales que nouent les enquêtés entre eux. Une relation de
« bonjour-bonsoir » qui montre la froideur des relations.
Ce n'est pas le contrat qui établit le consensus collectif d'une
relation sociale, mais plutôt c'est le consensus qui rend possible le
contrat. C'est dans ce sens que Weber explicite :
« Cela ne veut aucunement dire que les individus
qui participent à une activité dans laquelle les uns se
règlent sur les autres attribuent, dans le cas particulier, un contenu
significatif identique à la relation sociale ni que l'un des partenaires
adopte intérieurement une attitude qui corresponde significativement
à celle de l'autre, que par conséquent il existe une
« réciprocité » [Gegenseitigkeit] en ce
sens » (op. cit : 59).
Le tableau N° 13 explique en fait les hostilités
sur les trottoirs : 6,59 % des enquêtés ont tendance à
s'ignorer. En paraphrasant Weber, le contenu des relations sociales peut
être une lutte pour le monopôle du trottoir ou des
hostilités pour le prestige (14,29 % ne vivent pas parfaitement en
harmonie avec les voisins au tableau N° 12).
En effet le tableau N° 12, 13, 14 montrent que les
relations sont fortes entre les enquêtés. La majorité
(85,71 %) estime vivre en harmonie avec les voisins et ayant des relations qui
ne se limitent pas qu'au simple fait de voisinage, c'est-à-dire allant
jusqu'à l'assistance dans les moments de joie et de peine (91,2 %). Ceci
est dû au fait qu'ils ont des intérêts et des objectifs en
commun (vendre et faire profit et conscients qu'ils pourront tous être
renvoyés un jour). Cette harmonie implique un lien social très
fort signe d'une cohésion sociale. On voit donc une solidarité
mécanique. En s'appuyant sur Durkheim,
« La solidarité mécanique ou par
ressemblance est basée sur l'existence de croyances et de sentiments qui
sont communs à l'ensemble d'un groupe ; elle est inversement
proportionnelle au degré de personnalité
individuelle » Remy et Liliane, (1974 : 173).
Mais c'est cette même solidarité que Weber
rejette en disant que la relation sociale n'est pas fondée sur
l'existence d'une quelconque solidarité. Même si le milieu social
est fait de sociation (compromis et entente), il faut tenir compte de la
sociation de type communautaire où
« une relation sociale lorsque, et tant que, la
disposition de l'activité sociale se fonde - dans le cas particulier, en
moyenne ou dans le type pur - sur un sentiment subjectif (traditionnel ou
affectif) des participants d'appartenir à une même
communauté [Zusammengehorigkeit] » (Weber, 1995 :
78).
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