1.6. REVUE DE LA LITTERATURE
Nul ne peut progresser scientifiquement sans faire recours aux
différentes recherches déjà faites pour ne pas retomber
dans une répétition. C'est pourquoi, lors de nos investigations,
nous nous sommes donné la peine de consulter à chaque
étape de notre travail, certains ouvrages afin de mieux orienter nos
recherches.
En effet, les documents et ouvrages que nous avons eus
à lire ne relatent pas exactement les aspects du thème choisi.
Cependant, cette documentation nous a aidés à cerner le vrai
problème, à poser la problématique et à
appréhender les aspects du phénomène.
1.6.1. La fonction commerciale informelle de la
ville
La bibliographie consacrée à Lomé
insiste, à juste titre sur tout ce que la capitale togolaise doit
à son histoire commerciale. Il ne s'agit pas ici de revenir en
détail sur ce passé, bien connu, mais de l'évoquer
rapidement afin de situer dans l'histoire de la ville les dynamiques actuelles
des activités commerciales et, surtout informelles loméennes,
activités qui apparaissent aujourd'hui encore essentielles dans
l'économie de la capitale togolaise et qui, à différentes
échelles, s'insèrent dans l'espace urbain tout en contribuant,
dans le même temps, à le façonner.
Pour Steck (2007 : 97-120), on ne peut évoquer
Lomé sans insister sur l'importance de sa fonction commerciale. En effet
il semble nécessaire de chercher ici à comprendre quels sont les
liens qui, d'une part associent entre elles les activités commerciales
dans toutes leurs diversités, et d'autre part ces activités
commerciales et le fonctionnement quotidien de la ville elle-même. Ainsi,
l'importance de l'informel et singulièrement du commerce informel dans
l'économie urbaine renvoie certes à un schéma assez
classique dans la plupart des villes africaines, toutes plus ou moins
marquées par des situations de crise économique, sociale et
parfois politique.
Dans son étude plus axée sur le marché
d'Adawlato et ses environs il soutient que celui-ci est un symbole important du
dynamisme commercial, voire même de l'urbanité de la capitale
Togolaise.
Le commerce de la rue prend de plus en plus le pas sur
le commerce de marché stricto sensu. Dans le même ordre
d'idée, le 1er Juillet 2005, Edem Kodjo alors premier
ministre, prononçait à l'Assemblée nationale son discours
de politique générale et déclarait (dans l'ordre, mais
à différents moments du discours) :
« L'économie togolaise devient de plus en
plus souterraine et informelle. Nous ne pouvons pas construire un Etat moderne
ainsi » ; « nous devons dégager les
trottoirs pour les rendre aux piétons, cesser d'installer les points de
vente partout à même le sol, y compris face au cimetière.
Tous ceux qui ont des choses à vendre au bord de la route doivent les
vendre à domicile. Lomé ne peut devenir un immense
marché » Togo Presse, 4 Juillet 2005.
S'il est vrai que certaines remarques de ce discours sont
marquées du sceau du bon sens, leur traduction concrète
mérite une remarque. Les mesures de lutte contre la diffusion de ces
activités informelles dans les rues donnent lieu à des
développements plus précis, sans que leur applicabilité
soit assurée.
Par-dessus tout, le problème de l'occupation de
l'espace public est un véritable problème et tout le monde est
conscient..
En sommes, si l'informel apparaît comme un ensemble
d'activité économique avec lesquelles il faudrait compter, la
perception des limites de ces activités et des difficultés
gestionnaires qu'elles génèrent, notamment dans la gestion des
espaces urbains, semble prendre le dessus.
Deux grandes enquêtes permettent de se faire une
idée de l'importance de l'informelle à Lomé. La
première est une enquête de l'Unité de recherches
démographiques (URD) de l'Université de Lomé qui, à
partir de données remontant à 2000, aborde la question sous
l'angle démographique (URD 2000). L'autre est la très lourde
enquête 1-2-3 conduite pour le compte de l'Union économique et
monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 2001-2003 dans la plupart des
grandes villes de la sous région, Lomé inclus, dont l'approche
est plus économique.
Selon l'enquête 1-2-3, l'informel loméen
représente à lui seul presque 8 % du PIB national, ce qui est
loin d'être négligeable (l'informel sur le plan national
représenterait quant à lui entre 15 % (estimation enquête
1-2-3 2001-2003) et 25 % (URD 2000) du PIB togolais), malgré une
productivité très faible.
Au sein de cet informel, le commerce semble occuper une place
de choix : selon l'enquête 1-2-3, il représenterait 48,5 %
des entreprises informelles. Une troisième enquête, de 1996,
évalue quant à elle la part du commerce au sein de cette
population active informelle à 45 % (Enquête
socio-économique Lomé, 1996). Enfin, selon l'enquête
URD les femmes interrogées citent le commerce comme étant la
source principale de revenus du ménage dans 64-65 % des cas.
Cette importance de l'informel, et singulièrement du
commerce informel dans l'économie urbaine renvoie certes à un
schéma assez classique dans la plupart des villes africaines (Abidjan,
Cotonou, Bamako), toutes plus ou moins marquées par des situations de
crises économiques, sociales et parfois politiques que l'on pourrait
considérer, le temps passant, comme étant plus structurelles que
conjoncturelles. Elle ne peut toutefois être totalement isolée
d'une histoire urbaine singulière qui associe de longue date la
destinée de la principale ville togolaise au commerce.
Cette identité urbaine commerciale semble perdurer et
se traduit encore aujourd'hui par la formidable attractivité de la
ville : on vient certes s'approvisionner mais aussi y travailler.
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