1.6.4. Economie et l'informel
Productive et facteur de redistribution, l'économie
informelle a un rôle de première importance quant au maintien de
l'équilibre du système social des centres urbains (Lachaud, 1988
:9). Elle a des conséquences positives en termes d'intégration
économique, de cohésion et de régulation sociale.
« Nous ne saurions longtemps ignorer la
multitude de ces petits métiers qui, dans un environnement urbain
excroissant, offrent des biens et des services peu coûteux et
adaptés aux réalités socio- culturelles et aux besoins des
populations. Ces entreprises sont essentielles pour susciter la richesse
collective. Elles permettent de réaliser des revenus substantiels, de
créer des emplois, de régler quelques problèmes de
chômage [....] Elles contribuent aussi aux efforts de
développement endogènes et autocentrés »
(Arllano, Gasse, Verna, 1994 :242 cité par Marchand, 2005 : 15).
Quoique le secteur informel soit constructeur, il est
également paradoxal, voire négatif. Ainsi, si l'économie
informelle ne paie pas d'impôt, l'assiette fiscale diminue et donc, avec
elle, la puissance publique. Mais si l'assiette fiscale diminue, le
développement d'activités informelles est favorisé car il
y a moins d'emplois dans le secteur public. L'auteur nous dévoile ainsi
un cercle vicieux propre à la dynamique informelle.
Muheme estime parallèlement, qu'entre 1960 et 1970,
les approches du « secteur informel » rejoignent l'expression d'un
« chômage déguisé ». Ce concept englobe
l'ensemble des petits commerces, artisans et petites exploitations familiales
ou sociétaires. Ceux-ci constituent péniblement un moyen
d'existence et sont caractérisés par un certain parasitisme, un
quasi-salariat, un métayage urbain et une pluriactivité (Muheme,
1995 :109).
Dès 1972, le rapport du Bureau international du travail
(B.I.T) portant sur la situation de l'emploi urbain au Kenya, dans le cadre du
« Programme mondial de l'emploi » lancé en 1969, nomme une
réalité qui ne cesse de susciter de l'intérêt de la
part des experts en développement. Le concept d'économie
informelle prend naissance. Il englobe des travailleurs pauvres,
exerçant un travail pénible, mais dont les activités
économiques ne sont ni reconnues, ni enregistrées, ni
protégées, ni réglementées par les pouvoirs publics
(B.I.T, 2002 :1). L'informalité économique est
alors « une façon de faire les choses »
caractérisée par : une facilité d'entrée, un
recours aux ressources locales, une appropriation familiale des ressources, une
production à petite échelle, une technologie adaptée et
une main-d'oeuvre importante, dans un marché de concurrence sans
réglementation. Enfin, les qualifications sont acquises en dehors du
système scolaire officiel (Lubell, 1991 : 19).
Ainsi à partir des années quatre-vingt, les
Politiques d'Ajustement Structurel (PAS) imposés par les Institutions
financières internationales (IFI) notamment le Fond Monétaire
International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) font croître le taux de
chômage dans les pays en développement. Plusieurs Etats
abandonnent leur politique de subsides aux denrées de première
nécessité en milieu urbain. Le discours des organismes
internationaux change. L'informel a maintenant un rôle plus social que
productif. Il est alors qualifié : « d'éponge à
emploi ». Grâce à ses qualités de
créativité, de dynamisme et de flexibilité, l'informel
devient alors un outil d'adaptation aux politiques d'ajustement structurel
(Lautier, 1994 : 67).
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