4.2.2. Qualité
d'exploitation
Selon Tchatat et Ndoyé (1999), l'exploitation de
l'écorce de P. africana comme celle de la plupart des organes
végétatifs peut avoir une répercussion sur la plante et
sur l'écosystème ; la gravité de cet impact dépend
de la technique de prélèvement et de la quantité
d'écorce récoltée.
4.2.2.1. Technique de
prélèvement
Jadis, les arbres étaient totalement
décapés ou abattus sans même respecter le diamètre
minimal d'exploitabilité fixé à 30 cm. Les analyses des
données d'inventaire réalisé par MIPELDA ont relevé
que sur 1290 tiges d'avenir, 26 soit 2,01% avaient été
exploitées.
Certaines études ont mis en évidence les
mauvaises pratiques d'écorçage dans la zone du Mont Cameroun.
Ewusi et al. (1996) ont montré que sur un
échantillonnage de 127 arbres, 61% avaient été totalement
écorcés, 1,6% avaient été abattus et seulement 10%
n'avaient pas été exploités. Dibobé et al.
(1999), lors d'un monitoring à Mapanja, ont trouvé que sur
67 arbres échantillonnés, 55 étaient abattus, 9
étaient complètement écorcés et 3 seulement
étaient récoltés de façon durable. Le rapport de
l'inventaire de l'ONADEF (1997) a révélé que 40% des tiges
exploitables avaient été excessivement écorcées.
L'inventaire de 1999, réalisé selon la méthodologie
Adaptive Cluster Sampling (ACS), a montré que 44% des arbres avaient
été tués par abattage et 36% par des mauvaises pratiques
de récolte. Les études menées par Tassé (2006) dans
la zone de Bokwaongo-Mapanja ont relevé que 30,15% des arbres ont
été complètement écorcés, 3,51% ont les
fûts totalement écorcés, environ 10% ont été
abattus avant l'exploitation et 50% des arbres n'ayant pas encore atteint les
dimensions exploitables (DME = 30cm), ont été
récoltés suivant les différentes pratiques
d'écorçage.
Depuis la levée de la suspension de l'exploitation de
P. africana au Cameroun, des mesures ont été prises par
le MINFOF, les services du parc, PSMNR-SWR et ProPSFE afin de s'assurer que les
méthodes d'exploitation durable prescrites par la réglementation
en vigueur soient respectées par les récolteurs. C'est ainsi que
tous les récolteurs sont sensibilisés et formés sur les
méthodes d'écorçage appropriées (2/4 et 4/8). A la
fin de la formation, les récolteurs méritant reçoivent un
certificat de formation qui leur permet d'exercer. Cependant, en cas de non
respect de ces normes, le certificat de récolte du responsable lui est
retiré. En plus, le système de contrôle des
activités d'exploitation est efficace. Les visites de
vérification trimestrielles et parfois inopinées sont
effectuées au sein du parc par les agents des différentes parties
prenantes.
C'est ainsi que lors du monitoring, on s'est rendu compte que
la qualité de l'écorçage s'est beaucoup
améliorée au point que les pratiques destructives ont presque
disparu. Les résultats du monitoring réalisé lors de cette
étude indiquent que sur 522 arbres inventoriés 87% ont bien
été exploités tout en respectant le DME fixé
à 30 cm. Les méthodes destructrices telles que l'abattage et
l'écorçage total qui étaient identifiées comme
récurrentes et permanentes dans le site du Mont Cameroun ne sont plus
pratiqués. On pourrait penser que l'exploitation anarchique et
destructrice de P. africana a été rompue dans la zone.
L'exploitation actuelle ne met donc pas en péril la reconstitution de la
ressource.
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