Les relations entre la république démocratique du Congo et ses voisins après l'avènement de l'AFDL ( Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Contraintes des enjeux géostratégiques et recherche d'une paix durable( Télécharger le fichier original )par Fulgence ALITRI TANDEMA Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études approfondies en droits de l'homme, Option: prévention, médiation et gestion des conflits 2005 |
§5. Le deuxième coup d'EtatDans la nuit du 24 au 25 novembre 1965, Mobutu fait un autre coup d'Etat. Cette fois- ci pour rester aussi longtemps que possible, protégé par l'Occident. Contrairement à ce qui a souvent été dit, c'est donc sans l'aval explicite et le soutien de Washington que Mobutu a pris le pouvoir la deuxième fois.66(*) Ce qui est vrai, Mobutu avait beaucoup d'estime pour le chef de la CIA Larry Devlin. Or, le besoin de trouver un allié idéal pour le Congo se posait impérieusement et face à ce coup d'Etat, le choix du chef de la CIA était clair. Par conséquent, Mobutu lui-même estime que son heure a sonné et se fait nommer chef de l'Etat. Le pays était détruit et qu'il fut forcé d'intervenir pour assurer sa pacification. En réalité, le pouvoir central avait déjà assis son autorité. Si Mobutu s'est décidé à revenir à l'avant-scène, c'était pour une autre raison, un agenda caché. C'est pour enrayer un centrage opéré par le Président Kasa-vubu qui entendait que son pays reprenne place au sein de l'Afrique non alignée, alors que les Américains avaient au contraire choisi de faire du Congo une tête de pont de la lutte anticommuniste.67(*) Comme disait un nationaliste, être au service des intérêts étrangers au détriment de siens que c'était le début du malheur du Congo. Avec le coup d'Etat de Mobutu, la CIA va, très rapidement, monter dans le train en marche. Larry Devlin se précipite au camp des putschistes, s'introduit dans le bureau de Mobutu et se fait remettre la liste manuscrite du nouveau gouvernement. Il buffet deux noms et pousse un soupir de soulagement en lisant ceux de Bomboko, Nendaka et Albert Ndele (gouverneur de la Banque centrale) maintenus à leurs postes. Puis, utilisant le téléphone personnel de Mobutu, il appelle son bureau et dicte son rapport pour Langley. En plaçant la CIA devant le fait accompli, le nouveau maître du Congo a réussi un coup de maître : en pleine guerre froide, il venait de faire des Américains les prisonniers de son propre destin.68(*) Désormais un mariage indissoluble entre Mobutu et la CIA est contracté. Entre Mobutu et la CIA, c'est désormais à la vie à la mort, dans tous les sens du terme. Très vite, les amis Américains se substituent aux relations belges du jeune colonel. Pour la Belgique la solidarité avec les Américains est automatique : elle définit presque consubstantiellement la politique extérieure de la Belgique.69(*) Ainsi s'est réalisé l'avenir du Congo et de l'Afrique centrale et pourquoi pas de l'Afrique en général. Les années 1960 constituent la période de décolonisation de l'Afrique ; ce processus se réalise en pleine crise où le monde est divisé en deux blocs représentés par les Etats-Unis d'une part et l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques d'autre part. Ce conflit est appelé la guerre froide et aura beaucoup influences sur les pays africains. * 66Idem * 67 Op. cit. p. 41 * 68Ibidem * 69 Colette BRAECKMAN, op. cit. p. 281 |
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