1.6.2. Facteurs explicatifs de l'occupation des
espaces publics et planification urbaine
La pauvreté serait une des causes de cette occupation
des trottoirs. En effet la Banque Mondiale et le PNUD fixaient pour les
années 1994 -1995 le pourcentage des togolais extrêmement pauvres
à 57,6% avec des proportions respectives de 65,5% dans les zones rurales
et 32,7% à Lomé. Mais de nos jours, on constate que la
pauvreté s'urbanise. « La caractéristique
principale de la croissance urbaine au 21ème siècle
est qu'elle se composera dans une grande mesure de pauvres »
(UNFPA, 2007 : 32).
Cette situation d'augmentation du nombre de pauvres urbains se
couple malheureusement d'une dégradation progressive de leur condition
de vie de même que de leur cadre de vie. Bien de décennies
après leur accession à la souveraineté nationale et
internationale, les pays de l'Afrique noire sont toujours à la recherche
de repères ou de voies idoines de leur développement. Le moins
que l'on puisse dire est que le parti est loin d'être remporté. La
pauvreté semble gagner du terrain à une vitesse vertigineuse.
La planification urbaine a pour objet de coordonner le
développement et la création des villes dans le respect du cadre
de vie des habitants actuels ou futurs ainsi que l'équilibre
nécessaire entre population et équipement (espaces publics,
espaces verts, assainissement, éclairage public...etc.)
Chacun des outils ainsi utilisés quels qu'ils soient,
comporte des options d'aménagement à moyen, long terme, ou des
règlements d'utilisation du sol à l'échelle de la commune
destinés à une application immédiate. Si les outils de
planification régionale et urbaine diffèrent assez peu, dans leur
forme, d'un pays à un autre, c'est que les influences réciproques
ont été importantes à l'échelle internationale,
dès le début du siècle, même si leurs effets ne
peuvent pas se manifester que tardivement. Dès ses origines, le milieu
des urbanistes et des planificateurs urbains s'est constitué sur une
base internationale.
Ces influences ont été d'autant plus
marquées que l'urbanisme et la planification urbaine se
développaient aux confins des appareils d'Etat, comme celui de
l'Allemagne ou les Etats-Unis. Ainsi par exemple, le Schéma Directeur
d'Aménagement et d'Urbanisme français institué seulement
en 1968 apparaît proche des masters plan anglo-saxon qui remontent au
début du 20ème siècle dont les tous premiers (le Burnham
Plan de Chicago et le premier plan de New York) datent de 1909.
Mais depuis, la planification urbaine a évolué,
notamment à travers son application rigoureuse. Et pourtant, Beaucire et
al. (1994), estiment que ces outils et procédures semblent
être insuffisants en termes quantitatifs et qualitatifs. C'est ce qui, de
nos jours, justifie l'acuité des difficultés de planification et
de gestion urbaine avec leurs conséquences sur l'environnement.
D'une manière plus générale, les espaces
publics représentent d'ailleurs une
« entrée » privilégiée pour l'analyse
de ces formes instables d'interactions qui se construisent à
l'écart des liens durables, des appartenances communes et des
identités partagées. Isaac écrit à ce
titre « un espace public, c'est tout le contraire d'un
milieu ou d'une articulation de milieux. Il n'existe comme tel que s'il
parvient à brouiller les rapports d'équivalence entre une
identité collective (sociale ou culturelle) et un territoire »
(1984 : 40).
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